Perdre son âme... Parfois c'est une obligation ! [PV Gold]

Cela faisait plusieurs semaines qu’Elora tergiversait. Elle avait une envie folle de ce truc, mais savait combien il était difficile de faire affaires avec M. Gold. Malheureusement, le joyau en forme de lune par lequel elle était attirée depuis qu’elle l’avait vu, ne se trouvait que chez cet antiquaire à la réputation plus que douteuse… Tout le monde en ville se méfiait de lui, la brune aussi d’ailleurs ! Le seul souci, c’était qu’elle avait cette folle impression qu’elle était liée au joyau. C’était complètement débile, Elora en avait parfaitement conscience. Malheureusement, les faits étaient là, c’était ainsi…

Alors aujourd’hui, la coach sportive avait décidé de franchir le pas. Elle avait réussi à faire pas mal d’économies ces dernières années et pouvait en utiliser une grande partie pour cet achat un peu fou. Elora était quelqu’un de responsable, mais là, elle n’avait qu’un souhait : avoir le joyau en sa possession. Et pour ça, elle était prête à beaucoup de choses, même à être redevable à Gold. Ce n’était pas la meilleure des solutions, mais c’était soit ça, soit elle faisait une croix dessus. Et ça, c’était hors de question.

Elora était vêtue d’un jean, de bottines et d’une veste noire, ses cheveux relevés en arrière, quand elle entra dans la boutique d’antiquités. Pour essayer de calmer sa nervosité, elle se balada entre les rayons, sous le regard attentif du propriétaire des lieux. Gold n’était jamais loin, elle le savait bien pour avoir discuté avec des gens qui avaient passé des accords avec lui. Délibérément, la jeune femme évita de poser son regard sur le joyau lune qu’elle convoitait tant et se dirigea vers l’antiquaire.

- Bonjour M. Gold. Le salua-t-elle poliment. J’aurais aimé savoir à combien vous vendiez le joyau en forme de lune, qui se trouve là… Demanda-t-elle en faisant un vague signe sur sa droite pour indiquer sans précision l’endroit où se trouvait le joyau. Et j’aurais aimé savoir son histoire aussi, s’il en a une…

Cette dernière requête était venue spontanément. Elle n’avait pas prévu de la poster au départ. Mais sans doute était-ce sa curiosité naturelle qui l’avait poussé à connaître l’historique du bijou. C’était complètement fou de s’intéresser autant à un truc qu’elle ne pourrait jamais porter autour du cou ! Peut-être qu’elle pourrait l’encastrer sur une ceinture… Mais pour cela, elle allait d’abord devoir mener bataille pour l’obtenir. Mais Elora était prête. Plus que jamais.

Aujourd'hui, c'était le jour de l'inventaire. Il ne vérifiait pas le nombre de ventes, ni le reste des invendus mais il comptabilisait combien de nouveaux contrats il avait fait signer. Un sourire cynique au livre, il vérifiait dans son petit calepin s'il avait noté le nom de toutes ses victimes. Il était ravi de voir le nom de certaines personnes qui revêtaient une petite importance à ses yeux. Il s'était montré suffisamment actif et le personnage de Gold n'avait pas à rougir à la fin de la malédiction lorsqu'il pourrait redevenir Rumplestiltskin. Dans ce monde-ci, les affaires furent plutôt bonnes, dommage qu'il n'y manquait qu'un peu de magie pour pimenter le tout.

Lorsque sa petite clochette au-dessus de la porte tinta, il rangea délicatement ses papiers pour regarder la nouvelle venue. Il connaissait peu cette femme, oubliant souvent son nom, appartenant à un monde qu'il n'avait que peu ou pas exploré. En fait, il n'était pas vraiment certain de ses origines. Il aurait pu se renseigner davantage sur elle mais il la trouvait pour l'instant dénué d'intérêt. Il se demandait bien pourquoi elle venait ici et quel objet pouvait l'intéresser. La malédiction le plaçait comme acquéreur de plusieurs objets dont il ignorait l'origine et ce que cela pouvait représenter. Autant dire que lorsque la jeune femme vint vers lui, il se montra curieux de savoir ce qui pouvait bien l'attirer.

