Une femme devrait toujours savoir se défendre seule... [PV Leÿlin]

Comme tous les vendredis après-midi quand il n'était pas entrain de suivre quelqu'un ou d'être en planque, Valentin se dirigeait vers le complexe sportif. Il y donnait des cours d'auto-défense et d'arts martiaux. Le premier cours était surtout dispensé aux femmes et adolescentes et le second était plus mixte. Il ne s'était pas attendu à un tel succès... De base, ces séances avaient été mises en place parce qu'il en avait eu assez de voir des petites agressions et des femmes battues aux informations. Lui qui respectait la femme, il n'admettait pas que l'on puisse leur cogner dessus. La solution s'était donc imposée à lui, tout naturellement. Le brun mettait ainsi ses compétences et sa volonté d'aide au service des autres.

Alors qu'il longeait la tour de l'horloge qui s'était mystérieusement remis en marche, une ombre dans une ruelle adjacente attira son attention. Prudent, sans doute à cause de son métier de détective privé, il entra à son tour dans la petite rue. Cachée derrière une grosse poubelle, une silhouette fine se dessinait dans la semi-obscurité. Avec un soupir, il cala ses mains dans ses poches de derrière, ne sentant aucun danger.

- Sors de là ! Ordonna-t-il d'une voix calme.    

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La veille au soir, Leÿlin s’était une fois encore endormi dehors après une soirée à faire la fête, l’alcool lui avait fait jeter des œufs sur les vitres de ses parents avant qu’elle ne détale quand son père était sorti en lui hurlant de revenir ici, sans doute prêt à lui coller une rouste s’il lui mettait la main dessus. En fait, elle avait encore mal au bras de la pression que ce dernier avait exercé pour l’attraper et quand des bruits de pas se firent entendre, la jeune femme se reculait, cachée dans l’ombre pour ne pas se faire voir. Les gens de la ville la jugeait sans la connaître, bêtement, la nature humaine… en revanche, si elle tombait sur Killian ou Graham, ils allaient lui poser des questions et elle allait encore s’énerver, leur dire d’aller se faire voir chez les autruches, et s’en vouloir ensuite. Pourtant, la voix qui s’élevait n’était pas à l’un des flics, elle ne connaissait pas cette personne, cette nuance dans la voix et haussait un sourcil. Qui était-ce ? Généralement les gens passaient sans la voir, ou en faisant semblant en tout cas. Sortir de sa cachette ? La brune penchait la tête, hésitante, en train de jauger l’étranger avant de se dire qu’il n’avait pas la tête d’un malade mental et de quitter l’ombre étant sienne, enfin, de quelques centimètre seulement.

« Vous êtes qui ? C’est mon père qui vous envoie ? Si oui, dites-lui d’aller se faire foutre. »

On ne sait jamais quand même, il manquerait plus que ça, surtout que si le coup de pieds dans les boules marchait très bien avec son père, il ne fallait pas espérer que tout le monde soit aussi stupide. Ce qu’elle fit remarquer tout haut :

« Quoique non… vous n’avez pas l’air assez bête pour fréquenter un tel crétin. »
 

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En patientant, Valentin réfléchissait aux différentes personnes qui pourraient surgir devant lui quand la silhouette se serait exécutée et cesserait donc de se cacher. Il n'y avait pas beaucoup de choix, Storybrooke n'ayant pas vraiment de sans abris... Cependant, une jeune fille traînait souvent dans la rue, saoule. Ici, on s'était habitué à elle et on ne lui prêtait plus attention. mais le détective avait essayé une fois de l'approcher, sans succès. Le shérif et son adjoint avaient eu plus de chances. Sans doute avait-elle été trop ivre quand ils l'avaient attrapé...

Son intuition fut confirmée quand elle se redressa et apparut devant lui. Cependant, le brun ne s'était pas du tout attendu à un tel accueil. Être associé au père de la gamine semblait être l'insulte ultime pour elle, alors forcément, il ne le prenait pas très bien... Mais elle se rattrapa vite, arguant qu'il n'avait pas l'air assez bête pour traîner avec son paternel.

- je te remercie, j'apprécie le compliment ! Répondit-il, amusé. Puis alors qu'elle s'approchait un peu, il remarqua ses bras découverts... Et les traces de marques dessus. Son regard se ferma et il prit la mesure du pourquoi elle ne supportait pas son père... Je m'appelle Valentin. Et effectivement, je n'ai rien à voir avec ton père. Dit-il tout de même, histoire de bien lui faire comprendre qu'il n'était pas de ceux qui cognent les enfants et ados.

