Belle journée pour une enquête - Pv Emma

Les choses commençaient à changer à Storybrooke, depuis quelques temps. Depuis qu'Emma Swan, une jolie blonde à veste rouge que Regina Mills ne semblait pas appréciée, était arrivée en ville, en fait. C'était la première étrangère qui arrivait depuis... Anastasia n'aurait su le dire, mais cela faisait longtemps, ce qui expliquait que la venue d'Emma Swan ait fait autant sensation. Tout le monde semblait n'avoir que son nom à la bouche et bien sur, quand elle entrait au Granny's tout le monde la dévisageait, Anya l'avait bien remarqué quand elle venait y travailler au fond de la salle. Elle avait également qu'Emma Swan ne se formalisait pas de toute l'attention qu'on lui portait mais aussi qu'elle revenait souvent au Granny's qui était manifestement devenu son QG.
Et cela tombait très bien car Anastasia la cherchait justement. Elle avait donc décidé de commencer ses recherches là bas, pressentant que la jeune femme s'y trouverait. Et elle avait vu juste, comme elle put le constater à peine entrer dans le diner. Emma était bel et bien là, seule à sa table... mais plus pour longtemps si les choses se passaient comme la rouquine les avait prévues !
Comme les gens ne parlaient plus que d'Emma, Anastasia avait en effet entendu dire qu'elle était plutôt douée pour retrouver les gens, ce qu'elle avait trouvé particulièrement intéressant. La jeune femme avait donc décidé de tenter sa chance, des fois que cette dernière soit d'humeur à lui venir en aide.
Mais cela était plus facile en théorie qu'en pratique et Anya le constata bientôt, lorsqu'elle commença à s'avancer vers la table d'Emma pour la déranger, manifestement. Mais si elle ne tenait pas, qui d'autre pourrait l'aider dans sa quête? Aux yeux d'Anastasia, Emma était la solution providentielle à son problème, alors elle prit son courage à deux mains et aborda la jeune femme :

- Bonjour, dit-elle en s'éclaircissant la gorge tandis que ses mains se tordaient de gêne. J'imagine que je vous dérange et j'en suis navrée mais j'ai entendu dire que vous étiez plutôt douée pour retrouver les gens et si vous l'acceptez j'aurais un travail pour vous, expliqua simplement la jeune femme en gratifiant Emma d'un sourire.

Emma fit signe à Anastasia de s'assoir, ce qu'elle fit instantanément, trop heureuse d'y être invitée, se disant qu'ainsi, elle attirerait moins l'attention sur leur conversation qui devait rester privée. Car c'était une chose d'être l'orpheline de la ville, mais c'en était une autre d'alimenter les rumeurs des habitants ! Anastasia était déjà assez agacée comme de n'être jamais que "Anya l'orpheline", elle ne voulait donc pas rajouter d'huile sur le feu. En fait, elle voulait simplement profiter de l'opportunité que lui offrait cette étrangère d'avoir une chance de connaitre son passé, songeant également que la jolie blonde avait peut-être besoin d'occuper ses journées depuis qu'elle était arrivée. Car même si Anya adorait sa ville, elle savait pertinemment qu'on en avait vite fait le tour.

- Anastasia Romanov, se présenta la rouquine en tendant la main à Emma. Oui, tout le monde parle de vous. C'est d'ailleurs comme ça que j'ai su que vous pourriez peut-être m'aider. Voilà... Le truc c'est que je suis orpheline, expliqua t-elle. Orpheline et étrangère, d'après mon acte de naissance qui dit que je suis née à St Petersbourg. Bref, mes parents sont apparemment morts mais j'aimerais savoir d'où je viens et donc vous demander de rechercher ma famille, ou ce qu'il en reste, ou quelqu'un qui la connaissait. Vous croyez que c'est possible? demanda t-elle finalement avec une lueur d'espoir dans les yeux.

Dit comme ça, la mission semblait mal engagée. Et puis ce ne serait pas gratuit et les tarifs d'Emma Swan étaient peut-être au dessus des moyens de la jeune femme ! Pourtant, Anya sentait qu'elle devait essayer afin de ne pas avoir de regrets, consciente cependant qu'il pouvait être dangereux de placer autant d'espoir dans une femme qu'elle connaissait à peine.
Laissant donc le temps à l'étrangère d'analyser la situation, Anastasia interpella Ruby, serveuse et petite fille de la gérante du Granny's et commanda un thé au citron.

