Besoin d'un coup de langue ? ▶ Ft Anastasia Romanov

Debout, les bras croisés sur son torse, Anthony regardait rêveur les étagères de sa bibliothèque personnel. C'était devenu son principal passe temps du moment de la ranger, réarranger à chacun de ses nouveaux coups de cœur. Car en effet en ce moment sa préoccupation au sujet de cette bibliothèque était de l'agrandir encore et encore. Et justement aujourd'hui il venait de recevoir une nouvelle cargaison de bouquins en provenance d'Europe semblait il, selon l'inscription sur le carton en question. S'accroupissant à côté de son précieux colis, il se mis en tête d'en explorer le contenu, sa paire de lunette de lecture sur le nez.

Son visage s'éclaira à la vue de toutes ces vieilles couvertures. Dieu sait à quel point Tony aimait les choses anciennes, et poussiéreuses. Ca donnait presque une autre sensation à la lecture de ce genres d'ouvrages. Tout excité de découvrir toutes ces nouvelles couvertures, au fur et à mesure qu'il visait le carton, il n'avait pourtant qu'un titre en tête : Ivanov, une brillante pièce de théâtre russe écrite par Tchekhov. Il avait découvert ce petit bijou par hasard en faisant des recherches sur internet. Après tout, digne fan de pièce de théâtre, Anthony avait déjà dévoré la plupart des classiques européens, et cherchait maintenant à se tourner vers des œuvres plus... Orientales.
Son sourire tomba toutefois lorsqu'il tomba sur le dit livre. Il resta un moment sans bouger, la bouche entrouverte, contemplant la pauvre couverture sur laquelle été écrit le titre dans une langue qu'il ne comprenait pas. En russe ! C'était en russe, version originale ! Tony fronça les sourcils, la mine renfrognée, il n'avait pas pensé à ce détail.

Quel idiot.

Faisant les cent pas dans son salon, le livre toujours à la main, passant de façon nerveuse son autre main dans son épaisse chevelure, il réfléchissait. Que pouvait il faire ? Recommander une nouvelle édition. Nan, ce serait une perte de temps et d'argent, et le temps c'était fait pour les choses utiles, et non pour des futilités comme ça juste pour réparer ses erreurs, à moins que... Anthony s'arrêta, il lui semblait avoir entendu parler une fois en ville d'une traductrice, qui habitée parmi l'un des habitations du centre ville. Tournant ses yeux vers la grande horloge qu'il avait placé au centre de la pièce, il songea au temps qu'il lui restait pour rendre visite à cette fameuse femme. Hum, il avait largement le temps, rien ne pressait. Enfin pour l'instant.

Attrapant sa large veste à la volée, il claqua la porte de sa demeure et parti en quête de celle qui peut être pourrait l'aider pour son problème théâtral... De plus, il avait hâte de rencontrer une telle femme, savoir parler autant de langue et être autodidacte, c'était définitivement pas tout les jours qu'on avait la chance d'avoir affaire avec une telle personne. Hum, mince, il ne s'était pas peigné. De toute façon, à quoi pensait il ? Il ne se peignait jamais après tout.
C'était son style de savant fou après tout, grosses lunettes rectangulaires sur le nez, cernes sous les yeux, et cheveux ébouriffés.
Arrivé devant la porte de la madame, il zieuta le nom indiqué sur la sonnette. Oh, Anastasia Romanov, elle était d'origine russe ainsi ? Au moins, il était sur d'être au bon endroit. Il inspira un grand coup, prépara son plus grand sourire, son livre collé à sa poitrine, et il sonna finalement.

Lorsque que la femme lui ouvrit, il baissa la tête devant elle vivement, dévoilant ses blanches dents au passage dans un large sourire, qui contrasté fortement avec sa coupe et ses yeux cernés.

Bonjour ! Excusez moi de vous dérangez ! Je suis Anthony Scarecrow, enchanté de vous rencontrer enfin ! Vous devez être Anastasia Romanov ? J'ai besoin de vous. Maintenant.