- Bonjour. Le joyau en forme de lune ? demanda-t-il d'un air réfléchi. Ah oui, je vois celui dont vous me parlez.

Il l'avait presque oublié celui-là. Il le considérait plus ou moins comme une babiole mais les clients qui venaient ici, achetaient en général des objets qui leur appartenaient dans une autre vie. Est-ce que ce joyau serait lié à la jeune femme ? Il devait en avoir le cœur net. En tout cas, elle se montrait plus qu'intéressée.

Il prit sa canne et sortit de derrière le comptoir afin de se diriger vers l'objet. Sa nouvelle cliente se montrait désireuse d'en savoir davantage et malheureusement pour lui, cette fois-ci il devrait broder en plus de mentir sur l'origine de ce joyau. Il ne savait rien dessus mais à cet instant précis, il comprit que l'intégralité de ce qu'il possédait, avait une histoire en lien avec tous les habitants de Storybrooke. Il s'arêta devant l'objet et le désigna du doigt pour avoir confirmation. Il se mit à prendre un air grave, comme s'il allait conter une histoire.

- Ce joyau a des origines mystérieuses et une légende circule à son sujet. Je l'ai acheté à un explorateur qui a fait un long voyage extraordinaire sous terre. J'avais affaire à un fan de Jules Verne qui s'était mis en tête de voyager au centre de la terre. Je ne sais pas s'il a entrepris ce périple mais de là où il est allé, il a ramené ceci.

Il prit l'objet dans sa main et le plaça dans un rayon de soleil provenant de la fenêtre. L'objet sembla briller, s'illuminer mais ce n'était qu'un effet d'optique provoqué par la lumière.

- Il l'a fait analyser à son retour, ce que j'ai fait moi aussi et il se trouve que ce joyau est une pièce unique. Les proportions des différents matériaux nécessaires à la composition de cette pierre sont uniques. C'est un nouveau minerai dont les scientifiques aimeraient trouver le gisement mais ils ne croient pas en l'histoire farfelue de l'explorateur. Voulez-vous la version officielle ou la légende qui m'a été contée ?

Il avait toujours été très fort pour raconter des histoires. il se doutait qu'il aurait l'attention de cette jeune femme mais là n'était pas le but. Il voulait comprendre le lien entre ce joyau et elle. Il voulait savoir qui elle était mais la jeune femme ne le savait pas elle-même...

Elora crut presque que l’antiquaire commençait à avoir un problème de mémoire quand il répéta la demande de la jeune femme. Des joyaux lune, il n’y en avait qu’un dans cette boutique, ce n’était pas compliqué tout de même ! Cependant, la coach se garda bien de montrer ne serait-ce que la plus petite pointe d’agacement, ne voulant pas perdre la possibilité de posséder enfin ce joyau pour lequel elle avait craqué depuis longtemps. La brune, qui avait suivi l’antiquaire jusqu’au lieu où le joyau était exposé, frissonna en l’entendant parler de légendes, de mystères et de voyages au centre de la Terre. Gold ne semblait pas convaincu que l’homme à qui il avait acheté la pierre ait bien accompli son voyage, mais cela ne l’avait pas empêché d’acheter le joyau.

La jeune femme retint une exclamation d’émerveillement quand l’antiquaire prit le joyau et le mit sous les rayons du soleil. La pierre étincela de l’intérieur, comme si elle venait d’être activée. Bien sur, Elora savait que ce n’était qu’une illusion d’optique. N’empêche que c’était magnifique à voir et que cela ne faisait que renforcer son envie de l’acquérir. D’autant plus que Gold lui expliqua que les scientifiques ne connaissaient pas le matériel dans lequel le joyau était fait. C’était donc une pièce unique et très rare. Autant dire que l’enthousiasme de la jeune femme fut un peu refroidi. Jamais elle ne parviendrait à acheter cette pierre, cela coûterait sans doute bien trop cher ! Néanmoins, elle ne put s’empêcher de répondre à l’antiquaire, avide d’en savoir plus.

