C'est vraiment toi ? (ft. Anthony Scarecrow)

Etre un humain, c'était vraiment une sacrée aventure. Il n'avait jamais remarqué ça auparavant. Fallait dire qu'à Oz, on n'en croisait pas beaucoup des humains. Quoi que... Il disait ça, mais en fait, il ne lui avait fallait que deux jours de vie accroché à un banal piquet dans un champ pour en croiser une. Comment pouvait-il savoir alors qu'Oz n'avait pas beaucoup d'humains ? Tout simplement parce que ses créateurs, ces chers fermiers Munchkins en parlaient non loin de lui... Sans doute. Enfin bref, maintenant qu'il était humain, Anthony expérimentait la chance, ou malchance de posséder des pieds avec des orteils sensibles. Très sensibles.

Et du coup pour protéger ces orteils, rien de mieux que de porter une bonne paire de chaussures. Il s'était toujours demandé pourquoi diable son amie Dorothy se trimballait avec des machins bidules à paillette aux pieds. Maintenant, il avait enfin la réponse. Et visiblement, comme les vêtements, il était important de les renouveler ces bêtes-là ! Quelle chance qu'il y avait comme par hasard une boutique non loin. Enfilant son costume bleu que son ami dont son ami Jack ne semblait pas apprécier la couleur d'ailleurs, il se précipita empli de sa bonne humeur habituelle en direction de la dite boutique.

Une fois face à la porte, Tony passa machinalement une main dans sa touffe de cheveux bruns histoire de se calmer un peu et entra doucement, espérant ne pas faire de bruit. Mais bien sûr, pour une fois qu'il faisait un effort pour ne pas se faire remarquer, il avait fallu que cette terrible sonnette le trahisse. Enfin, son regard s'était déjà tourné vers une belle paire de converse aux couleurs des plus flashies, comme par hasard. Il fut toutefois interrompu dans sa contemplation par une voix féminine qui provenait de derrière lui. Curieux de faire face à la charmante propriétaire, il se tourna avec souplesse et après quoi, il en fallu de peu pour que sa mâchoire tout entière se décroche dans la surprise.

- Dorothy ?

Il cligna trois fois des yeux, se les frotta par la suite, et se claqua même mentalement. Les sourcils froncés dans la perplexité, il fit quelques pas dans sa direction, et, sans prévenir, sourit largement et sauta presque littéralement sur la pauvre jeune fille, l'attrapant dans une étreinte amicale. Puis, se rendant compte que leur position était un peu gênante et que la jeune fille ne semblait pas réagir à son calin d'amitié, il fit un pas un arrière.

- Tu ne me reconnais pas ?

Le temps qu'il réalise qu'il n'avait plus vraiment la tête à être un épouvantail, la pauvre brunette, un peu perdue avait déjà répondu...

Il y était peut être allé un peu fort. A ses yeux, le fait qu'il soit désormais humain n'était plus qu'un petit détail insignifiant, mais c'était vrai qu'aux yeux de Dorothy, ça avait peut être un semblant d'importance, surtout que l'idée qu'elle ne l'avait jamais vu humain auparavant ne lui avait même pas un instant effleuré la cervelle. Et pourtant, c'était pas faute d'en avoir une vrai de vrai désormais. Maintenant, il ne pouvait plus ce plaindre ou user de ce facteur comme une excuse. Désormais, si il agissait comme un idiot, c'était qu'il en était un, ou alors qu'il l'avait cherché. Mais bref, ça ne changeait rien au fait qu'il avait retrouvé désormais sa douce et tendre Dorothy. Maintenant il ne lui restait plus qu'à croiser les doigts pour qu'elle n'hurle pas ou ne le frappe pas dans un endroit sensible sous réserve qu'une étranger avec de drôle de cheveux venait de l'agresser d'un câlin amical et plein d'amour.

Du coup, il avait rapidement fait un pas en arrière et fixait désormais la jeune femme de ses grands yeux sombres. Bien sur qu'il lui rappelait quelqu'un ! Anthony savait qu'elle approchait de la conclusion, et, attendant patiemment que les mots sortent de sa bouche, un grand sourire enfantin s'afficha sur son visage nouveau. Il ne broncha pas un instant lorsque la jeune femme se rapprocha de lui.

- Et oui c'est bien moi, j'ai changé n'est ce pas ? Je ne suis plus le même sans mon grand chapeau et ma paille qu'est ce que tu penses de mon...

Il ne put terminer sa phrase que ce fut cette fois ci au tour de la jeune brunette de lui sauter au cou, à la plus grande joie de l'ex-épouvantail qui la serra contre lui une nouvelle fois, la faisant même tournoyer en l'air pour son amusement personnel. En fin de compte, ne voulant pas la rendre malade, ce serait un peu bête, il la reposa au sol et, se reculant de nouveau pour pouvoir la fixer dans les yeux, il se gratta le nez, un peu gêné, avant de sourire de nouveau.

- C'est pourtant la vérité. Me voilà devant toi, en chair et en os, pour te servir ! Qu'est ce que tu penses de ça, j'ai fière allure non ?

Après ces mots, il tournoya sur lui même.

- Et devine quoi  ? J'ai même une cervelle ! Enfin, je ne me suis pas ouvert le crâne pour vérifier qu'elle était bien là. Mais. Elle. Est. Bien. Là ! Je suis tellement heureux !

Essayant de se calmer un peu, il passa une main dans sa touffe de cheveux bruns dressés sur son crâne, ses yeux brillant d'une lueur mêlant joie et curiosité désormais.

- Je suis tellement heureux de te revoir. Vous m'aviez manqué, toi et les autres, même si j'ai l'impression que notre dernière conversation datait de hier...

En parlant de ça, il n'avait aucune nouvelle des autres, il doivent sans doute être dans le coin, eux aussi... Ils en parleraient sans doute ensemble après la joie des retrouvailles passée...