Sauvetage in extremis [Anastasia]

Aujourd’hui, c’était jour de repos. Anastasia avait enchaîné deux gardes d’affilé et on lui avait ordonné de ne pas se repointer à la caserne avant deux jours. Ceci dit, la rousse n’était pas assez obéissante pour accepter tout ceci sans râler. Elle en avait fait voir de toutes les couleurs à son chef avant qu’on ne la mette dehors. Vexée, Anya avait passé un moment à picoler au Granny’s avant de rentrer chez elle, où elle s’était écroulée de fatigue sur le lit.

Le matin en se réveillant, elle décida de prendre une douche et d’aller courir. C’était peut-être congé, mais il était hors de question de déroger à ses habitudes. Accompagnée de ses chiens, la jeune femme s’était donc mise en route. Elle revenait en petites foulées de la plage quand les chiens se mirent à aboyer. La pompier les avait dressé à sentir le feu et c’était typiquement le comportement qu’ils avaient là. Sans attendre, la jeune femme lâcha la laisse et les suivit jusqu’à une boutique.

Le départ de feu était assez compliqué à déterminer, mais il était bien présent. Sans attendre, Anya se saisit de l’extincteur et commença à éteindre le feu. Tant pis pour les dégâts que la mousse pouvait causer… La jeune femme était concentrée sur sa tâche, mais elle entendit quelques coups sourds dont la provenance lui était inconnue. Préférant s’occuper d’éteindre le départ de feu, la pompier envoya d’un sifflement ses chiens à la recherche du bruit. Et quand tout fut éteint et qu’elle fut certaine qu’il n’y aurait pas de nouveau départ de feu, la rousse sortit son appareil et informa la caserne. Puis elle rejoignit ses chiens et força d’un coup de pied la porte du placard.

Une femme rousse était étendue au sol. Visiblement, elle s’était enfermée là ou on l’avait enfermé. Anastasia ne prit pas le temps de se préoccuper plus longtemps de ça. La jeune femme s’était évanouie et la rouquine la prit dans les bras et la mena dehors, à l’air libre. Rapidement et avec efficacité, la pompier vérifia que tout allait bien. Elle avait également appelé une ambulance qui prendrait soin de vérifier l’état de la victime. En voyant celle-ci se réveiller, Anya plaqua un sourire rassurant sur ses lèvres.

- Doucement Madame, ne bougez pas… Dit-elle doucement, empêchant la jeune femme de bouger. Je suis Anastasia Johnson, de la caserne de pompiers de la ville. Il y a eu un départ de feu dans votre boutique et vous avez respiré de la fumée, ce qui vous a fait vous évanouir. Expliqua-t-elle. Est-ce que vous avez mal quelque part ? Demanda-t-elle rapidement.

Dans tous les cas, pour le moment, elle n’allait pas la laisser bouger. Vu qu’elle s’était évanouie, tout était possible, de la simple inhalation de fumée au traumatisme crânien. Anya ne comptait pas prendre de risque.

La jeune femme qu’Anastasia avait sortie du feu s’agita assez rapidement une fois revenue à elle. La jeune rousse tenta de calmer sa patiente, le temps pour celle-ci de reprendre ses esprits et surtout, de laisser à son corps le temps de se remettre. Ce n’était pas très sain de respirer de la fumée due à un incendie et cette fille venait d’en respirer un bon paquet. La pompier voulait donc s’assurer que la jeune femme serait calme le temps que le reste de la cavalerie n’arrive pour la prendre en charge.

Aussi Anya se mit-elle à poser quelques questions à la jeune femme, essayant par-là de la garder tranquillement assise tout en essayant d’avoir des informations sur ce qu’il s’était passé. Mais la jeune femme n’en savait trop rien apparemment. Elle souffrait à divers endroits et craignait que son appareil auditif ne soit touché. Elle s’inquiétait aussi pour sa boutique et la russe lui sourit rapidement.

- J’ai arrêté le départ de feu à temps. Il y a quelques dégâts bien sûr, mais rien d’irrémédiable à première vue. Je pourrais vous en dire plus une fois que j’aurais le droit d’aller vérifier la boutique. La rassura-t-elle. Vous vous souvenez de ce qu’il s’est passé ? Lui demanda-t-elle.

Mais la fille craqua et se mit à pleurer. Même si cela agaçait un peu Anastasia, la rousse savait que c’était normal et nécessaire : cette fille avait failli mourir dans ce début d’incendie… Alors il était tout à fait normal qu’elle ait du mal et qu’elle soit en état de choc. Pleurer allait lui faire du bien, même si cela ne faisait que faire perdre du temps à la pompier.

- La, là… Dit-elle doucement en tapotant l’épaule de la jeune femme. C’est fini maintenant, vous êtes en sécurité…

Combien de fois avait-elle dû dire ces mots ? Trop… Ce n’était pas la partie où Anya était la plus douée, mais bon, ça faisait partie du boulot aussi s’y collait-elle malgré tout…

Être une épaule sur laquelle pleurer, ce n'était pas le truc le plus sympa de son métier. Mais Anya savait que cela faisait du bien aux gens de pleurer un bon coup pour aller de l'avant... Et elle savait aussi que la jeune femme qu'elle avait sauvé des flammes était bouleversée et que si elle ne pleurait pas, elle n'arriverait pas à tirer quelque chose d'elle. Or, c'était primordial d'avoir une idée de ce qu'il s'était passé, plus précise que ce qu'elle-même avait pu établir au préalable.

- Anya... Rectifia-t-elle. Mademoiselle, c'est bien trop formel... Expliqua-t-elle. Vous n'avez pas vu vos agresseurs donc ?

Ça, c'était franchement dommage. Parce que ça aurait été une bonne piste pour le Shérif que d'avoir un portrait robot. N'empêche, cette ville était très étrange... Ils étaient tous à s'aider les uns les autres en général. Mais certains s'en prenaient à des innocents, comme ça avait été le cas pour cette fille. C'était dommage parce que ça gâchait vraiment l'image de la ville et de solidarité qui allait avec.

Lorsque la jeune femme lui expliqua qu'elle savait qui avait fait le coup, Anastasia tendit l'oreille, attendant d'en savoir plus. Le scénario qui lui fut donné semblait assez extravagant, mais la jeune femme était véritablement persuadée de ce qu'elle racontait. Et ça, la rousse ne pouvait pas aller contre. De plus, aucune piste n'était à écarter, même celles qui pouvaient paraître étrange.

- Vous en avez déjà parlé au Shérif de ça ? S'enquit-elle. Parce que si c'est le cas, ça fera une très bonne raison d'aller interroger votre père.

Et comme il fallait bien démarrer quelque part, pourquoi pas par-là ? Même si cela ne concernant pas Anastasia, elle veillerait à se tenir au courant...