- Je crois que j’ai plus ou moins compris quelle sera la version officielle. Dit-elle en souriant. Racontez-moi plutôt la légende Monsieur Gold s’il vous plaît. C’est là ce qui fait la valeur d’un objet ne croyez-vous pas ?

Elora se serait giflée. Le joyau était déjà sûrement assez cher comme cela, elle n’avait nul besoin d’en rajouter ! Là, c’était certain, à moins de passer un marché avec l’antiquaire, elle ne pourrait jamais l’acquérir par un simple achat. Cependant, la brune le sentait, elle était prête à tout pour avoir cette pierre. Non pas par vanité, mais bel et bien parce qu’elle avait l’impression d’être liée à ce bijou…

Gold ressentait l'enthousiasme et l'envie de la jeune femme pour ce joyau. Il possédait ce don, celui de sentir l'avidité ou le désir pour quelque chose chez les gens. Il ne savait plus s'il l'avait depuis son enfance ou si c'était depuis qu'il était le ténébreux, ou plus récemment en étant devenu le personnage de l'antiquaire craint de tous. Peut-être était-ce tout simplement la relation avec son père qui lui avait fait naître ce potentiel. Il ne connaissait que peu de personnes plus avide et cupide que son géniteur. Surtout que celui-ci faisait tout par pur égoïsme tandis que c'était une autre motivation qui dirigeait Regina...

- Comme vous le souhaitez, mademoiselle dont j'ai oublié le nom.

Il n'avait pas de trou de mémoire mais cette jeune femme n'avait pour l'instant jamais attiré son attention. Elle avait sûrement un potentiel mais qui pour l'instant, lui était inconnu et pas utilisable. Elle se montrait curieuse à propos d'une légende qu'il allait inventer de toutes pièces. Il ne fallait pas la décevoir, surtout qu'en général il savait très bien embobiner les gens. Il mit les deux mains sur sa canne posée devant lui, pour prendre une posture dans laquelle il se sentait plus à l'aise. Il regardait sa cliente droit dans les yeux, sachant que les idées allaient s'enchaîner naturellement les unes après les autres pour former une histoire cohérente et crédible.

- D'après l'explorateur, lors de son voyage vers le centre de la terre, il aurait trouvé une cité fabuleuse sous terre qui autrefois aurait été plongé dans les profondeurs de l'océan avant de se retrouver protéger par un dôme naturel. Un volcan se trouvant en activité tout près aurait fini de pomper toute l'eau recouvrant la cité et c'est pour cette raison qu'aujourd'hui, elle ne serait plus engloutie.

L'explication scientifique pouvait tenir à peu près la route. Il existait certaines cavités anciennement sous-marine qui se trouvent sous terre et qui avaient été vidées de cette façon. D'ailleurs les scientifiques cherchaient toujours à expliquer rationnellement certains passages des écrits religieux si jamais ils s'étaient produits.

- Cette cité serait celle des Atlantes et le joyau que vous voyez devant vous, serait une sorte de fleur qu'il aurait trouvé au palais du roi. Dans un texte gravé sur pierre, une légende raconte que la fille aînée du roi, avait la capacité de faire pousser des joyaux avec ses mains comme s'il s'agissait de fleurs. Seule la princesse est capable de le faire et d'utiliser les propriétés magiques de l'un d'eux.

Le mysticisme et la magie devraient finir de convaincre la jeune femme qui souhaitait cet objet plus que tout apparemment...

L’antiquaire lui avait un peu parlé de l’origine du joyau qu’elle convoitait, lui expliquant qu’il y avait deux versions, l’officielle et celle un peu plus romanesque… Elora ayant toujours rêvé de vivre des aventures, d’être une héroïne au grand cœur, choisit d’en apprendre plus sur la légende, au plus grand plaisir sans doute du commerçant qui devait se douter qu’elle était plus qu’intéressée…

- Ashford Monsieur Gold… Je suis Elora Ashford, je vous loue un appartement… Comme toute la ville en fait. Dit-elle sans perdre son sourire.