Une lueur étrange illumina le regard d'Emma pendant un bref instant. Anya s'en demanda vaguement la raison avant que cette pensée ne disparaisse de son esprit qui avait plus urgent à traiter. Car ce qui importait réellement, c'était ce qu'Emma pouvait pour elle et sa quête d'identité, pas ce qu'elle pouvait bien penser de son prénom, de sa tête ou de la couleur de ses cheveux. Si Mademoiselle Swan était aussi compétente qu'on le disait, Anya voulait tenter sa chance, des fois que.
Et les affaires ne tardèrent pas à commencer.
Emma semblait marcher sur des oeufs, tentant gentiment de lui faire comprendre qu'elle pouvait échouer, n'en déplaise à sa réputation. Heureusement pour elle, Anya ne venait pas avec le coeur gonflé d'espoir. Bien au contraire. Elle savait que sa démarche avait peu de chance d'aboutir mais cela ne voulait pas dire qu'il ne fallait pas essayer.

- J'en suis consciente, répliqua t-elle avec un sourire confiant. Je pensais bien que l'acte de naissance pourrait vous intéresser alors je l'ai apporté, ajouta la jeune femme en sortant une pochette de son sac à main. Comme vous le verrez par vous-même, mes parents s'appellent Nicolas et Alexandra Romanov et d'après ce que je sais de mes années à l'orphelinat, ils sont morts quand j'avais environ huit ans. Mais j'aimerais savoir s'il existe d'autres membres de ma famille ou si vous pouvez au moins trouver la tombe de mes parents. Ils ne sont pas dans le cimetière de la ville, j'ai vérifié, précisa Anya avec un sourire triste.

Emma n'avait pas encore touché au document, semblant perdue dans ses pensées comme si elle réfléchissait au contrait que les deux femmes s'apprêtaient - ou non - à passer. Finalement, cette réflexion muette aboutit à une proposition pour le moins intéressante, voire généreuse de la part de la jeune femme : Anya ne paierait que si Emma trouvait quelque chose. Au moins on ne pourrait pas l'accuser d'être vénale...

- Marché conclut, répondit Anastasia en lui tendant la main pour donner plus de solennité au contrat. Je ne pourrais pas vous accuser de m'extorquer des fonds... ceci dit j'espère avoir à vous payer, sourit encore Anastasia.

Et tandis qu'elle disait ses mots, Ruby lui apporta son thé au citron avant de partir servir d'autres clients. Anya attrapa la tasse brûlante et joua un peu avec l'anse avant de porter le liquide sucré à sa bouche.

Emma tiqua, toujours sans qu'Anastasia ne comprenne pourquoi, avant de reprendre tout son sérieux et son professionnalisme. Et elle en avait à revendre, étant entrée facilement dans l'affaire en dépit des maigres indices que lui apportait sa cliente. Elle n'en était clairement pas à son coup d'essai, ce qui confortait non seulement les ragots au sujet d'Emma mais aussi le choix d'Anya de croire en elle.

- Oui je parle le russe, lui répondit la rouquine en souriant. Je suis traductrice, voyez vous et le russe ça paie plutôt bien. Je l'ai appris à l'école, en souvenir de ce passé que je ne connais pas. Je serais donc ravie de vous aider si jamais vous trouvez quelque chose de ce côté là. Je vous fais entièrement confiance.

Après une petite plaisanterie sur l'argent - une question tout à fait légitime - Emma s'intéressa de plus près à la démarche d'Anastasia. Il fallait croire que le travail de reconstitution avait déjà commencé ou qu'elle était simplement curieuse. L'un dans l'autre, Anya se sentait écoutée et entre de bonnes mains ce qui la rendait plutôt loquace, pour le meilleur et pour le pire.
Car la jeune femme avait tendance à dire tout haut ce qu'elle pensait. Elle était entière, comme on dit, et parfois un peu trop. Heureusement, Emma ne lui demandait que des précisions sur ses recherches et pas son opinion politique !

- Je crois qu'au fond de moi je les cherche depuis aussi loin que je me souvienne, expliqua la jeune femme avec une pointe de tristesse dans la voix. Mais bien sur, quand j'étais enfant, je ne pouvais qu'en rêver et je passais des heures à imaginer comment était ma famille, pourquoi j'étais orpheline etc... J'ai du me faire de sacrés films, en fait... Et puis quand j'ai eu un travail j'ai pu commencer à m'y consacrer pleinement. Et vous, depuis combien de temps vous amusez-vous à retrouver des gens ? Ce n'est pas une profession très courante...