Des cas de maltraitances, il y en avait peu à Storybrooke. Alors forcément à chaque fois qu'on en découvrait un, cela prenait une tournure trop intense à son goût, comme si les gamins avaient besoin de cette attention sur eux et ce qu'ils avaient vécu...

- Tu devrais venir avec moi. Dit-il après avoir réfléchi. Je vais au complexe sportif... Je pourrais te trouver des vêtements et tu prendrais une douche... Avant de venir me rejoindre pour prendre une leçon qui te sera utile...

Autant être franc avec elle. Même s'il avait laissé un peu de mystère en ce qui concernait la leçon, Valentin s'était montré clair : douche + vêtements + leçon. Rien d'autre. La morale, les reproches, ce n'était pas à lui de les faire.    

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Leÿlin était toujours très franche avec les gens, ce qui pouvait parfois lui attirer des ennuis. Mais cette fois, l'homme en face d'elle semblait du genre assez aimable et venait de comprendre sans la moindre peine que ce qu'elle venait de dire était un gros compliment, puisque pour les personnes qu'elle détestait, elle sortait plus un truc du genre : 'eh beh... apparemment le géniteur a trouvé un élève à former, les cons envahissent la ville.' ou un truc de ce genre. Lui non, il appréciait et en plus embrayait pour lui proposer de venir... au complexe sportif... ? Pas qu'elle n'était pas la fille sportivement active – tout dépendait le sport en fait, mais chut, c'est un secret – mais disons que la dernière fois qu'elle a suivit un cours de gym remontait à avant sa fugue, soit un petit moment déjà. Un instant hésitante, la plus jeune lui serrait la main et pesait le pour et le contre en son for intérieur. En un sens... prendre une douche et avoir quelque chose de propre à enfiler ne pourrait pas lui faire de mal... seule la leçon la laissait en fait dans le flou le plus complet. Il n'allait pas lui apprendre à lire quand même ? Elle était peut-être une vagabonde mais croyez-le ou non, elle savait faire cela toute seule, comme une grande ! Bah... pourquoi se poser trop de questions de toute manière, au pire, elle pouvait déjà y aller pour les fringues et la toilette, puis se sauver en mode : ni vu ni connu, plus communément appelé : NINJAAAAAAAA !

Un léger signe de la tête en mordant nerveusement sa lèvre, la jeune femme finissait quand même par se présenter, comme l'exigeait la politesse, d'une petite voix qui lui donnait envie de se coller des baffes.

- Si vous voulez oui. Au fait, je suis Leÿlin Jones... et ouais, c'est dingue j'ai un nom, contrairement à ce que les gens d'ici ont l'air de penser en m'appelant : 'l'autre' ou 'la fille là'. Mais... qu'est-ce que vous entendez par leçon... ? Si ce sont des math, je vous préviens c'est même pas la peine... je déteste les chiffres !

Sans déconner, la dernière fois qu'elle avait fait un contrôle de cette matière elle avait 5... dans les bons jours. Enfin, cela ne l'empêchait en tout cas pas de suivre ce Valentin vers le centre sportif, il fallait dire que sa curiosité la poussait toujours à suivre les gens quand on titillait son intérêt. Puis cela fit tilt dans sa tête, à force de chercher où elle avait déjà entendu ce nom – car dans la rue, on en entend des choses.

- Ah mais oui ! Vous êtes le type qui donne des cours de défense c'est ça ? J'ai entendu des gens en parler, certains n'étaient pas vraiment pour d'ailleurs, je vous laisse deviner quelles personnes en particulier, ceux qui ne pourront plus emmerder les plus faibles du coup. Apparemment vous faites du bon boulot, et croyez pas, c'est pas un compliment, j'en fais jamais.

Question d'honneur, même si s'en était en fait un.

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L'attitude assez relax de Valentin sembla convaincre un peu plus la jeune fille qu'il n'était pas un abruti comme ce père qu'elle semblait détester. Un bon point pour lui apparemment donc. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Parce que l'asiatique se considérait comme un homme d'honneur qui accordait du poids à des valeurs fondamentales. Le respect des femmes était de celles-ci... Il avait du mal à comprendre comment une gamine qui avait l'air sympa comme elle pouvait se retrouver dans la rue à boire et à se shooter peut-être aussi... Bah, en même temps, il n'était pas là pour ça... Elle était assez grande pour se débrouiller. Le détective allait juste lui donner des moyens d'améliorer son quotidien.

- Jones ? T'es de la famille du shérif adjoint ? Demanda-t-il en arquant un sourcil. Les gens ont une sacrée mentalité de puritain... Je me fiche de savoir ce que tu fous-là. T'es assez âgée pour faire tes choix, ça te regarde. Déclara-t-il en haussant les épaules. Ah non, certainement pas ! Lui répondit-il en riant quand elle lui demanda s'il allait lui donner des cours de maths. Suis-moi et tu verras bien de quels cours il s'agit. Fit-il en lui lançant un sourire en coin.

