Une boutique à trésor [PV Mister Gold et Alice] FINI

Les journées n'étaient plus les mêmes depuis l'arrivée d'Emma Swan dans la petite ville de Storybrooke. Avant, tout paraissait plus monotone et c'était comme si un événement magique se produisait en permanence. À commencer par l'horloge qui se mettait à fonctionner. L'espoir renaissait et magie bientôt avec et il ne restait donc plus à attendre que le temps fasse son oeuvre. Il commençait à apprécier cette vite dorénavant.

Ses journées ne différaient pas tellement de d'habitude. Il attendait les clients dans sa boutique tandis que les gens préféraient l'éviter autant qu'ils le pouvaient, même si une sorte de force inconsciente les poussait à venir ici. Sa boutique, ainsi que que les divers endroits de la ville qu'ils louaient, étaient une sorte de toile d'araignée qui attrapait différentes proies et lui se chargeait de les dessécher lentement avec ses contrats. Il ne laissait rien au hasard car le hasard ne faisait pas forcément les choses bien, comme pouvait le laisser entendre un proverbe bien souvent menteur. Il surveillait toujours d'un œil discret celles et ceux qui pourraient lui servir à l'avenir.

La jeune personne qui entra dans son magasin ne faisait pas partie des gens auxquels il s'intéressait mais cela ne le dérangeait pas de tenter qu'elle en fasse partie. Pourtant, il préférait éviter de le faire. Elle appartenait à deux mondes et en général il évitait de mettre son nez dans celui de Wonderland, sauf si Jefferson l'invitait à le faire. Il observa les agissements d'Alice qui s'intéressa aux armes avant d'être attirée par les boites à musique. Il fit ensuite semblant de lire le journal lorsqu'elle s'approcha de lui. Elle ne semblait pas avoir peur de lui, toujours aussi jeune et naïve.

- Bonjour, mademoiselle. Bien entendu que vous pouvez les regarder de plus près.

Il prit sa canne et sortit du comptoir pour aller vers les boites à musique en compagnie d'Alice. Il se demandait bien pourquoi elle était attirée par un tel objet et il voulait savoir lequel. Il restait à savoir s'il lui faisait payer le prix normal ou s'il négociait un contrat. Tout cela dépendrait d'elle...

- Prenez votre temps.

   

La jeune femme semble s'émerveiller de tout et en même temps, quelque chose paraissait la déranger. C'était plus un ressenti que réellement une attitude qu'elle dégageait mais l'antiquaire sentait ce genre de chose. Peut-être se trompait-il souvent, ou alors il avait effectivement un certain sens pour cela. De toute façon, cela ne lui servait pas tellement dans la vie de tous les jours. À la limite, s'il avait un travail dans l'investigation, cela pourrait lui être utile mais en étant antiquaire, ce don, s'il l'avait, était futile.

Elle s'intéressait aux boites à musique et cela lui rappelait le passage récent d'Anastasia qui s'était vendue en quelque sorte pour obtenir l'objet de ses désirs. Il se demandait bien ce qui pourrait intéresser cette jeune personne. Il l'observa avec attention et elle le prévint qu'elle risquait de mettre du temps. Elle se montra attentionnée en lui proposant de s'asseoir. C'était bien la première fois que quelqu'un se montrait prévenant envers lui dans cette ville. Il trouvait cela curieux et touchant. Elle semblait si naïve... Si corruptible et en même temps, il n'en ressentait pas l'envie.

- Ne vous en faites pas pour moi.

Il ne releva pas ses dires concernant la douce folie qui la guettait. Elle était bizarre cette fille et cela ne faisait aucun doute. La preuve c'était qu'elle venait ici en toute quiétude, pensant que tout se passerait bien. Elle finit par s'intéresser à un bel objet et elle se tourna vers lui afin de pouvoir écouter la mélodie. Il lui fit comprendre qu'elle avait son autorisation et quelques instants plus tard, des notes sortirent de la boite à musique. Alice semblait avoir trouvé son bonheur.

- Intéressée... mais jusqu'à quel point ?

L'objet représentait une certaine valeur et il n'était pas certain que la jeune femme ait de l'argent. il pourrait toujours lui proposer un contrat mais il n'en ressentait pas l'envie la concernant. Et puis il avait déjà tant de personnes redevables... Cela dépendrait de la façon dont elle allait mener la discussion.

   

Elle l'intriguait plus qu'il n'aurait su l'exprimer et plus qu'elle ne devrait. Il y avait une sorte d'innocence en elle qu'il avait rarement vu et qui lui faisait penser à celle qu'il avait aimé, à sa Belle. Il se demandait si ce serait judicieux de pervertir un cœur pur. Peut-être aurait-il tenté l'expérience si elle n'appartenait pas à un royaume qui l'empêchait d'agir. En fait, rien ne pouvait l'empêcher de faire quoi que ce soit mais disons qu'il respectait suffisamment Jefferson pour ne pas prendre le risque de le froisser.