Pourtant, au fond, elle tremblait un peu, parce qu’elle ne savait pas trop s’il la virerait ou pas de l’appartement s’il apprenait un jour qu’Astrée, sa petite sœur, y accueillait des animaux blessés qu’elle soignait dans sa chambre avant de les relâcher dans la nature. Heureusement pour elle, le changement de position de Gold lui permit de reprendre constance et d’écouter attentivement ce qu’il lui racontait.

Au fur et à mesure que l’antiquaire racontait son histoire, Elora passa de la simple excitation à l’émerveillement total. Un joyau magique, rien que ça ! Joyau d’une princesse atlante, la civilisation aujourd’hui disparue… Ah oui, vraiment, la jeune femme ne regrettait pas d’avoir entendu cette histoire ! Tout comme elle comprenait parfaitement que les scientifiques aient eu du mal à croire l’explorateur qui avait ramené ce bijou à la surface… Sans aucune preuve concrète en dehors du joyau, les intellectuels avaient toujours tendance à ne pas vouloir croire. La brune elle, croyait. Elle avait une affection toute particulière pour ces mondes protégés par des chevaliers armés de pouvoirs magiques qui étaient catalysés par des joyaux. Tiens, d’ailleurs, si elle obtenait celui-ci, elle pourrait sans doute croire qu’elle était le Chevalier du Joyau Lune ! Tiens, que cela sonnait bien…

- Quelle histoire incroyable M. Gold ! Dit-elle, tout sourire, une fois qu’il eut fini. L’on peut dire ce que l’on veut de votre dureté en affaires, vous savez captiver un auditoire… Et convaincre les gens d’acheter. Soupira-t-elle doucement. Non que j’ai besoin d’être convaincue… Combien en demandez-vous ?

Autant rentrer dans le vif du sujet non ? De toute façon, ce n’était pas comme si elle pouvait encore faire croire à son désintérêt total pour l’objet… Elora espérait juste qu’elle pourrait négocier au mieux pour pouvoir ne pas trop dépasser son budget. Car autant elle souhaitait avoir le joyau, autant elle ne voulait pas se ruiner et mettre en danger sa sœur en perdant l’appartement par exemple…

Gold regardait la jeune femme sous toutes les coutures et même en entendant le nom, cela ne lui évoquait pas grand-chose. Même si elle lui payait un loyer, cette personne restait toujours autant une inconnue pour lui. Il n'avait jamais imaginé que la malédiction lancée par Regina, dont il était en fait l'instigateur, avait pu englober autant de mondes mystérieux. Certes, avant cela il avait exploré divers mondes et beaucoup semblaient être sous l'emprise du sort noir mais apparemment, il lui en restait d'autres à découvrir. Il pensait connaître les quelques secrets qu'il n'avait pas encore percé, les connaître tous... Avalon par exemple ! Il savait dans quel monde cette île se trouvait mais il n'avait aucun moyen d'y accéder pour le moment.

- Effectivement, la plupart des habitants de Storybrooke me louent un appartement ou une maison. Excusez-moi donc de ne pas retenir tous les noms.

Il partit ensuite sur le récit du joyau, inventant une histoire abracadabrantesque qui semblait plaire à Elora. C'était bien une femme à ce niveau là ! Un peu de magie et l'intérêt pour l'objet ne faisait que s’accroître. Pourtant, la magie n'existait pas à Storybrooke mais elle existait vraiment en dehors de ce monde. Avant la malédiction, il était capable de jouer de nombreux tours et une fois qu'elle serait brisée, il recommencerait. Il pourrait donner des propriétés ou des vertus magiques à ce joyau mais pourquoi ferait-il cela ? À moins bien entendu de faire signer un contrat ! Mais l'heure n'était plus à cela, il ne vendait plus que des objets ordinaires.

Il accepta les flatteries avec un petit sourire mais il se dit que si c'était une tentative pour faire baisser le prix, elle se trompait. Comme il ignorait d'où elle venait, il devait se servir de cet avantage pour obtenir d'elle quelque chose. De toute façon, cet objet coûtait beaucoup d'argent et il n'était pas certain qu'elle ait les moyens de pouvoir le payer... Alors autant s'amuser un peu !

