[OS] Le poids de l'âge.

Miracle, ou pas, Ellie avait retrouvée Cassandre. Elle savait à quel point la disparition de sa sœur avait bouleversé Céridwen, et l’ancienne chasseuse de zombie – comme aimait l’appeler sa copine – avait bien l’intention de remettre certaines choses au clair.

Alors non, Ellie n’était elle-même pas parfaite. Elle avait fui ses responsabilité, avait fui sa famille, avait fui Céri. Et tout ça n’avait fait que blesser les gens qu’elle aimait. C’était idiot, et elle ne le referait plus jamais. Sachant tout cela, Ellie n’allait pas tout simplement aller crier sur Cassandre. Ça serait contreproductif, et ça ne ferait que la braquer. Non, elle voulait uniquement parler. Restait à voir si la cadette des triplés était du même avis …

- Cassandre ?

La brune se retourna d’un seul coup et Ellie se demanda pendant un instant si elle était bien en face de la bonne personne. Cheveux mal coiffé, teint pâle, cernes noires. Loin de la fille toute douce qu’Ellie avait connue. Et pas besoin d’un seul mot pour comprendre que les deux adolescentes n’allaient pas faire que parler.

- C’est Céri qui t’envoie hein ? Elle est incapable de me retrouver toute seule alors elle envoie sa bonne à rien de petite amie ?
- Non, c’est pas Céri qui m’a dit d’aller te voir. Je suis venue toute seule.
- Oh, je vois. Marre de la copie, tu préfères avoir le model originale ?

Ne pas s’énerver, ne pas s’énerver.

- Écoutes Cassandre, est-ce que tu peux laisser le sarcasme de côté cinq secondes pour qu’on puisse parler ?

L’adolescente en face d’elle croisa ses bras sur sa poitrine mais ne dit plus rien, se contentant d’observer Ellie comme si elle risquait de lui mettre le feu à tout moment.

- Ecoutes …
- Tu l’as déjà dit ça.
- Tu veux bien arrêter de m’interrompre et la fermer un peu ? Bordel !
- Non toi tu la fermes !

Cassandre s’était mise à crier tout d’un coup, ce qui fit reculer Ellie de quelque pas. Elle la pointait du doigt, menaçante. Ses lèvres tremblaient de rage, et Ellie aurait juré que ses yeux étaient devenus entièrement noirs.

- Tu viens me déranger, me hurler dessus, et tout ça pour quoi ? Pour que je revienne ? Vous êtes tous des égoïstes.
- Nous, des égoïstes ?

C’était au tour d’Ellie de faire un pas en avant – malheureusement, ça n’impressionna guère Cassandre, qui n’esquissa même pas un pas en arrière.

- On se demande bien qui est partit, a laisser sa famille en plan et ne donne plus de nouvelles ! Pas vrai ? Tu fais souffrir tout le monde autour de toi, tu n’en a royalement rien à foutre, et maintenant c’est nous les égoïstes ?

Cassandre parcourus la maigre distance qui les séparaient et poussa violemment la collégienne qui tomba au sol. Désormais il faisait froid, le vent soufflait fort, et s’il ne faisait pas déjà nuit à la base, tout serait devenu sombre.  Il y avait des sacs plastiques qui volaient dans les airs, incapable de rester au sol là où les habitants les avaient laissé.

- Oui, VOUS êtes égoïstes ! C’est VOUS qui voulez que je revienne dans cette famille IGNOBLE alors que ma place n’y est pas ! VOUS ne pensez qu’à votre propre ressentis et votre propre moral sans une seule seconde penser au MIEN !

Le silence ce fit pendant plusieurs secondes. Cassandre lécha échapper un léger rire et remis quelques mèches de ses cheveux derrière l’une de ses oreilles, levant les yeux au ciel.

- Et puis franchement. T’es VACHEMENT bien placé pour me faire la morale.

Ellie voyait très bien de quoi la lycéenne voulait parler – elle redoutait même que ce sujet vienne dans la conversation. Elle serra les dents et baissa le regard, toujours au sol, appuyé sur ses mains éraflées par le bitume. Elle ne regarda même pas en l’air quand elle entendit Cassandre reprendre la parole.

- C’est bien ce que je pensais. Tous dans l’acte, rien dans le bide.

Du coin de l’œil, Ellie pouvait voir l’adolescente faire demi-tour et commencer à s’en aller. Vérité soit dite, elle serait bien rester assise là, par terre, à attendre que Cassandre disparaisse. Elle serait ensuite rentrée chez elle et aurait fait comme si rien de tout cela ne s’était passé. Et voilà. Fin de l’histoire, plus d’embrouille. Mais l’image de Céri lui traversa l’esprit. Elle était en train de pleurer dans son épaule, lui disant à quel point Cassandre lui manquait …

Bon d’accord ça ne s’était pas vraiment passer comme ça, mais bon. Toutes les excuses sont bonnes pour se relever !

T’as de la chance d’être jolie, pensa Ellie tout en se relevant. Le bruit de ses chaussures contre le sol fit se retourner Cassandre, qui la regardait désormais avec un sourire malsain et une étincelle - une mauvaise étincelle - dans le regard.

- Et voilà le petit chien chien qui se relève …

Ellie l’interrompit avant que son courage ne prenne la fuite.

- JE SAIS que je suis mal placé pour dire quoi que ce soit. Je sais que j’ai fait exactement la même connerie que toi. Mais ce que je sais aussi c’est que c’est pas en t’enfuyant que tu vas régler quoi que ce soit. Parce que devines quoi ? Les problèmes, tu peux pas les perdre en courant plus vites qu’eux. Si tu ne les affrontes pas, ils restent. Je suis revenu, je me suis excusée. Je pense qu’il est temps que tu fasses de même.

La collégienne ne lui tendit pas la main – non, ça aurait été trop cliché, et même si c’était Céri qui affectionnait le plus le feu dans la famille, Cassandre lui aurait  cramé la main sans réfléchir. Ellie se contentait de rester debout, regardant Cassandre.

Malheureusement, tout cela sembla énerver Cassandre encore plus. Elle semblait être sur le point d'exploser.

- Tu ne sais, rien, du tout. Tes problèmes t'ont peut-être suivis, mais les miens non. Je suis libre. Et si tu essayes de me faire rentrer, bonne chance.

Et dans un nuage de fumée, elle avait disparut. Affaire à suivre ...