Puisqu'Emma se montrait curieuse, Anya ne voyait pas pourquoi elle n'en ferait pas autant.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Emma Swan ne perdait pas de temps ! A peine eut-elle en main le premier document qu'Anya était en mesure de lui fournir, qu'elle commençait son travail... Ou plutôt leur travail, puisqu'Anastasia allait être très active dans cette recherche !
La première étape consistait en effet en contacter l'ambassade ou le consulat de Russie le plus proche de Storybrooke. Et si les fonctionnaires qui y travaillaient parlaient parfaitement Anglais, ce ne serait pas forcément le cas des personnes qu'ils leur suggéreraient peut-être de contacter !
D'autre part, il était probablement mieux que le mail soit envoyé par la principale intéressée afin de mettre toutes les chances de leur côté.

- Oui je connais la bureaucratie, sourit la jeune femme d'un air complice. Heureusement, je suis quelqu'un de plutôt patient. Déterminée mais patience, en fait. Pour en revenir à notre affaire, si vous avez un ordinateur portable sur vous nous pouvons peut-être nous en occuper maintenant. Sinon il faudra surement que nous correspondions pour le mettre au point, proposa la jeune femme même si elle n'y connaissait rien.

Heureusement, ce n'était pas le cas d'Emma Swan qui parlait volontiers de "don". Ce terme un peu mystique ne dérangeait pas Anastasia. Si elle avait effectivement un don et qu'elle pouvait en faire profiter la rouquine, cette dernière ne cracherait pas dessus ! Elle était juste triste que son don ne marche pas sur ses propres parents, confirmant une fois de plus que ce sont les cordonniers les plus mal chaussés et, dans le cas présent, les détectives qui ont le moins de réponses à leurs questions.

- Garante de caution ? tiqua la rouquine. C'est... peu commun comme profession, surtout à Storybrooke ! Une vocation ou un hasard ? se permit-elle de demander.

Anastasia regrettait de n'être pas venue travailler au café comme c'était souvent le cas. Les habitants avaient en effet l'habitude de la voir se promener avec une sacoche noire où elle rangeait son pc portable. De cette façon, elle pouvait aller traduire où bon lui semblait, à la plage, au café ou encore sur un banc public. Mais bien sur, elle aurait du savoir que la plupart des gens ne sortaient pas toujours avec leur maison sur le dos. Et si Anastasia avait observé un peu plus attentivement Emma, elle aurait pu s'épargner cette question parce qu'en effet, la garante de caution voyageait aussi léger.
Heureusement, Emma ne lui fit pas remarquer que sa demande était un peu surprenante. Elle se contenta de sortir un calepin et un stylo, proposant de faire une ébauche ensemble qu'Anastasia n'aurait plus qu'à envoyer. Une méthode un brin moins moderne mais tout aussi efficace !

- Parfait ! s'écria la rouquine contente de voir qu'Emma connaissait diablement bien son travail.

Les deux jeunes femmes se mirent donc au travail pour aboutir, après un petit quart d'heure, à une ébauche de mail plus que convenable qu'Anya rangea dans son sac à main. La jeune femme n'aurait qu'à chercher l'adresse de l'ambassade la plus proche et envoyer ce message quand elle serait rentrée chez elle.
En attendant, Anastasia espérait bien converser aussi avec la nouvelle habitante de Storybrooke. Elle avait toujours été intriguée par l'inconnu et le monde en général. Malheureusement, elle n'avait jamais eu l'occasion de quitter Storybrooke où, à part l'arrivée d'Emma Swan, il ne se passait rien.

- Vous avez raison. Je ne suis pas habituée aux grandes villes. Storybrooke est un coin plutôt tranquille, je ne crois pas avoir jamais entendu parler d'une affaire criminelle digne de ce nom, d'ailleurs, commenta Anastasia. Ca doit être très différent, la grande ville, par rapport à ici. Vous ne vous ennuyez pas trop ? demanda t-elle encore sans songer qu'elle était peut-être soulante ou indiscrète, mais pensant plutôt à sa curiosité maladive.