S'exclama-t-il dans un ton qui mélangeait étrangement la joie et le sérieux. Décidément, il avait vraiment des progrès à faire en rapport sociaux.

Ce qui était urgent pour Anthony ne l'était rarement pour les autres. Personne, a part lui, bien entendu, ne se serrait précipité comme si sa vie en dépendait chez une traductrice juste pour un livre en russe. Alors que bien sur, il était conscient que ce ne serait pas en une demi-heure que son livre serait traduit. Mais il avait de l'espoir. Tony était comme ça, c'était son mode de vie. Il se devait d'occuper chaque moment de sa vie avec quelque chose d'utile et d'intelligent, ce besoin fou de vouloir utiliser le maximum des possibilités de son cerveau. Comme si il avait peur qu'un jour quelqu'un se décide à lui retirer... C'était ridicule non ?

Vous vous y connaissez en pièce de théâtre russe ?

Demanda-t-il, soulevant un sourcil dans son questionnement. Pour être direct, Anthony il l'était direct. Pour lui, quand il avait besoin de quelque chose, passer par des chemin détournés n'était même pas une option. C'était son côté hyperactif qui faisait ressortir cette facette de lui. Rien que le fait d'attendre devant cette porte le faisait bouillonner intérieurement. Il n'avait envie que d'une chose, c'était de rentrer dans cet appartement et de commencer cette maudite traduction, afin qu'il puisse enfin lire son livre. Mais question politesse, il se contentait d'attendre patiemment une quelconque invitation de la part de sa traductrice.

Ce n'est pas grave si ce n'est pas le cas, l'important c'est que vous sachiez traduire le russe, ce qui m'étonnerai si ce n'était pas le cas, vu vos origines. Enfin, voyez pas vous même.

Enchaîna-t-il, tendant le fameux livre de Tchekhov. Il avait hâte de la voir à l'œuvre, cette fameuse Anastasia. Peut être avait elle un peu de culture de son pays d'origine pour en rajouter une couche ? Si c'était le cas, alors s'en ne serait que plus intéressant. Qui sait, peut être se révélera-t-elle aussi brillante qu'il l'espérait ?

Attendant une quelconque réaction de la rousse qui se tenait en face de lui, Anthony passa sa langue sur ses dents, en fourrant au passage ses mains dans les poches avants de son pantalon foncé, assorti à la couleur de sa large veste. Ses yeux rivés sur ceux d'Anastasia, il s'amusait à essayer d'y lire quelque chose, d'essayer de déterminer quel était son ressenti face à cette demande peu commune. Mais il fut interrompu par la voix de sa chère traductrice fraichement employée et cligna des yeux. Oh, alors comme ça, elle préférait les romans ? Pourquoi pas après tout, chacun ses gouts. Bien qu'actuellement, de quels étaient ses gouts, il s'en fichait, bien qu'il nota toutefois cette préférence dans un coin de sa tête. On sait jamais après tout, un jour, ça pourrait servir.

"Je traduis ce que le client veut que je traduise et ne pose jamais que les questions nécessaires". Il sourit à ces mots. Voilà un esprit qu'il appréciait ! Bien sur qu'il avait frappé à la bonne porte, il ne serait pas la sinon. Et Tony n'a pas l'habitude de se déplacer pour des choses dont il n'est pas certain qu'elles lui soient utile. Après tout, en général il préfère le confort de son siège au coin du feu que le monde extérieur.

Je n'en doute pas un instant !

Souligna-t-il en retirant immédiatement ses mains de leurs poches respectives pour croiser ses bras dans son dos, un sourire toujours collé au visage. Il devait paraître aimable, pour le peu qu'il sorte de chez lui. Remerciant Anastasia d'un hochement de tête pour son invitation à prendre place sur le confortable canapé, il ne pu s'empêcher d'observer l'intérieur, tournant sa tête ébouriffée un peu partout, afin de se saisir de tout les détails possibles.

