[Terminée] Shéhérazade's back ♥

L’indépendance est le leitmotiv de sa vie.
La liberté est la musique qui rythme ses pas jour après jour, l’oxygène qui lui permet de ne pas suffoquer. L’en privée reviendrait à l’étouffer, la faire fuir petit à petit. Elle n’est pas faite pour vivre sous les contraintes incessantes des uns et des autres.
Sa douceur n’a d’égale que son courroux si l’on en vient à tenter de l’attacher à quelconque obligation. Il ne faut point se laisser abuser par ses doux sourires et ses gestes aussi amicaux que tendres. Croire en la voyant ainsi qu’il ne s’agit que d’une pauvre demoiselle sans défense serait une erreur. Ce n’est pas ce qu’elle est, ce n’est plus ce qu’elle est.
Grand rêveuse, elle aime fuir cette réalité formée autour d’elle en se plongeant dans ces mondes qu’elle écrit elle-même. Peut-être cette passion peut-elle s’apparenter à une drogue chez elle. Elle en a simplement besoin pour ne pas avoir cette sensation d’étouffer dans sa vie une nouvelle fois.
Bien sûr que cela ne se voit pas, car elle tente par tous les moyens de le cacher au monde entier, mais elle est assez craintive dans le fond. C’est une part d’elle-même dont elle ne saura probablement jamais se défaire. Une cicatrice à jamais ancrée en elle.

Avant la malédiction

Elle s’était efforcée d’être forte, ce jour-là.
Ce fût difficile. Les cauchemars ont hantés ses nuits, par la suite. Mais elle en avait besoin. Elle avait eu besoin de voir l’horreur de ses propres yeux pour se donner le courage d’agir. Personne n’aurait jamais dû avoir à assister à une exécution de la sorte. Et pourtant, ce n’était pas la première. Ce ne serait pas non plus la dernière.
Quelqu’un devait faire cesser tout cela. N’importe qui. Elle.
La peur rongeait tout son être, et pourtant c’est calme et sereine qu’elle avait exposé ses idées à sa cadette. La simple idée qu’elle aurait pu, à son tour, devenir la femme de cet immonde tyran lui donnait la force qui risquait parfois de lui manquer. Et, alors qu’elle lui souriait en notant ses idées, elle se disait, parfois, qu’elle ne reverrait peut-être jamais sa sœur.

Elle s’était efforcée d’être forte, ce jour-là.
Tout avait été mis en place de façon minutieuse. Vu et revu pour s’assurer de la perfection du plan, qui ne tenait pourtant qu’à un fil. Elle y croyait, elle se sentait forte. Mais le plus difficile fut sans doute d’annoncer à son père, Vizir de son état, qu’elle désirait être la prochaine épouse du roi. Sans jamais mentionner son plan.
Il ne devait pas être au courant. Cela aurait pu mettre le plan en péril. La vie de sa famille également.
Il est difficile de contrôler ses tremblements dans l’étreinte aimante d’un père qui s’inquiète pour son enfant. Pourtant elle l’a fait. Fière et forte, elle a suivi ses convictions dans un monde peut-être trop dur pour une jeune femme comme elle. Et c’est avec un dernier sourire pour les membres de sa famille qu’elle s’est finalement, un soir, jetée littéralement dans la gueule du lion affamé.

Elle s’était efforcée d’être forte, ce jour-là.
Il lui fut difficile de se tenir dans la même pièce que lui, de considérée être la « femme » de ce qui était pour elle un meurtrier de masse. Mais encore une fois elle se devait être forte. Et une pensée pour sa famille lui redonnait à chaque instant ce courage dont elle avait tant besoin.
Son plan allait commencer. Il allait fonctionner. Il le fallait.
Déterminée, elle s’était lancée dans un premier récit, un soir. Calculant minutieusement ses mots, son temps, elle s’était arrangée pour ne pas avoir terminée l’histoire au petit matin. Avec succès. Et ainsi les nuits s’étaient enchaînées au même rythme que ses histoires. Mille. Mille et une…
Et finalement tout s’était arrêté.
Un nuage de fumée noire emporta tout.
Et ce fut le néant.

Pendant la malédiction

Ses faux souvenirs n’ont pas eu la clémence de lui offrir une vie plus douce que celle qu’elle n’avait eu lorsqu’elle était Reine de Perse. Bien sûr, son enfance fût tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Des parents aimants, comme tous parents. Des amis, des amours d’adolescence.
Et finalement celui que l’on pense être le bon, avec qui l’on s’installe malgré les mises en garde de tout son entourage.
La pire erreur de sa vie.
Elle s’était sentie comme l’un de ces clichés, pendant longtemps. La femme qui se dit qu’elle n’avait jamais vu l’homme qu’elle aimait de la sorte. La femme qui se dit qu’elle ne le connaissait peut-être pas si bien que ça. Qui se dit qu’il était un bon comédien jusque-là.
Elle ne sortait plus, elle ne voyait plus personne. Ne parlait à presque plus personne. Prétendait que tout allait bien lorsque l’on se perdait à lui téléphoner. Mais c’était faux, tout était faux. En réalité elle n’a jamais connu d’année plus malheureuse.
C’était une évidence qu’elle s’enfuirait un jour. Dès qu’elle en aurait le courage.
Elle avait attendu le vendredi. Elle savait qu’il rentrait plus tard le vendredi. Sans jamais n’avoir cherché à savoir pourquoi. Cela lui était bien égal. Lorsqu’il rentra, ce vendredi, Opale Neil n’était plus là. Pourtant, d’aussi loin qu’elle était, elle aurait presque pu entendre son cri de rage.
Bien décidée à prendre un nouveau départ, c’est dans un petit village du nom de Storybrooke qu’elle s’est installée par la suite, devenant écrivain pour fuir cette réalité parfois trop dure, et subvenir à ses besoins.