La lettre avait de la gueule, il fallait bien le dire. Elle alliait sobriété et clarté, ce qu'Anya préférait largement à l'emphase, d'autant qu'elle traduisait parfois des courriers de ce type. La jeune femme avait déjà l'impression que leur affaire avançait, même si ce n'était pas réellement le cas. Il s'agissait après tout de la première étape d'une procédure qu'elle savait d'avance longue et capable de ne jamais porter ses fruits. Mais elle avait aussi l'impression qu'Emma allait, tôt ou tard, lui porter bonheur.
Ceci étant fait, les deux femmes pouvaient parler de choses plus légères et faire connaissance.
Emma ne manqua d'ailleurs pas de donner son impression sur les habitants de Storybrooke, parlant de "communauté". Dit comme ça on aurait dit une confédération amish mais il y avait tout de même du vrai dans ce qu'elle disait.

- La ville est petite comme vous avez pu le voir. Et il ne s'y passe jamais rien, hormis votre arrivée. Donc tout le monde sait pour le panneau que vous avez embouti parce que tout le monde se divertit d'un rien, expliqua Anya. Des fois cette ville m'ennuie alors je comprends ce que vous ressentez. Cela dit, il y a un truc, un je ne sais quoi, qui fait que je reste parce que je me sens chez moi, avec ces gens, nos habites, notre routine un peu chiante et tout le reste. Ce que je dis ne vous aidera pas à trouver un job par contre... Si jamais vous voulez rester, bien sûr. Le shérif pourrait peut-être vous embaucher, non ? Bien sur, il ne mène pas souvent des enquêtes dignes de Sherlock Holmes mais votre flair pourrait au moins aider les mamies à retrouver leur chat perdu, plaisanta la rouquine.

La confidence d'Emma pinça un peu le coeur d'Anya. Ne se sentir chez elle nulle part était un sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien, ayant été ballotée à droite à gauche durant son enfance. Emma avait du connaitre la même chose et ne pas avoir encore trouvé son foyer...

- Et moi je comprends ce que c'est que de ne pas se sentir chez soi parce que ça a été le cas pendant toute mon enfance. Vous finirez surement par trouver un endroit... Ici, si le hasard a envie de vous surprendre, commenta Anya.

Après tout, pourquoi pas ? Henry Mills était son fils biologique, comme toute la ville le savait. Il représentait donc une raison potentielle pour rester dans le coin.
Ou peut-être pas si vraiment elle s'ennuyait trop dans cette ville si éloignée du tumulte de Boston. Dans tous les cas, l'idée d'Anya quant à une possible collaboration avec le shérif - Graham - suscite une réaction vive et spontanée qui n'en était que plus intéressant.

- Dommage, le shérif est plutôt bel homme, c'est toujours agréable pour les yeux, plaisanta la jeune femme. Blague à part, je me suis tournée vers la traduction assez naturellement, en fait. Je parle plein de langues ça s'est imposé comme une évidence. Le russe paye bien, vous savez, c'est aussi un argument.

Anya n'était pas près de ses sous, elle était simplement responsable. Elle tâchait de faire attention à ses dépenses, d'autant qu'elle voulait conclure une affaire avec Monsieur Gold qui risquait bien de vider une bonne partie de ses comptes. Sans oublier qu'elle devait se nourrir et payer ses factures !7

- Et puis mes clients ne sont pas à Storybrooke, ça me donne l'impression de voyager quand nous conversons par visioconférence, ajouta la rouquine.

Emma était dubitative et n'avait pas besoin de le dire pour qu'Anya s'en rende compte. De plus elle avançait des arguments de taille : pas d'appart, pas de job, donc pas d'argent pour se loger et beaucoup d'ennuis en perspective. Même si, en contre partie, elle pourrait être plus proche de son fils biologique. Anya ne put s'empêcher de grimacer.

- Oui, vous marquez un point, concéda t-elle.

Mieux valait discuter de Graham que des sujets qui fâchaient. Au moins les deux femmes lui reconnaissaient des qualités physiques indéniables. Mais c'était à peu près tout de positif qu'elle était prête à lui accorder. Emma n'ayant pas sa langue dans la poche, elle ne mâcha pas ses mots. Anya, de son côté, était heureuse de voir qu'elle n'était pas la seule à être franche en toutes circonstances. C'était une qualité qu'elle estimait énormément.

- Je suppose que les méthodes sont plus à la pointe à Boston, commenta la rouquine. C'est quoi les différences ? Vous pourriez peut-être lui apprendre. Je me dis parfois qu'un peu de modernité ne ferait pas de mal à cette ville.