Oh, je ne veux pas déranger, mais ce serai avec plaisir. Je ne refuse jamais un bon verre ! Ne vous en faites pas pour le café, contentez vous de me servir la chose la plus sucrée que vous avez. Merci !

Anthony et le sucre, une longue histoire d'amour. Il a la chance de pouvoir manger ce qu'il voulait sans prendre le moindre gramme, donc, à ce niveau, il ne s'est jamais privé. En plus, le sucre, ça stimule le cerveau. Et puis c'est bon.

Parlons affaire justement, je ne m'y connais pas beaucoup en prix de traduction je dois vous l'avouer, mais l'argent n'est pas un problème pour moi. Si cela peux vous motiver à traduire cette pièce en vitesse, d'autant plus !

Si cela continuait, la pauvre Anastasia allait finir par le prendre pour un homme impatient et toujours pressé. Et c'était le cas en réalité, mais jusqu'à présent, il s'était retenu du mieux qu'il pouvait, voulant paraitre comme un homme aimable et poli. Mais c'était compliqué, surtout vu comment Tony peut se montrer exigeant parfois...

Il n'avait pas vraiment de commentaires à faire sur ce modeste appartement. Il n'était ni trop grand, ni trop petit. Une taille idéale pour une personne telle qu'Anastasia, et qui collait au passage parfaitement bien avec son métier. Pour exercer la profession de traductrice, il y avait ici tout ce qui lui était nécessaire au minimum. Mais après, c'est vrai qu'en comparaison au palace dans lequel lui-même vivait, cet endroit était ridiculement petit. Mais ce n'était pas plus mal lorsqu'on vivait seul. Après tout, parfois Anthony trouvait sa maison bien trop grande pour lui seul. Mais bon, il était célibataire, et franchement, l'amour, c'était pas pour lui. Et il avait rarement des invités, ce qui n'arrangeait rien. Mais il aimait trop sa maison pour la changer. Et pour lui, chacune de ces pièces supplémentaires pouvaient un jour être utile...

Il accepta volontiers, un sourire illuminant son visage, le verre de coca, supposa-t-il, que lui tendait la rousse.

Hehe en effet, et c'est probablement scientifiquement prouvé tout cela ! Et dire que moi même j'ai l'habitude d'en ajouter un carré ou deux de plus dedans !

Souligna-t-il, louchant presque sur son verre, qu'il avait levé à hauteur de son visage avant d'en boire une gorgée. Anastasia devrait sans doute penser que son humour est particulier, mais le pire dans tout ça, c'est qu'il disait l vérité en parlant de carré de sucre supplémentaires... Il faisait ça à chaque fois chez Granny's, il suffisait de demander à leurs serveuses, qui a chaque fois le regardait comme si il était fou de faire ça. Et s'était probablement la cas... Mais le plus étonnant c'était qu'avec tout ce sucre qu'il avalait, il réussissait toutefois à afficher une dentition toujours parfaite.

Oui, en effet, je suis au courant de l'existence de cette édition traduite, mais voyez vous, je suis à la recherche de vieilles éditions de l'ouvrage, pour ma collection personnelle. J'ai bien peur que les librairies de ce coin ne disposent pas de ce que je cherche en matière de livres, malheureusement. Voilà pourquoi je préfère prendre la peine de me faire importer les ouvrages d'Europe. Après pour ce qui est de la bibliothèque,je ne l'ai jamais vu ouvrir ses portes.

De plus, il n'avait pas un amour exceptionnel pour les bibliothèques. Une vieille histoire personnelle en effet, qui lui avait valu de gagner une fragilité à vie à sa pauvre jambe droite...

Voilà pourquoi j'aimerai une traduction, à part bien entendu, de cet ouvrage. Et au vu de sa valeur, j'aimerais que vous fassiez attention en le manipulant par pitié, je ne met pas en doutes vos méthodes de travail, mais je préfère m'assurer que je retrouverai mon bien en un seul morceau. Puis, comme je vous l'ai dis, l'argent n'est pas un problème, je suis prêt à vous payer pour chacun des mots de ce livre, alors n'en oubliez pas un.