La musique c'est magique... Cette phrase le fit sourire. Jamais il n'avait considéré la musique ainsi et pourtant, une mélodie apportait différents sentiments suivant le rythme et sa tonalité. Dans un sens, elle avait effectivement raison. Et puis la magie, suivant comment elle pouvait être utilisée, produisait de faibles et doux sons, comme une petite musique d'accompagnement. Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt lorsqu'il se rongeait les sangs dans ce monde dénué de toute forme de magie.

Alice trouvait cette ville fade et elle avait raison. Storybrooke était sans goût, sans saveur et dénuée d'un quelconque intérêt. Seuls ses habitants l'intéressaient pour mieux conquérir leurs âmes. Mais sans magie, sa vie n'avait plus vraiment de raison d'être, surtout qu'il attendait avec impatience de retrouver son fils... La magie était sa musique à lui, ce qui le rendait heureux, même s'il y avait toujours un prix à payer.

- Je vous comprends et je suis d'accord avec vous concernant notre petite ville. J'ai plusieurs bruits qui me rendent heureux, qui sont magiques à les entendre...

La jeune femme ne pouvait pas comprendre le double sens des paroles de l'antiquaire qui continuer de son sourire avec béatitude. Depuis plusieurs semaines, il ne faisait que rêver d'utiliser de nouveau ses pouvoirs. Cela lui manquait... Il regarda sa cliente qui le perturbait tant. Il ne ressentait pas l'envie de la pervertir, ni de lui faire signer de contrat. En entrant dans la boutique, elle avait amené avec elle la nostalgie et l'espoir des jours meilleurs avec sa naïveté.

- Vous savez, tous mes objets attendent un jour que leurs propriétaires légitime viennent les acquérir. Je ne les vends qu'à eux uniquement et peut-être me prendrez-vous pour un fou, mais j'ai le sentiment que cette boite à musique est faite pour vous. Vous êtes la seule à ressentir autant de choses en écoutant sa mélodie. Cela ne fait aucun doute...

Il n'avait pas l'intention de la céder gratuitement, ce ne serait pas bon pour les affaires, ni pour sa réputation mais il comptait se montrer raisonnable.

   

Gold ne comprenait pas vraiment comment pouvait fonctionner l'esprit d'Alice. Il devait admettre qu'une partie des choses qu'elle lui racontait, semblait sans queue ni tête. Pas étonnant pour cette jeune fille tombée dans un monde de conte... Cependant, à Storybrooke, il n'y avait aucun conte à raconter et de fins heureuses, il n'y en aurait que lorsque la sauveuse briserait la malédiction. Il pouvait comprendre le désir de cette nouvelle cliente de vouloir un peu de rêve avec la musique mais cela n'allait pas plus loin. D'habitude, les gens ne prenaient pas conscience à quel point la vie à Storybrooke pouvait être aussi sordide. À croire que leurs cerveaux refusaient la réalité. Dans un sens, cela paraissait logique, sinon il y aurait plus de clients pour le docteur Hopper et on recenserait enfin des suicides dans cette petite ville ou rien ne paraissait jamais se passer...

Alice espérait que des étrangers viennent à Storybrooke pour récupérer certains objets qui semblaient venir d'autres pays. Effectivement, les reliques venaient d'autres contrées mais ses "étrangers" vivaient tous dans cette ville. Elle l'ignorait encore mais peut-être finirait-elle par le découvrir prochainement.

- Des étrangers à Storybrooke ? Je doute qu'un jour il en vienne beaucoup mais je suis toujours prêt à satisfaire de nouveaux clients.

Il afficha un petit sourire satisfait. Il préféra ne pas montrer son amusement. Il continua d'écouter Alice jusqu'à ce qu'elle en vienne finalement à parler de la chose la plus intéressante : le prix. La musique, le violon, la folie et le génie ne sont que des détails qui font perdre du temps. L'antiquaire aimait quand les gens en venaient au fait directement. C'était la raison pour laquelle il appréciait un peu Valentin Lewis. Le privé ne tournait jamais autour du pot et annonçait clairement les choses. Lui aussi faisait partie de ce genre de personnes.

Il regarda la boite à musique et se demanda combien il allait en demander. Elle avait une valeur relative mais la jeune femme n'en avait aucune à ses yeux. Elle appartenait à l'univers de Jefferson et implicitement, il ne se mêlait pas de ses affaires. Surtout depuis qu'il avait compris que le chapelier se souvenait de tout...

