"Ever dance within the pale moonlight ? " feat arsidus et canelle

Ever dance within the pale moonlight ?

Le Moonlight Palace Hotel ; un monde d'opulence où les riches se donnaient à coeur joie. Un peu comme s'ils n'avaient aucunement pris en compte le fait que le temps s'était remis à avancer le jour où la malédiction s'était levée, et qu'ils ne cessaient de vivre et d'agir comme si la même journée se déroulait encore et encore, comme ce fut le cas sous la malédiction. Bien sûr, tous les résidants de cet hôtel étaient en quelque sorte des faux riches, comme tout le monde leurs souvenirs de fortune gagnée au péril de leur sueur ou par simple héritage n'étaient que des chiffres inscrits sur leur compte en banque au moment où le Sort Noir avait commencé. Mais la survie de Storybrooke pendant les vingt-huit années de malédiction était un mystère encore entier,, puisque cette ville n'existait techniquement pas aux yeux du reste du monde, ainsi que tous ses habitants ; mais ça n'était pas vraiment ce qui intéressait le plus Canelle dans cette ambiance étrange qui régnait en permanence.

Non, elle ce qu'elle appréciait particulièrement, c'était le milieu, tout simplement ; elle l'avait vécu dans ses faux souvenirs, et elle n'avait pas la moindre intention de lâcher la prise qu'elle avait sur ceux qui seraient potentiellement les puissants du monde réel. Dans son uniforme révélateur de féminité, elle zigzagait entre les tables avec aisance, prenant les commandes avec son petit sourire si adorable d'extérieur, sans que personne ne se doute qu'elle se servait allégrement dans les émotions et les états d'esprit des gens autour d'elle. La plupart des habitants du palace vivait dans une allégresse presque permanente, pouvant se permettre d'agir sans conséquences et se faisant ainsi plaisir, créant pour Canelle une sorte de buffet gratuit en matière d'émotions positives, le plan parfait pour recharger ses batteries dès qu'elle y mettait les pieds. C'était presque trop facile, à vrai dire. Et l'avantage était qu'ainsi elle se sentait constamment de bonne humeur, prenant son boulot très au sérieux et étant ainsi constamment complimentée par autant les clients que les patrons, sans que personne ne se doute qu'ils étaient en réalité les victimes de la vanité de ce qui n'apparaissait comme n'étant qu'une serveuse de bas-étage sans importance.

C'était une de ces nuits de travail comme les autres où Canelle s'amusait des regards qu'on pouvait porter sur elle, virevoltant avec sa dextérité habituelle entre les commandes, les livraisons de plats et les commentaires parfois salaces, parfois sincères de ceux qui pouvaient lui adresser la parole. Elle faisait malgré tout bien attention de ne drainer personne de son énergie positive, car après tout, se retrouver avec un client mécontent ou même amorphe ça donnait une mauvaise image ; alors sélectionnait-elle avec soin ceux qu'elle dépecait de leurs bons sentiments, jusqu'à remarquer qu'un individu en particulier ne semblait pas partager l'allégresse de la salle pleine -comme presque tous les soirs.

C'était un homme solitaire qui revêtait un calme presque olympien dans un coin de la pièce, stratégiquement placé entre la foule et les zones vides de la salle comme pour ne pas se faire remarquer ; Canelle s'étonna d'abord du fait qu'elle n'avait encore jamais vu son visage, mais ne se méfia pas au-delà, se disant que c'était peut-être un excentrique, ou alors un curieux de la ville venu découvrir ce monde étrange qu'était le Moonlight Palace. Et puis, il avait cette manière d'avoir les yeux fixés dans sa direction alors qu'elle prenait la commande d'une riche héritière, au point que la jeune femme blonde lui adressa un sourire en coin, alors que sa cliente se faisait appeler pour un coup de téléphone. Se dirigeant d'un pas assuré vers l'inconnu, tout en conservant sur son visage cet air si mignon de petite femme blonde, elle l'interpella d'une voix douce et mélodieuse.