Ils se mirent donc à marcher, dans un silence confortable, chacun plongé dans ses pensées. Valentin se demandait par où il allait devoir commencer avec elle. Déjà, il lui faudrait la tester... Voir si elle savait d'instinct donner des coups ou pas. Le punching-ball lui serait utile, lui qui ne l'utilisait que rarement. Mais avant toute chose, il allait devoir lui trouver un peu de nourriture et des vêtements. C'était peut-être les points les moins compliqués de la mission qu'il venait de se donner en la prenant comme élève. Enfin, si elle restait...

- Exact. Ça parle beaucoup dans la rue... Remarque, ce n'est pas pour rien, vu que je ne fais pas payer les leçons que je donne... Expliqua-t-il. Ouais je sais. Ils m'ont bien fait rire d'ailleurs à essayer de m'en empêcher... Cela ne m'a fait que persévérer. Un peu comme toi en fait... Tu te fous de l'opinion des gens et c'est très bien ainsi... Et non, je ne te complimente pas, je ne fais pas de compliments non plus... Répliqua-t-il en souriant légèrement. 

Cette fille était assez mystérieuse. Et assez rebelle. Un cocktail détonnant qui avait le don de plaire à Valentin. La suite s'annonçait donc intéressante...

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Un sourire venait orner les lèvres de la jeune Jones en entendant Valentin lui demander si elle était de la même famille que le shérif adjoint. Les gens se posaient souvent la même question, avant de se souvenir que le bougre avait perdu sa femme et sa fille, et de l'accuser de vouloir remuer le couteau dans la plaie de l'homme, alors qu'elle ne lui avait 'piqué' son nom que parce qu'il était réellement cool. Enfin... ce n'était rien maintenant et le brune rétorquait avec un petit sourire :

« Non, nous ne sommes pas de la même famille, mais il s'entête à vouloir me faire vivre chez lui avec miss Lake, il se comporte réellement comme un père alors je lui pique son nom, et comme il ne connait pas le vrai et que je ne compte pas lui dire, il ne pourra pas tenter de me renvoyer chez mes parents. C'est un plan tordu mais efficace. »

Enfin déjà il n'allait pas lui donner de cours de math, donc elle n'allait pas se plaindre et plutôt sagement suivre ce que l'autre, Valentin, avait à lui proposer. Il était cool, donc elle n'allait certainement pas faire sa chieuse avec lui, ce qui ne serait sans doute pas le cas avec un autre, non les autres elle... leur faisait voir la vie en couleur, haute définition.

« Vous ne faites pas payer ? Pas étonnant que ça ait fait jaser alors, tout le monde est tellement habitué à devoir sortir de l'argent pour tout et n'importe quoi, même aller aux toilettes c'est payant dans certains endroits, et c'est ridicule d'ailleurs, surtout quand c'est crade. Mais vous avez un bon esprit, j'aime bien l'idée de continuer justement parce que ça emmerde les gens. »

Façon de parler en tout cas, et en arrivant à la salle de sport Leÿlin jetait un regard partout autours d'elle, elle n'était jamais entré ici et se disait que refaire du sport allait sans doute lui faire bizarre. Déjà qu'en promenant un chien qui tirait trop fort elle se découvrait des muscles qu'elle ne se connaissait pas... alors reprendre à proprement parler... ? Ça allait être du sport... au propre comme au figuré d'ailleurs.

« Hem au fait, je restais vous aider à tout ranger à la fin, je n'aime pas réellement qu'on me rende service sans rien faire en retour, donc ce sera ma manière de dire merci, et de ne pas me sentir redevable même si vous le faites bénévolement de base. »

Oui, malgré son caractère à la con, elle avait tout de même des principes.

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Leÿlin lui expliqua avec un sourire mutin que non, elle n'était pas de la même famille que le shérif adjoint. Mais que comme celui-ci s'évertuait à vouloir la faire habiter avec lui et la romancière et qu'il se comportait comme un père avec elle, elle lui avait piqué son nom, afin de cacher sa réelle identité et de l'empêcher de retrouver sa véritable famille. Futé. Un peu risqué parce que si quelqu'un la reconnaissait alors qu'il connaissait sa famille, le plan échouerait. Mais très malin, il fallait le reconnaître.

- Un peu risqué, mais futé, chapeau ! Lança-t-il avec une petite lueur admirative dans le regard.