- "Pour toute magie, il y a un prix à payer" disait un vieil ami à moi. Cela veut dire que l'argent seul ne suffit pas. Jusqu'où êtes vous prêtes à aller pour posséder cet objet ?

Il s'imaginait déjà sorir un vieux aprchemin pour faire signer un nouveau contrat. Il se doutait que la jeune femme attendrait d'en savoir plus et se demanderait bien ce que l'antiquaire recherchait. Il caressa le pommeau de sa canne avec ce petit sourire si caractéristique qu'il avait depuis qu'il se trouvait dans cette ville et qu'il devait faire affaire.

- Cette pièce est unique dans le monde et d'un matériau inconnu. Vous imaginez bien que sa valeur pécuniaire dépasse le million pour un collectionneur d'objets rares et de pierres précieuses.

Il attendait de voir ce qu'elle lui proposait. Si jamais elle se rétractait, il la laisserait partir... ou peut-être qu'il lui ferait une offre. Il n'en savait rien. Cela dépendrait surtout de la sa cliente.

Comme elle s’en était doutée, Gold ne se rappelait pas d’elle. Il fallait bien avouer qu’avec sa sœur, elles étaient des locataires modèles et qu’il ne pouvait rien leur reprocher puisqu’elles réglaient en temps et en heure leur loyer. Il n’avait même pas à se déplacer parce qu’Elora mettait toujours le chèque dans la boite aux lettres de la boutique le jour même où elle devait le payer. Bref, la brune lui faisait gagner du temps et de l’argent, ce qui semblait être très important pour l’antiquaire.

Aussi ne dit-elle rien de plus avant qu’il ne commence son récit sur le joyau. La coach avait un peu de mal à imaginer que tout cela puisse être vrai… Mais il n’en restait pas moins que le joyau était précieux et qu’il valait énormément d’argent. Depuis un moment, Elora s’était doutée que ses maigres économies ne sauraient lui donner l’opportunité de l’acquérir. Sans doute l’aurait-elle pu si elle avait été millionnaire, mais ce n’était hélas pas le cas… Et sans doute Gold dut le sentir puisqu’il lui demanda ce qu’elle était prête à faire pour acquérir ce joyau.

- Loin. Répondit-elle en soutenant son regard sans ciller. C’est un besoin viscéral que j’ai. Alors annoncez-moi votre prix. Dit-elle, calmement. Elora manqua de vaciller en entendant le prix mais se retint de justesse. Après tout, elle s’en était doutée… Vous vous doutez bien que je n’ai rien d’une milliardaire. Que voulez-vous de moi en échange de ce joyau ? Demanda-t-elle, pleine d’une assurance qu’en réalité, elle était loin de ressentir.

Mais Elora savait qu’elle DEVAIT avoir ce bijou. Et même s’il était dangereux de passer un marché avec Gold, la jeune femme n’avait pas le choix, étant donné que c’était le seul moyen de pouvoir entrer en possession de cette pierre. Et le prix à payer serait sans doute lourd, elle s’en doutait.

La jeune femme semblait à point pour vendre son âme au diable. Était-ce un hasard si son prénom était le même que celui du personnage incarné par le diable dans "BazAar" de Stephen King ? La malédiction ne cachait pas réellement qui l'on était autrefois. Son nom rappelait sa richesse et le fait qu'il avait des doigts d'or. Ou du moins, pour ceux qui pouvaient voir la réalité. Regina... La maire de la ville gardait une trace de son ancienne puissance dans l'autre monde. Deux exemples parmi tant d'autres.

Son regard ne lâchait pas des yeux Ashford qui ne cachait aucune son désir de posséder ce joyau à n'importe quel prix. Pour l'instant, il n'avait pas trop d'idées sur l'utilité qu'elle pourrait avoir le concernant. Pourtant, il n'avait pas l'intention de laisser filer une affaire comme celle-ci. Après tout, il pouvait toujours faire un contrat où elle lui appartiendrait en échange de l'objet qu'elle convoitait. Il l'avait déjà souvent fait par le passé.

- Mon prix ? Il sera peut-être trop élevé pour vous...