Répondit-il, en prenant au passage une gorgée de plus de son soda, avant de poser le verre devant lui, et de sortir de sa poche de costume sa paire de lunette de vue.

Il était vrai que Anthony avait des moyens étranges de dépenser son argent... Après tout au lieu de faire appel à une traductrice, il aurait pu tout simplement comme il y avait pensé en premier lieu se recommander une nouvelle édition. Mais ce livre en plus aurait fait tache dans ses étagères. Et puis, pourquoi faire simple quand on pouvait faire compliqué ? Tony n'était décidemment pas du genre à faire comme tout le monde. Voilà pourquoi il préférait demander en personne à la traductrice de s'occuper de son cas. Et puis si il y a une telle traductrice en ville, autant en profiter pour faire fonctionner son établissement, non ?

Avec tout l'argent dont il avait hérité, Anthony pouvait bien se le permettre. Et puis ce n'était pas comme si le livre en question était épais. Ce n'était qu'une pièce de théâtre. Ce n'était pas comme si il avait donné un gros roman bien épais à traduire. La, même lui aurait commencer à s'inquiéter du prix...
Anthony sourit à son compliment au sujet de son livre. Avec tout le mal qu'il s'était pris pour se le procurer sur ce fameux site de vente en ligne, il était bien heureux quelque part que quelqu'un s'y intéresse.

Oui en effet, cette édition est la plus ancienne que j'ai trouvée en vente. Malheureusement, les éditons originales ne sont pas disponibles en vente. Le livre en ma possession n'est pas un modèle unique, mais il est quand même rare, il provient d'un vendeur privé européen qui a bien fini par accepter de me le céder contre une somme convenable.

Tony avait parfois une âme de collectionneur quand il avait un petit coup de cœur sur un ouvrage particulier, capable de se lancer dans de bonne négociation pour avoir ce qu'il voulait. Il pouvait à ce moment la se montrer très têtu...

Pas de soucis pour le scan. Je préfère en effet pouvoir rentrer chez moi avec mon livre. Pas que je ne vous fasse pas confiance, c'est juste que voir ce trou dans l'étagère de ma bibliothèque, symbole de l'absence d'un ouvrage m'a toujours ennuyé. Ne vous en faites pas, j'ai beau apprécier le travail rapidement fait, je suis tout de même conscient que traduire tout cela en une journée est physiquement impossible.

Même si Anthony espérait intérieurement obtenir sa traduction en moins d'une semaine. Il essayerai de se montrer patient pour une fois...

Lorsque Anthony s'exprimait, pour exprimer n'importe quelle idée, ou parler à propos de n'importe quel sujet, il avait toujours tendance à pointer en premier l'évident, avant d'élargir son champ de parole. En effet, parlant d'un livre avec une couverture bleue, et il commencera par souligner la couleur bleu de la couverture en question alors que bien entendu, son auditoire, quel qu'il soit, se rendait bien compte que la dite couverture était bleu. Mais c'était quelque chose qu'il aimait. Non pas parce qu'il aimait entendre le son de sa propre voix comme certain, c'est juste qu'à ses yeux, tout détail, même infiniment précis, à une certaine importance à ses yeux.

Je comprends parfaitement de quoi vous voulez parler. Mais après tout, l'édition, la couverture, tout cela n'est que décoration. Le véritable cœur de l'ouvrage réside dans les lignes qu'elle contient, et qui sont les mêmes, quelque soit le prix que l'on est prêt à y mettre.