- Nous allons faire un jeu. Vous allez donner un prix. Si ce prix est inférieur à la valeur de l'objet, je vous le vendrai plus cher que ce qu'il ne vaut réellement. Si le prix est supérieur... Alors je vous ferai une remise. Si vous tombez sur le prix juste, je vous le fais à moitié prix.

Il n'y avait aucun piège dans ce qu'il proposait. Il voulait tester les facultés d'Alice pour voir ce que son cœur lui dirait.

   

Comme il s'y attendait, la jeune Alice ne refusa pas sa proposition. Elle semblait toujours prête à faire confiance aux gens, ce qui était souvent un tort, surtout après tout ce qu'elle avait déjà vécu à Wonderland. Mais il y a des gens qui sont ainsi faits. En général, ils ne pouvaient pas changer et sa nouvelle cliente faisait partie de ceux-là. En d'autres circonstances, cela l'aurait bien arrangé pour pouvoir faire des affaires mais avec elle, ça se révélait plus compliqué. Il attendit qu'elle lui dise un prix et il se mit à rire devant la naïveté du chiffre. C'était à peine le tiers de sa réelle valeur. Pourtant, il se sentait l'âme charitable envers elle.

- Peut-être devais-je vous laisser une nouvelle chance...

Ce petit jeu risquait de durer longtemps et même si en général, il avait tout son temps, aujourd'hui il avait un rendez-vous et une affaire à conclure prochainement. Il ne pouvait pas se permettre de faire durer cette transaction pendant des heures. De toute façon, cette boite à musique ne lui était d'aucune utilité et qui sait ce que cela pouvait déclencher chez Alice. Il valait mieux qu'elle l'est.

- Elle vaut bien plus mais je vais vous faire une faveur. Je vous la cède à ce prix mais vous pouvez l'avoir à 200 dollars seulement.

Il n'allait pas lui faire signer de contrat ou autre, il n'était pas si stupide. Il voulait seulement une faveur de la jeune femme. Libre à elle d'accepter ou de refuser. Si elle déclinait son offre, il ne lui en tiendrait pas rigueur mais il se doutait que la jeune femme préférait économiser son argent que de dépenser autant pour une simple boite à musique.

- Pour cela, il vous suffira juste de me faire la promesse d'accepter un jour de jouer du violon pour moi pour une petite demi-heure.

Il avait une idée en tête, des plus romantiques mais pour l'instant, elle n'était pas d'actualité.

   

Mister Gold espérait conclure l'affaire rapidement, surtout après avoir baissé le prix qui se trouvait fort avantageux pour la jeune femme. Elle semblait satisfaite et pourtant, elle cherchait à négocier encore alors qu'elle était déjà gagnante sur toute la ligne. Il ne lui faisait signer aucun contrat et au final, il n'avait pas vraiment besoin de ses services. Un disque pouvait largement suffire pour faire ses affaires. Pour moins que ça, on faisait fondre le cœur d'une dame. Ce qu'il imaginait, n'était qu'une proposition de riche ou d'homme de pouvoir.

Le problème dans cet accord c'était juste sa position au niveau du pouvoir. Belle n'appréciait pas tellement qu'il puisse être aussi puissant et encore moins influent. Elle voyait des qualités chez lui qui étaient propres à sa personnalité et non à ses possessions. Il devait faire attention de ne pas se remettre dans les ennuis en cherchant toujours à vouloir plus.

Alice lui proposa autre chose. Plus de temps de violon, pouvant être réparti sur plusieurs fois, tout en faisant baisser le prix.L'idée n'avait d'avantage qu'aux yeux de la jeune personne. L'antiquaire n'avait pas besoin de plus de plus et pourtant, il acceptait déjà l'idée dans sa tête. Pourquoi ? Il ne le savait pas mais il trouvait que la présence de cette cliente n'était pas bénéfique pour lui. Il commençait à imaginer tout un tas de choses, notamment une noce où elle pourrait jouer un air endiablé sur lequel il danserait avec sa chère et tendre...

- Si cela vous convient alors j'accepte. Convertissez le temps de violon en argent que vous ne dépenserez pas dans l'achat de cet objet.

Il prit la boite à musique et avança ensuite lentement vers son comptoir. Une fois derrière, il prit un petit carton dans lequel il enveloppa ensuite l'objet et le posa à l'intérieur. La transaction pour lui était terminée. Il tendit une feuille pour qu'elle lui laisse ses coordonnées.

- J'ai besoin de savoir où vous contactez quand j'aurais besoin de vos services.

Il attendit patiemment que l'affaire soit conclue, tout en fignolant le paquet pour la jeune femme.