Il aimait bien rajouter une petite tension dramatique où il faisait comprendre à son interlocuteur qu'en pactisant avec lui, il n'en sortirait pas gagnant. Peu de gens avaient pu le berner, que ce soit dans cette vie, ou dans la précédente. Il avait toujours l'avantage.

- Je vous donnerai le joyau en échange de vous.

Il se dirigea vers son tiroir préféré derrière le comptoir, celui où il avait les contrats les plus juteux. Il sortit un exemplaire où il n'y avait d'espace que pour mettre son nom, la date, le lieu et la signature. Dedans, les conditions étaient clairement stipulés et certains propos pouvaient paraître étranges, expliquant qu'il n'y avait aucune limite de monde.

- Vous me serez redevable à jamais et vous devrez faire tout ce que je vous demande de faire. Sinon... Cela ne me sert à rien de vous mettre en garde puisqu'il n'y aura pas de sinon. Je suis certain que vous remplirez votre part du contrat.

Les conséquences risquaient d'être fâcheuses si elles ne les respectaient pas. Après tout, en signant, elle acceptait toutes les conditions imposées et ne devaient pas y renoncer.

Le regard calculateur de l’antiquaire l’inquiéta… Mais la jeune femme se savait prête à faire n’importe quoi pour avoir ce bijou qui l’appelait, comme s’il faisait partie d’elle… On ne concluait de pacte avec Gold que si l’on tenait assez à quelque chose pour se sacrifier… Autant dire qu’Elora aurait un choix à faire et qu’elle en avait parfaitement conscience… Quand il lui balança enfin qu’il échangerait le joyau contre elle, la sportive fronça les sourcils.

- Contre moi ? Comment ça ? Demanda-t-elle intriguée.

Il faisait partie de ces pervers qui ne pouvaient se taper une fille que si elle était en position de faiblesse ou quoi ? Malgré tout, poussée par l’envie de posséder le joyau, Elora le suivit alors qu’il repartait vers le comptoir pour en sortir un parchemin, une sorte de contrat… Dans le même temps, il lui détailla ce qu’il attendait d’elle. Sur le coup, la jeune femme ne sut pas si elle ne préférait pas le coup du pervers en réalité… La brune hésita longtemps. Trop peut-être puisqu’elle eut la sensation d’agacer Gold.

- C’est d’accord. Répondit-elle en se saisissant du contrat et d’un stylo. Voilà, mon bien Monsieur s’il vous plait à présent. Dit-elle en lui rendant le contrat.

Elle était folle… Mais ce joyau lui paraissait plus important que tout alors elle était prête à se sacrifier…

Rares étaient les personnes qui rejetaient le contrat proposé par Gold. La grande majorité acceptait, souvent sans rechigner, sachant probablement qu'ils commettaient une erreur. L'antiquaire ne se souvenait que d'une seule cliente qui avait refusée d'entrer dans son petit jeu. Pour les autres, l'envie et la convoitise était plus fort que toutes leurs réticences. La jeune femme qu'il avait en face de lui appartenait à cette même catégorie. Son hésitation était celle commune des autres et il joua la comédie pour lui faire comprendre qu'il n'aimait pas attendre. Il ne fallait jamais laisser un client réfléchir trop longtemps...

Il garda le silence, attendant qu'elle paraphe l'accord décidé entre eux. Il aimait se laisser croire que les gens décidaient leur avenir alors qu'en fait, il leur forçait la main et parfois ils n'avaient pas d'autre choix que d'accepter. Même la dame du lac avait fini par trouver un arrangement avec lui, qui n'était certes que d'ordre financier mais l'épée qu'il possédait, ne lui appartenait pas à l'origine.

Une fois la signature déposée, Elora réclama son dû et il lui tendit avec un grand sourire. Il rangea ensuite précieusement le contrat dans un endroit que lui seul connaissait. Pour l'instant, il le déposait dans un petit tiroir fermé à clefs mais il avait bien l'intention de ranger le document dans son coffre.

- C'est un plaisir que de faire des affaires avec vous.

Il regarda ensuite partir sa cliente qui ne semblait pas forcément d'accord avec lui. Il restait désormais seul dans sa boutique, attendant une prochaine victime.