Emma allait finir par en avoir marre de répondre à autant de questions. Mais c'était plus fort qu'Anastasia. Elle n'avait qu'à continuer à répliquer par ses questions à elle afin d'équilibrer le jeu...
A ce propos, sa dernière question venait de déstabiliser la rouquine, pourtant habituée à répondre du tac au tac. Sauf cette fois, où elle attrapa machinalement la clé qu'elle portait en médaillon, réfléchissant à comment peser ses mots et surtout à quels mots utiliser.

- Hmm... Je ne sais pas, peut-être que c'est plus fort que moi ? hasarda la jeune femme. J'ai parfois eu envie de sauter le pas, mais au dernier moment je suis restée, comme s'il me restait quelque chose d'important à faire ici, confia Anya. Ca doit vous paraitre stupide... Désolée. Rares sont les gens qui croient au destin et aux choses plus fortes que la raison, après tout...

Anya ne voulait pas faire mauvaise impression mais elle avait l'impression de s'enfoncer de plus en plus. Emma allait finir par la prendre pour une folle.

Emma sembla bien contente qu'Anya n'insiste pas sur la personne de Graham. De toute façon, qu'aurait-elle dit ? La rouquine le connaissait essentiellement de vue, puisqu'il s'agissait d'un personnage public en plutôt bons termes - apparemment - avec Regina Mills. Et c'était effectivement un bel homme. Quant à savoir quelles étaient ses méthodes, Anya ne pouvait pas juger car elle n'avait jamais eu affaire à lui dans ce cadre. En revanche, elle était curieuse. Et si Emma pouvait lui en apprendre plus au lieu de soupirer en parlant de Graham, les deux femmes allaient sans doute pouvoir s'entendre.
Ce qu'elle avait à dire était d'ailleurs très intéressant, même si, au final, Anya aurait pu deviner la moitié des choses. Au moins était-elle d'accord avec la blonde et ses envies de changements. Storybrooke en aurait en effet bien besoin car la ville semblait parfois figée, du moins par le passé. Car avec l'arrivée d'Emma Swan, les choses avaient comme qui dirait changé. Pour le meilleur et pour le pire.

- Si ça peut vous rassurer j'ai un ordinateur portable et je sais m'en servir, plaisanta la rouquine. Mais sinon je suis d'accord avec vous, je ne crois pas que la ville ait beaucoup changé depuis que j'y suis. Vous devriez vraiment faire souffler un vent nouveau dans le coin, ne serait ce que dans la police locale, déjà, poursuivit Anya.

Emma Swan était surement la personne la mieux placée pour faire ça. Peut-être que la jeune femme le sentait aussi ? Anya ne demanda pas, se contentant de son avis mitigé sur la raison des non voyages d'Anastasia. La garante de caution était cash, même si elle tâchait de peser ses mots un minimum. Et comme la rouquine l'avait prévu, elle ne croyait pas au destin. Contrairement à la jeune russe.

- Peut-être que votre bonne fée a juste décidé que ce serait dur et long avant que votre destin ne s'accomplisse, commenta t-elle finalement, songeuse. En ce cas elle est un peu sadique, mais bon. Croyez moi, ma vie n'est pas non plus ce dont je rêvais quand j'avais huit ans. Je suis traductrice, seule et relativement pauvre. Avouez que ça fait moyennement rêver. Mais je suis sure que les choses iront mieux un jour, déjà quand nous aurons commencé notre enquête.

Figée, c'était là un adjectif curieux et pourtant, il parlait étrangement à la jeune femme, comme s'il avait allumé une ampoule dans sa tête dont Anya ne savait cependant pas quoi faire.

- Je suppose que les gens aiment leur routine et que ceci explique cela, finit-elle par commenter avant de boire une gorgée. Bon courage à qui voudra faire bouger les choses en ville, en tout cas.