Souligna-t-il, en passant un main dans ses cheveux, alors qu'il terminait d'une grande gorgée son verre de soda. Après tout, ce qu'il disait, il en était parfaitement conscient, du fait qu'au final, quel que soit l'édition, le plaisir de la lecture est le même. Mais Anthony trouvait toujours cette petite magie dans la lecture d'une œuvre dont il sentait la vieillesse des pages à chaque fois qu'il les tournaient... Plus un petit bonus qu'il se permettait de s'offrir au vu de son compte en banque...
Alors qu'il l'observa en silence se mettre à l'œuvre pour le scan de son livre, il acquiesça en silence du regard ses paroles. Elle avait raison, surtout qu'il ne savait pas du tout combien de temps une telle machine mettrait pour scanner sa pièce. Bien que cette dernière ne contenait qu'un nombre de page réduit par rapport à se que pouvait contenir un bon roman, il imaginait bien le temps que pourrait prendre la machine si elle devait scanner chacune des pages à l'écran de l'ordinateur.

Oh ne vous en faites pas, il y a peu de chance que je le devienne par votre faute madame Romanov !

S'exclama-t-il plutôt joyeusement, bien qu'il hocha un sourcil aux derniers mots de la traductrice.
Mais bon, il n'était pas exigeant au point de lui sauter dessus dès la première occasion en entendant qu'elle ait reçu de nouveaux clients depuis sa visite. Ce serait être extrêmement possessif et égoïste que d'agir ainsi. Anthony avait beau être beaucoup de choses, il n'était pas égoïste, enfin, il espérait ne pas l'être...

Après avoir sortit de sa bouche plus d'une vingtaine de mots sur les livres et sur les différences entre les multiples exemplaires d'un même livre que l'on pouvait trouver à travers le monde, il s'attendait à une réaction différente de sa part. Il lui semblait qu'elle aurait plus était du genre à poursuivre le débat d'une certaine façon, mais non, elle s'était uniquement contentait de répondre en utilisant seulement trois mots. Ce qu'il fallait l'avouer, avait un peu déçu Anthony. Mais il n'allait pas faire un drame pour cela. C'était même plutôt prévisible, elle ne partageait pas forcement un intérêt comme le sien pour les débats.
Dans la liste des nombreuses choses anodines que Anthony Scarecrow aimait, il y avait les débats. Depuis le début de ses études, le futur avocat avait toujours été passionné par les cours de philosophie. Cette possibilité de pouvoir ouvrir son esprit, débattre sur de nombreuses pages sur des choses à première vue anodines, c'était parfaitement le domaine de Tony.

Mais en remarquant le regard qu'elle avait lancée en direction de sa bibliothèque au moment où elle disait ses trois mots, Anthony songea peut être qu'elle regrettait un peut être le fait de ne pas elle aussi être en mesure de s'offrir les couvertures qu'elle aurait aimée avoir pour ses livres, et qu'elle devait juste se contenter du contenu, comme il en parlait justement. Ce regard rapide en direction de la bibliothèque aurait échappé à de nombreuses personnes, mais pas à Tony...

Excusez moi, je ne voulais à aucun moment vous offenser en vous appelant ainsi !

Répondit-il, légèrement amusé par la réaction directe de la demoiselle donc à ses paroles. Tiens, en fin de compte, il n'était pas le seul à être intransigeant sur certains petit détails de ce genre. Si il l'avait appelé Madame en premier lieu, c'était parce qu'il n'aimait pas le fait de distinguer chez les femmes les demoiselles des dames, alors que cette distinction était inexistante chez les hommes. Mais encore ici, c'était son point de vue particulier sur la chose.

Merci, c'est très aimable à vous !

S'exclama-t-il en souriant alors qu'il récupérait son fameux livre, qui était la source de sa venue ici. Et maintenant ? Il n'avait plus aucun intérêt réel à sa présence ici, mais voyant que sa traductrice c'était rassise en face de lui, et n'avait pas finie son verre, il jugea impoli de partir tel un voleur une fois son objectif atteint...