« Excusez-moi, bonjour ! Je n'ai pas pu m'empêcher de vous remarquer, je ne sais pas si vous essayiez d'attirer mon attention mais du coup la question s'impose... Est-ce que quelqu'un est venu prendre votre commande ? Ce serait dommage de vous faire attendre plus longtemps si vous n'êtes pas encore servi ! La salle est très pleine mais nous tenons à coeur de satisfaire tous nos clients le plus rapidement possible et de la meilleure manière possible. »

Elle pencha la tête légèrement sur le côté, bien qu'elle était curieuse de ne ressentir en lui qu'un calme olympien, contrastant avec la bonne humeur générale, mais aussi quelque part une sorte de désir brûlant et intense, quelque chose que Canelle ne put s'empêcher de prendre pour elle...

Ever dance within the pale moonlight ?

Arsidus et Canelle possédaient un étrange point commun dont aucun n'avait pour l'heure conscience : ils aimaient tous les deux déposséder les gens de ce qui leur appartenait. La différence entre eux était la nature de ce qu'il prenait ; l'un se servait allègrement dans les richesses, parvenant toujours à s'en sortir avec sa dextérité de gentleman cambrioleur, tandis que l'autre leur volait leurs émotions sans qu'aucun être ne s'en rende compte, hormis peut-être une petite fatigue passagère qu'ils mettaient sur le compte d'avoir fait la fête sans cesse, du moins dans le contexte du Moonlight Palace.

Mais pour l'heure, ça n'était pas vraiment des points communs qu'elle cherchait avec cet homme, non ; et elle ne fit que froncer les sourcils lorsqu'il l'envoya presque paître avec une douceur d'homme civilisé, prétextant l'absence de son rencard pour justifier un départ aussi précipité. Elle se tourna d'un geste dansant en même temps qu'il se levait pour s'éloigner, un petit sourire sur les lèvres lorsqu'elle sentit une pointe de regret envahir le bel homme de laisser ainsi en plan une aussi belle créature qu'elle ; elle devait reconnaître qu'il était à croquer, et s'il avait été plus docile elle n'aurait certainement pas hésité à en profiter plus longtemps. Alors le laissa-t-elle partir d'un petit haussement d'épaules, son sourire d'adorable jeune femme toujours imprimé sur ses lèvres en allant aborder un autre client qui semblait quémander sa présence.

Ainsi se retourna-t-elle surprise, lorsque l'incident eut lieu à quelques pas d'elle ; l'homme qu'elle avait abordé un peu plus tôt, qui semblait si pressé, venait de rattraper la jeune héritière avant de lui rendre vraisemblablement son collier, mais la jeune dame s'exclama presque dans la seconde que ce n'était pas son collier, haussant un sourcil, Canelle se dit cependant que l'un de ses collègues de la sécurité irait jeter son grain de sel dans cette histoire, reprenant son travail en gardant prudemment un oeil du côté de l'héritière. Et grand bien lui en fasse ; car un instant plus tard, alors qu'elle se dirigeait vers les cuisines, elle se retrouva soudainement entourée par les gorilles de la demoiselle et cette dernière, furibonde, la pointa du doigt en l'accusant d'une voix forte.

« Voleuse ! Vous avez pris mon collier, je sais que c'est vous ! Je l'avais encore il y a deux minutes à peine à table, et celui-ci est un faux, j'en suis certaine ! »

La jeune femme planta le faux collier sous le nez de Canelle, qui restait bouche bée, feignant la surprise la plus totale tout en analysant naturellement les émotions qui l'entouraient ; une colère noire, et deux gorilles pas vraiment de meilleure humeur même s'ils semblaient plus... exaspérés, peut-être par la tendance de l'héritière à piquer des colères pour pas grand chose. Alors, Canelle s'inclina légèrement devant la dame, commençant sans que cela ne soit perceptible à absorber toute la colère dont elle était capable, prononçant d'une voix douce :

« Madame, vous me voyez vraiment désolée pour la disparition de votre collier. Cependant, je vous assure que je ne suis en aucun cas responsable de celle-ci... Vous pouvez me fouiller si cela vous rassurerais, mais cela ne pourrait que faire gagner du temps au véritable voleur. Vous me croyez, n'est-ce pas ? »

Elle prit un air semi-affligé, semi-attristé, voyant la colère sur le visage de son interlocutrice s'amenuiser à chacun de ses mots, jusqu'à ce qu'elle ne ressemble plus qu'à une coquille vide et confuse, le bras toujours levé, la main toujours autour du faux-collier mais tenant ce dernier plus mollement désormais.