Implicitement, Anastasia voulait parler de Regina Mills, même si cette dernière ne lui avait jamais causé de tort. Le fait est qu'elle était maire, qu'elle avait les pleins pouvoirs et que personne n'osait se confrontait à elle. Anya ne parvenait d'ailleurs pas à se rappeler de son élection, comme si Regina avait en fait été maire depuis toujours, ce qui n'avait aucun sens. Dans tous les cas, Madame le maire ne semblait pas vouloir que les choses changent, donc ils étaient coincés.
Heureusement, en quelque sorte, qu'Emma Swan était arrivée en ville, ne manquant pas d'emporter dans sa valise un tempérament fort voire un semblant de mauvais caractère. Mais en fait c'était drôle, et la rouquine ne put s'empêcher de sourire en l'entendant ronchonner vis à vis des bonnes fées.
Mais très vite, la conversation redevint sérieuse et Emma raconta à son tour ce dont elle avait un jour rêvé et qui ne s'était pas réalisé. Sensiblement, il s'agissait de la même chose, ce qui rendait Anya particulièrement compatissante. La seule différence marquante entre les deux femmes résidaient en fait dans leur façon de penser : tandis que la rouquine avait la foi, la blonde était terre à terre et cartésienne. Il faudrait donc peut-être éviter les sujets magiques à l'avenir.

- Eh bien nous rêvions sensiblement de la même chose quand nous étions enfant, commenta Anastasia en oubliant fées et licornes. Pour ma part j'ai passé dix ans en orphelinat. Ca n'a pas été si horrible qu'on peut se l'imaginer, j'avais quelques amis. Mais j'aurais préféré une famille et une vie plus normale, concéda la jeune femme. Je vais pas vous ennuyer avec ça, pardon. De toute façon je m'en suis pas si mal sorti.

Emma semblait avoir saisi le sous-entendu, ce qui en soit n'était pas non plus la prouesse de l'année. Anya en avait déjà fait des meilleures. Mais cela ne l'empêcha pas de s'amuser du sourire satisfait qui se dessinait à présent sur les lèvres de la garante de caution. Malheureusement, son sourire ne dura d'un temps, le passé ressurgissant devant elle. Emma, comme peu de gens, semblait penser que l'orphelinat n'était pas une mauvaise chose en soi, soulignant le fait qu'Anya s'y était effectivement fait des amis, contrairement à Emma qui n'en avait jamais eu le temps. Son ton laissait deviner une amertume profonde tandis qu'Anastasia réfléchissait aux propos de la jeune femme. C'est vrai qu'on envisageait rarement les orphelinats de la sorte. Mais en effet il avait été l'élément stable, le refuge si tant est que ce mot soit approprié pour un tel endroit qui lui avait garanti un toit au dessus de la tête pendant dix ans.
Mais comme le soulignait Emma, le système n'était pas parfait.

- Quoi qu'elle fasse, l'administration prend toujours le chemin le moins logique et le plus contraignant, se contenta de répliquer la jeune femme.

Anya aurait trouvé peu de gens pour la contredire sur ce point. Cependant, l'administration est sa manie de tout consigner pourrait bien également l'aider dans sa nouvelle quête, comme Emma venait de le suggérer.

- Oui, il y a des archives, du moins on ne m'a jamais dit le contraire, répondit Anastasia. Très bonne idée, j'ai bien fait de vous engager. Et comme je cherche mes parents je suppose que l'archiviste ne posera pas trop de questions, ou bien ?

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Anastasia se retrouva bientôt à porter un semblant de toast en l'honneur de la nullité administrative. Ayant vu Emma lever sa tasse en signe d'approbation de son commentaire, la rouquine n'avait pu s'empêcher de faire de même, bien que les toasts ne se portent généralement pas avec une boisson chaude. Mais dans l'ambiance du Granny's, cela passa totalement inaperçu car il y avait toujours mille et une distractions ici. Pour cause, le Granny's était plus ou moins le coeur de la ville, ou du moins des commérages. Si on voulait faire passer une information rapidement, il suffisait de venir y haranguer la foule pour être sûr que tout Storybrooke serait au parfum dans les 24 heures.
Mais bientôt, le sérieux reprit ses droits sur la conversation.
Emma était très intéressée par l'existence d'archives, ce qui n'avait rien de surprenant pour une professionnelle comme elle. Son intérêt était tel qu'elle proposa même de ne pas tarder, de s'y rendre après avoir fini leur boisson.
Anya était un peu prise de cours, il fallait bien le dire. Machinalement, elle regarda sa tasse presque vide, songeant que pour une fois elle risquait bien de sortir de sa petite routine et que ses traductions pouvaient bien attendre le soir.

- C'est bon pour moi ! déclara la rouquine avant de vider sa tasse, signe qu'elle était prête pour l'aventure.