[Terminée] Bouh × Not a child anymore

Je ne ressemble plus en rien à cette petite fille que j’ai jadis été.
L’enfant joueuse et rêveuse n’existe plus. C’est presque comme si elle n’avait jamais existée. Elle a été enfermée, étouffée dans son œuf d’insouciance.  J’ai rêvé et j’ai cru à de nombreuses choses. J’y crois encore. Mais les mots n’expriment plus rien, ils m’ont déjà bien assez pris. Les autres ne s’approchent plus, je m’en assure. Je les regarde de haut et je les snobe. Je ne veux plus de contact avec un monde qui ne me comprend plus, qui me croit folle.
L’amitié me manque, l’amour aussi. Mais c’est presque déjà trop tard pour moi. Je suis blessée, mutilée. La confiance n’existe plus, elle a laissé place à une méfiance telle que je ne suis capable de croire en autrui. Pas en étant moi-même, sincère et honnête.
Je me sens perdue, j’ai besoin de réponses. Je veux m’assurer que je ne suis pas folle, comme ils le disent tous. J’ai besoin de voir, de comprendre. J’ai besoin de les revoir. Et je me suis assurée d’avoir toutes les cartes en main pour ça. Je suis déterminée, je ne lâcherais pas l’affaire.
Jamais.
J’ai besoin de ça.

Shut up and listen to me

Face au regard septique qui se dresse devant moi, je ne peux que soupirer. J’ignore ce qui m’a fait penser que, peut-être, cette fois serait différente. C’est peut-être à ce moment que j’ai réalisé, du haut de mes dix-sept ans, que je ne serais véritablement jamais prise au sérieux, que l’on me regarderait toujours avec ces yeux la lorsque je raconterais mon histoire. L’histoire de la petite fille devenue amie avec les monstres de son placard.

Le monde ne comprend pas. Il ne comprend rien. Il ne comprendra jamais. Le monde pense que je suis une enfant en manque d’attention, une enfant à problème qui cherche à ce que l’on s’occupe d’elle.
Le monde se trompe.
L’histoire que je raconte n’est pas le fruit de mon imagination. Je sais ce que j’ai vécu. Je le sais et pourtant je doute parfois. Je doute de moi, je doute de tout. Puis je repense à toute cette aventure et je me dis que jamais je n’aurais pu inventer tout ça.
Cet horrible monstre araignée, et le caméléon. J’en frissonne lorsque je repense à eux. Et mes deux amis, qui m’ont sauvé. Ils me manquent.
J’ai toujours un moment d’hésitation en ouvrant la porte de mon placard. Mais ce monde ne s’est jamais plus ouvert à moi. Quelle ingratitude. A chaque fois je leur en veux un peu plus de m’avoir oubliée, alors que je n’ai jamais cessé de penser à eux.

L’histoire n’a jamais plus été évoquée, depuis ce fameux jour lors de mes dix-sept ans. Je me suis éloignée et je n’ai plus jamais parlé de tout ça. J’ai simplement prétexté sue les psychologues que j’ai vus avaient raison, et que je ne chercherais plus à me faire remarquer. Je me suis voilée. Je me suis créer une carapace qui s’est renforcée au fil des années. Je me suis éloignée de ce monde. Je suis restée solitaire quelques années. Et finalement je suis partie de la maison. J’ai disparut, j’ai trouvé un petit travail et un petit appartement très loin d’ici. Je ne voulais plus de cette vie ou l’on me regardait comme une folle, une crieuse au loup.

Don't break my heart again

A regret, j’ai quitté ma douce Angleterre et ses pluies rassurantes. J’ai changé de continent, c’était presque comme changer de monde. Mais c’était nécessaire. C’était vraiment ô combien nécessaire. J’ai démarré une nouvelle vie là où personne ne me connaissait, et malgré ma solitude je me suis sentie comme revivre. J’avais tourné une page et dis adieu à ce mon qui me prenait pour une folle, une idiote cherchant seulement à attirer l’attention.

J’ai enchaîné les petits boulots pour payer le loyer de mon minable appartement. Pourtant je m’y sentais bien mieux que dans l’immense bâtisse luxueuse de mes parents. Un foyer sans amour, ce n’est pas un véritable foyer. Je l’ai constaté quand j’ai disparut sans jamais recevoir un appel de leur part. Jamais. Qu’importe. Tout était mieux ainsi. J’ai cherché à m’en persuadé durant toute ma vie là-bas. Mais je n’y suis pas restée. Et avec le recul, je réalise ma chance de ne pas être restée dans cet endroit miteux. Ce n’était pas un environnement sain.

Rien n’était prévu. Rien de tout cela n’aurait pu l’être. Cet homme attendait, chez moi, à la fin de mon service dans un café du coin. Et si dans un premier lieu j’ai tenté de le faire dégager –autant par la force que par les menaces et les insultes- une seule phrase m’a faite totalement changer d’avis.

« Je vous crois. »

D’une façon ou d’une autre, il avait enquêté, il avait appris. Il savait et il me croyait. Je me suis assise et j’ai écouté son histoire jusqu’au bout. Une histoire qui avait du sens. Une histoire qui s’était terminée par une offre d’emploi. Bien payée. Bien mieux que tous mes petits jobs réunis. Alors j’ai accepté. Non pas que je croyais en sa cause –bien au contraire. Mais c’était, de façon totalement  objective, le meilleur moyen d’atteindre mon but et de me prouver que je n’étais pas folle. Rien ne m’empêchait de tout laisser tomber une fois mon objectif atteint, après tout. Bien sûr, j’ai conscience que ce sera compliqué, encore aujourd’hui.
Mais j’ai saisi ma chance. Ma seule chance.

Les missions se sont enchaînées sans trop de problèmes. Un partenaire m’a été attribué et je dois avouer que travailler avec lui a été…à la fois enrichissant mais aussi très amusant. Il connait mon passé et je connais le sien. Nous nous faisons confiance, presque aveuglément. Et nous avons les mêmes objectifs pour ce qui est la suite de notre « projet professionnel ».
Nous avons été séparés quelques temps. Jusqu’à ce qu’on me demande finalement de venir lui prêter main forte sur sa mission actuelle.
A Storybrooke.