Anthony avait les yeux fixés sur son ouvrage depuis que sa traductrice fraichement embauchée lui avait rendu. Une fois son ouvrage dans ses mains, il se refusait de s'en séparer. Réellement, les livres faisaient partis des objets de sa maison qu'il chérissait le plus. Rien que le fait de sentir sous ses doigts la vieille couverture de l'ouvrage le détendait. Mais au bout d'un moment, il finit par mettre le livre de côté, afin de pouvoir s'installer dans une position beaucoup plus confortable, penché en avant sur ses cuisses, ses bras au niveau des genous. Penché en avant ainsi, il en profita pour s'étirer discrètement le dos et se redressa, son regard maintenant planté dans celui de Anastasia.

Il n'avait pas trouvé que ce que la jeune femme avait dit été ridicule, au contraire, c'était plutôt intéressant de son point de vue. Mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour en placer une que la rousse avait enchainée sur leur affaire. Qu'elle rapidité ! Pensa-t-il un instant. Lui qui parlait avec une telle vitesse de manière générale, voilà qu'il n'avait même pas eu le temps de placer un petit commentaire de rien du tout... Mais bon, en même temps, il voyait bien qu'elle était un peu gênée de ses paroles précédentes, d'où son sourire plus maladroit qu'auparavant.

Hum, je vois, merci

Souffla-t-il en ressortant ses éternelles lunettes qu'il passait son temps à enlever et à remettre en fin de compte. Mais bon il n'avait pas trop le choix, elles lui étaient indispensables pour la lecture, mais pourtant, il n'aimait pas porter des lunettes de vue...

Vous avez une préférence au niveau du moyen de paiement, Mademoiselle ?

Demanda-t-il alors, relevant la tête du papier. Décidément, il n'y avait que Tony pour demander à la traductrice qu'elle moyen de paiement elle préféré. En général, le client était bien trop heureux de pouvoir payer comme il en avait envie. Mais Anthony lui, il s'en fichait. Il avait justement posé cette question pour avoir un avis extérieur parce que lui même n'était pas en mesure de trancher au niveau de la question... Il avait au passage fait bien attention pour remplacer son habituel "madame" par une "mademoiselle" cette fois-ci...

Décidemment, à chaque vois qu'il se décidait à faire quelque chose, la chose en question prenait un aspect particulier. En effet, quand il allait dans une boutique pour acheter des choses, il avait toujours sa façon bien à lui de rester de longues heures dans les rayons, à observer toutes les boites de conserves avant de finalement en acheter une. Et pas souvent la moins chère. La plupart des gens qui mettent du temps à choisir dans des rayons, c'est en raison du fait qu'elles ont tendances à comparer les prix de chaque article minutieusement. Mais non, pour Anthony, c'était juste pour le coup d'œil, et son critère de choix ? Il n'en avait pas vraiment. Il prenait une boite au hasard. Car pour lui, toutes ses boites, quel que soit le prix, contiennent en fin de compte la même chose. Tant que c'est mangeable après tout ?

Même là, quand il faisait affaire avec une professionnelle, il y mettait sa petite chose personnelle qui faisait de ses affaires des choses ou mémorable par leur étrangeté, ou par leur originalité. Car oui, aussi étrange que ça puisse paraitre, certaines personnes arrivaient tout de même à le quitter avec une vision positive de lui et ses manies. Elle étaient peu, mais elles existaient.

Je vois, dans ce cas, je paierais par virement bancaire ! Ne vous en faites pas pour le délais. Je vous paierais la somme entière dès que vous auriez fini votre traduction. A moins que vous souhaitez être payé un peu plus tôt pour vous motiver ?

Sourit-il à la jeune femme se penchant un peu plus en avant vers la table se préparant pour le moment où elle lui tendrait un stylo pour qu'il puisses signer. Mais ce moment ne vint pas. Ou enfin, pas tout de suite. A la place, elle lui proposait un verre de plus de sa boisson favorite. Enfin pas exactement favorite, car de manière générale il n'était pas si friand que ça des boissons pétillantes, mais il n'allait pas se plaindre.

Avec plaisir, je vous pris.

Répondit-il alors en lui tendant poliment son verre vide.