« Oui, enfin... Il ne peut pas s'être envolé ! » Elle semblait confuse d'être devenue aussi calme si rapidement, et Canelle en profita pour surenchérir aussitôt, alors que les gorilles eurent un mouvement dans sa direction, retenu seulement pas un signe de la main de leur patronne : « Êtes-vous certaine que ce n'est pas votre collier, si je puis me permettre la question ? Comme vous le dîtes, le vrai n'a pas pu disparaître si facilement. Retracez vos pas, je vous en prie... Ne serait-il pas tombé entre de mauvaises mains lors de votre bousculade ? »

L'héritière battit des paupières, et Canelle s'en satisfait alors qu'en elle-même se battaient des émotions diverses ; la colère absorbée, elle allait bien devoir la mettre quelque part si elle ne voulait pas la ressentir elle même... Elle n'était qu'un miroir d'émotions, après tout, elle ne pouvait que les réfléchir, ou les absorber, les amenuiser ou les amplifier, et non pas les créer. Alors s'efforça-t-elle de rejeter la colère en la dispersant où bon lui semblait, essayant de la répartir comme de la confiture sur du pain pour éviter que quelqu'un d'autre ne se mette en colère ; et même si cela signifiait faire plonger la salle dans une ambiance plus électrique qu'auparavant, elle s'en fichait, tant qu'elle parvenait à sortir de cette situation très délicate.

« Vous avez peut-être raison... Mais qui peut donc l'avoir pris ? » Canelle sourit avec douceur ; elle avait sa petite idée, même si ça n'était que pure théorie à l'heure actuelle. « Madame, je vais retrouver le voleur. En attendant, je vous en pries ; asseyez-vous à notre meilleure table, et profitez de votre soirée ! Très vite vous aurez tout oublié de cette histoire. D'accord ? »

Les gorilles ne semblaient que peu convaincues, mais Canelle s'amusait bien trop à nuancer les émotions de l'héritière ; il y avait tellement de monde autour de la jeune serveuse qu'elle avait largement de quoi faire, et plus vite qu'il n'y paraissait, l'héritière se retrouva à la meilleure table du restaurant, buvant quelques verres d'alcool qui la ferait bientôt "oublier" toute cette histoire, pendant que Canelle se mit en tête de "retrouver le voleur". Oui, elle avait bien dit qu'elle le retrouverait ; ça ne voulait pas dire qu'elle avait l'intention de l'arrêter, ou même de ramener le collier... ça, ça allait dépendre de lui. Cet homme seul à table qui avait été si pressé de lui dire au revoir. Qui avait rattrape l'héritière, et rendu le collier -le fameux collier qui se trouvait être un faux.

Oh, peut-être avait-elle tort, peut-être était-il un homme rempli de bonnes intentions ; mais compte tenu du fait qu'il était le seul avec le serveur à avoir approché la dame dans ce laps de temps, et qu'elle connaissait le serveur, étant son collègue, et le savait bien trop maladroit pour faire ce genre de tour, il n'était pas trop difficile d'en déduire que l'homme avait quelque chose à voir là-dedans. Surtout qu'il avait émis un désir puissant lorsqu'elle l'avait abordé la première fois, et même si elle n'aimait pas trop l'idée que ce désir ne fut pas pour elle, il devait bien être pour quelque chose... comme un collier d'une valeur inestimable.

Ne restait plus qu'à le retrouver ; elle était presque sûre de l'avoir vu filer par une entrée latérale, même s'il avait conservé l'air de quelqu'un s'en allant simplement après avoir été laissé pour compte par son rencard....