Étrange rencontre... [PV Scarlett]

Étrange rencontre...

L’été était arrivé et avec lui, le retour des clients. Le magasin d’Ingrid avait toujours un certain succès, même en plein hiver et au final, les habitants de la ville avaient réussi à passer outre leurs ressentiments envers ce qu’elle avait causé à l’automne dernier. Peut-être parce que malgré toute la colère du monde, ils étaient bien obligés d’admettre que ses glaces étaient les meilleures de la ville…

Quoi qu’il en soit, la journée de travail venait de se terminer. Luna, sa chienne, à ses côté, Ingrid était entrain de fermer quand une petite rouquine apparut au coin de la rue, se précipitant vers elle. Le choc fut inévitable et Ingrid manqua de grommeler contre cette maladroite mais quelque chose l’en empêcha. Sans doute le fait que la jeune femme était déjà entrain de s’excuser et qu’elle lui tendait la main pour se relever…

- Ça va, ce n’est rien… Mais vous devriez faire plus attention. Répondit-elle malgré tout aux excuses de la jeune rousse. Vous alliez où pour être aussi pressée ? Demanda-t-elle, sa curiosité reprenant le dessus.

Ce n’était pas tous les jours qu’Ingrid se faisait bousculer ainsi… Et ce n’était pas tous les jours non plus qu’elle tombait sur quelqu’un qui n’avait pas envie de lui sauter à la gorge. Ça changeait et cela lui faisait du bien…

Étrange rencontre...

S’il y avait quelque chose qu’Ingrid n’appréciait pas, c’était de voir une femme en mode soumise. C’était une attitude qui la révoltait. Alors quand la jeune femme qui venait de la bousculer lui tendit les mains pour l’aider sans même la regarder, Ingrid grinça des dents. Soit c’était une attitude de soumission qu’on lui avait appris, soit c’était parce qu’elle savait qui elle était et ce qu’elle avait fait l’an passé. Quoi qu’il en soit, cela l’agaçait prodigieusement.

- C’est normal votre façon de détourner le regard ? Demanda-t-elle un peu sèchement.

Elle avait l’habitude de ne pas être appréciée, mais à ce point-là, c’était énorme. Et blessant aussi. Ingrid s’étonna du petit gémissement de la rouquine et de cette espèce de conversation qu’elle semblait avoir avec Luna. Et du regard qu’elle planta dans ses yeux lorsque la commerçante lui parla. Puis elle lui expliqua la raison de son allure infernale. Ne pas arriver en retard pour venir manger une glace chez elle. Étonnant. Et plus encore son attitude envers Luna. Quand sa chienne se mit sur le dos, montrant sa confiance envers la rousse, la blonde soupira.

- Venez avec moi… Je vous offre une glace. Dit-elle en souriant légèrement. Vous avez de la chance d’être tombée sur moi alors que je venais à peine de fermer la boutique. Ajouta-t-elle sans perdre son sourire.

C’était bien la première fois qu’on mettait autant d’empressement à venir la voir. Certes, Storybrooke était entrain d’oublier les événements qu’elle avait causé, mais cela étonnait grandement. Pour la peine, elle pouvait bien offrir une glace non ?

Étrange rencontre...

Visiblement, Ingrid s’était trompée et il existait une troisième option pour expliquer le regard fuyant de la jeune femme et cela n’avait rien à voir avec un comportement qu’on lui aurait appris ou avec ce que la magicienne avait fait l’an passé… Non, là, il s’agissait tout simplement de son ancienne nature. Et la blonde ne savait pas si c’était une bonne ou une mauvaise chose… Elle acceptait quand Luna baissait les yeux parce qu’elle la grondait, mais pour le reste, elle préférait pouvoir voir les yeux de son animal…

- Vous deviez être un animal assez docile alors… Supposa-t-elle. Quoi qu’il en soit, avec moi, pas besoin de baisser les yeux. J’ai horreur de ça. Avoua-t-elle.

Parce qu’elle n’avait jamais apprécié de voir les gens mal à l’aise. Sans doute parce qu’elle-même avait eu ce genre de comportement durant longtemps avec ses pouvoirs… Si à l’époque elle ne s’acceptait pas comme elle était, Ingrid avait changé par la suite et avait cessé de baisser les yeux. C’était une attitude qui lui semblait tout à fait normale et qu’elle voulait voir chez les autres.

- Menthe-chocolat, bon choix. Sourit-elle. Ne vous excusez pas ainsi à tout bout de champs… Soupira-t-elle. Vous avez raison de vous emballer pour votre passion, c’est une saine attitude. Expliqua-t-elle. Je ne vois aucune bêtise faite… Ajouta-t-elle. Donc la sociologie d’après-guerre… Je vous avoue que j’ai un peu de mal à comprendre… Je n’ai jamais connu la guerre. Avoua-t-elle. Mon pays était assez serein…

La seule chose qui aurait pu rompre l’équilibre, c’était elle-même, mais cela, Ingrid n’en parla pas. Parce que par le passé, elle avait fait en sorte de ne plus être associée à la couronne. Du moins avait-elle essayé, ça n’avait pas fonctionné avec tout le monde… La magicienne soupira intérieurement avant de servir deux boules de glace généreuses à la jeune femme.

- Je vous rajoute de la chantilly et des smarties dessus ? Proposa-t-elle.

En général les gourmands adoraient le mélange, mais elle n’avait rien contre les puristes qui se contentaient de la saveur de la glace seulement. Ingrid elle-même en était de temps en temps…

Étrange rencontre...

Cette jeune femme était bizarre… Ingrid n’était pas très portée sur le fait d’ouvrir de nouveau la boutique alors qu’elle venait de fermer, mais pour cette jeune femme, elle l’avait fait sans hésitation. Sans doute que son attitude et son envie clairement voyante d’avoir une glace de chez elle avait attendri la magicienne. En tout cas, la blonde avait commencé son art, y mettant peut-être un peu plus de soin qu’habituellement, tout en écoutant la jeune femme lui parler avec passion de ses études.

- Il ne faut jamais s’excuser de faire ce que l’on aime… Dit-elle en souriant. Le plaisir des gens… Quand je vends des glaces, personne ne me craint pour ma magie. Au contraire, je peux l’utiliser pour faire plaisir aux gens et j’adore voir les yeux des enfants pétiller quand ils font la queue avec leurs parents ou quand ils ont leur glace en main. Ce regard, c’est quelque chose que je tiens à protéger, à préserver dans le temps et ce commerce m’y aide. Expliqua-t-elle avec un sourire très doux. Pardon. Je crois que ce coup-ci, c’est moi qui aies trop parlé. Taquina-t-elle la jeune femme.

C’était si simple de discuter avec elle… Ingrid n’avait pas trouvé un instant aussi simple et agréable depuis très longtemps. Même avec ses sœurs, cela n’avait pas été aussi détendu. C’était très étrange donc de ressentir cette espèce de paix en compagnie de cette inconnue…