Enfant perdue, besoin d'aide (fb) x Garett

Enfant perdue, besoin d’aide

Elsa & Garrett

Quel temps de chien ! Un vrai déluge. Depuis le début de l’après-midi, une pluie battante crépitait sur le sol de Storybrooke. De gros nuages noirs rendaient le ciel aussi obscur qu’en pleine nuit. Pas un temps à traîner dehors. Surtout que l’orage commençait à se joindre à la fête. Affublé d’un blouson en cuir qui avait connu des jours meilleurs, par dessus un sweat à capuche, je rasais les murs pour me protéger au mieux de l’averse. Les mains dans les poches de mon jean, je fonçais tête baissée vers un abri pour dormir. Mes squats habituels étaient soit occupés, soit inondés, leur toiture laissant passer la pluie. Pas génial. Il ne me restait plus qu’un seul endroit : ma piaule. Une chambre de bonne dans les combles d’un vieil immeuble, qui n’avait d’appartement que le nom. Un matelas posé à même le sol, un frigo de chambre d'hôtel, une salle de bain minuscule et une cuisinière à gaz qui fonctionnait quand ça lui chantait. Et voilà. Un petit nid douillet. Mais ce n'était pas spécialement l'état lamentable de mon chez-moi qui me rebutait. C'était surtout vieille sorcière acariâtre qui me servait de propriétaire. Elle logeait au rez-de-chaussée et guettait la moindre de mes venues pour me harceler avec son foutu loyer à payer. Comme si j’avais assez de fric à dépenser dans ce taudis. Elle pouvait déjà s’estimer heureuse d'être tombée sur un locataire comme moi, qui la laissait tranquille. Vieille peau. Ceci expliquait la grande joie qui m’habitait à l'idée de retourner dans mon appartement. Mais si je restais dehors j’allais finir trempé jusqu’aux os. Et bien que ma condition de puma me donnait une forte résistance aux maladie, je voulais quand même éviter de me choper la crève bêtement.

J'étais en train de grommeler intérieurement contre cette foutue tempête de mes deux, capuche rabattue, quand on me percuta de plein fouet. Sous le choc, la personne qui venait de me télescoper faillit tomber à la renverse. Ouch… Pardon, je ne vous avais pas vu. Je suis à la recherche d’une de mes élèves qui s’est enfuie de l’école. Et surtout, faut pas que je panique. Une blonde aux yeux bleus à l’air un peu farouche se tenait devant moi. Je ne l’avais jamais croisée. Elle ne devait donc pas traîner dans “mes” quartiers. Elle ne me semblait pas très à l’aise, comme si elle craignait quelque chose. Peut-être était-ce en rapport avec le fait qu’elle ne devait pas paniquer. Bizarre. Balayant ces interrogations de mon esprit, je me contentai de l’essentiel : une gamine était paumée dans la ville et, par un temps pareil, il fallait la retrouver au plus vite. Chaque minute était précieuse. Je ne me souciais pas des problèmes de autres, chacun sa croix comme on dit, mais je ne pouvais pas rester sans rien faire et tracer ma route comme si de rien n’était. La pauvre gosse devait être complètement affolée. Vous pouvez m’aider ? Un sourire espiègle se dessina sur mes lèvres. Ce n’était même pas la peine de demander, j’avais déjà pris ma décision. Vous faites pas de mouron m’dame, commençai-je de ma voix grave et chaude, tout droit venue des terres du grand Ouest, on va la retrouver votre élève. La ville est pas très grande, elle a pas dû aller bien loin. Venez. Je traversai la rue en courant, en direction du Granny’s. Lorsque l’on se perd, on part à la recherche d’un endroit chaleureux et accueillant. Et l’auberge correspondait tout à fait à ce genre de lieux. Malgré tout, quelque chose me disait que nous n’allions pas mettre la main sur la gamine aussi facilement. Je ne voulais pas inquiéter plus que ça l’institutrice, aussi gardai-je mes soupçons pour moi. Sans cette fichue pluie, j’aurais pu aisément remonter la trace de la môme, mais l’eau brouillait les pistes. Il fallait que je m’approche assez pour pouvoir flairer son odeur. Au fait, moi c’est Garrett, dis-je en me retournant vers la blondinette, et vous ? Il paraît que se présenter aide les gens à se calmer et à être en confiance. J’avais déjà vu ça à la télé, dans ces séries policières au nombre infini d’épisodes.

Enfant perdue, besoin d’aide

Elsa & Garrett

Après m’etre présenté à l’institutrice, celle-ci me souria et me répondit : Je m’appelle Elsa. Enchantée de vous rencontrer. Je n’avais pas l’habitude que l’on me vouvoie. Ça me faisait bizarre. Cette fille devait avoir reçu une bonne éducation. Du moins, meilleure que la mienne. Mais ça, ce n'était pas bien compliqué. Je me demande si ce sera si simple de la retrouver, continua-t-elle. Je ne dis rien. J’avais déjà une petite idée de la réponse, et ça n’allait pas lui plaire.
Une fois arrivé dans la salle du Granny’s, je ne pus qu'apprécier la chaleur de l’auberge. Il y faisait bon, et la délicieuse odeur en provenance des cuisines me rappela que je n’avais rien avalé depuis ce matin. J’avisai un plat de pancakes posé sur le comptoir, sans aucune surveillance. Ce serait bête de laisser cette assiette dans cet état... La capuche de mon sweat n’étant pas très imperméable, je dus m’ébrouer comme un animal pour chasser le surplus d’eau de mes cheveux. Passant une main dans ma tignasse, je la domptai comme je pus, histoire d’éviter l’effet “puma mouillé”. J'étais en société, je devais me tenir un minimum. Puis, j’inspectai d’un rapide coup d’œil l'intérieur du restaurant. Il y avait bien quelques clients, mais pas l’ombre d’une gamine. Sauf si la gamine en question avait la soixantaine passée, des lunettes aussi grosses que des loupes et une passion dévorante pour le tricot. Ce qui m'étonnerait beaucoup. Je vins à la rencontre d’un serveur qui nettoyait le comptoir. ’scusez moi, vous auriez pas vu une petite fille ? Elle s’est perdue et son instit’, j’indiquai la dénommée Elsa de la tête, la cherche. Le type m’assura qu’aucun gosse n’était entré au Granny’s depuis midi. Je me pinçai les lèvres. C'était ce que je craignais : la petite était dehors, dans le froid et certainement déboussolée. Ce que je redoutais par dessus tout était qu'elle fasse une mauvaise rencontre. Pour peu qu'elle se soit perdue dans un mauvais quartier, qui sait ce qui pourrait lui arriver ? Il fallait se dépêcher. Tant pis, je n’avais pas d’autre choix, je devais essayer de la repérer à l’odeur malgré la pluie diluvienne qui s’abattait toujours sur la ville. Je me tournai vers la blondinette : Vous auriez pas quelque chose qui appartient à votre gamine ? Je vais tenter un truc. Je n’aimais pas trop exposer mon côté “félin” au grand jour, mais aux grands maux les grands moyens. Ce n'était clairement pas le moment de faire sa diva. Je restais le plus calme possible. D'une parce que je n'étais pas de ceux qui s'inquiètent facilement, et de deux parce que je voulais éviter de faire paniquer Elsa inutilement. Mon petit doigt me disait qu'il valait mieux qu'elle ne s'affole pas trop.