Cette gamine était débrouillarde et c'était tant mieux pour elle. Vivre dans la rue, même à Storybrooke, n'était pas quelque chose de simple et d'évident à longueur de journée. Et de nuit. On n'était jamais à l'abri de rien quand on vivait dehors, Valentin le savait assez, vu que parfois, il était obligé lui aussi de vivre à la rue. Cela faisait partie du boulot, alors il le supportait un peu mieux que les autres pour qui s'étaient la seule vie connue...

- Les chieurs sont toujours ceux qui râlent le plus... Si je faisais payer, on me râlerait dessus. Et comme je ne le fais pas, ils ne comprennent pas et râlent tout autant. J'ai appris depuis longtemps à ne pas prendre en considération ce qu'ils peuvent penser. Seul compte ce que je veux faire et au final, mon projet a aidé plus de gens que je n'en aurais espéré en commençant. Alors pour moi, c'est que c'est la bonne méthode. Expliqua-t-il tout à fait sérieusement. Et si ça peut les faire chier, j'avoue que c'est un petit plus qui m'est fort sympathique. Ajouta-t-il avec une lueur ravie dans le regard.

Ils arrivèrent ensuite à la salle de sport et Valentin laissa la jeune fille faire le tour du propriétaire, seule. Lui, il s'occupa de lui trouver de quoi manger et se changer. Il avait assez conscience que pour ceux qui vivaient dans la rue, on n'accordait pas sa confiance à la légère et on ne se laissait pas emmener dans un endroit sans repérer une issue de secours. Donc le détective la laissa faire, trouvant que cela l'aiderait plus qu'une quelconque opposition. Quand elle revint vers lui et lui déclara qu'elle l'aiderait à ranger à la fin parce qu'elle ne voulait pas lui être redevable, il haussa les épaules.

- Tu fais ce que tu veux, je m'en fous. Je ne fais pas ça pour une quelconque reconnaissance. Si tu veux m'aider à la fin, ok il n'y a aucun souci. Mais te sens pas obligée. Déclara-t-il avec sérieux avant de lui fourrer les vêtements dans les mains et de lui mettre un sandwich au poulet par dessus. Tiens, de quoi manger et te changer. Les douches sont derrière moi, prends ton temps. Quand tu seras prête, on commencera l'entraînement.

Sur ces mots, il la laissa tranquille et alla préparer sa salle. Une fois celle-ci installée comme il le souhaitait, Valentin fit quelques tours de la pièce au petit trot, afin de s'échauffer un peu. Il allait y aller doucement pour cette première leçon avec Leÿlin... Mais les autres qui les rejoindraient, il allait les faire bosser et plutôt deux fois qu'une !

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La fierté de Leÿlin se trouva bien flattée par le compliment de l'asiatique concernant le caractère futé de son 'plan' afin de ne pas retourner dans sa famille, ce n'était après tout pas tous les jours qu'elle entendait pareille chose, et surtout qu'elle discernait une lueur légère d'admiration dans les yeux de quelqu'un la concernant. Le regard curieux, la brune se mettait à rire en entendant la façon très franche dont Valentin parlait des chieurs qui blâmaient ses leçons et tout le reste, pas de doute, il devait être un type bien et elle ne manqua pas de le faire remarquer.

« J'aime bien la façon dont c'est présenté, vraiment ! Et puis c'est vrai qu'emmerder le monde est assez drôle, en fait, ça devrait être reconnu comme sport olympique, vous ne trouvez pas ? Au moins, il y aurait pas mal de professionnels ! »

Bien évidemment, comme chacune des rares personnes ici lui voulant simplement du bien, Valentin n'attendait rien en retour et Leÿlin se trouvait assez gênée de ce fait avant d'aller s'installer dans un coin pour manger, puis de trouver le chemin des douches. Pour être honnête, elle avait un peu oublié ce que c'était que de l'eau vraiment chaude et qui détend, tout comme elle n'était plus dans la coutume de voir son reflet dans un miroir, alors autant dire qu'elle y passa pas mal de temps, constatant au passage combien elle avait changé encore dernièrement, avant de se décider à revenir dans la salle qui avait eu le temps de se parer du matériel nécessaire juste avant que tout le monde ne se mette au travail. Après s'être attaché les cheveux pour ne pas être gênée, Leÿlin imitait Valentin en faisant le tour de l'endroit, elle n'avait jamais réellement aimé le sport mais le fait de courir parfois dehors pour ne pas se faire chopper après un larcin l'avait au moins rendue un peu plus tolérante à ce genre d'échauffement, même si elle craignait toujours la poussée d'urticaire si jamais le mot « SPORT » était clairement dit sous son nez. Quand elle pensait être prête, la fille Jones allait se poser dans un coin où elle n'allait pas avoir à se mêler aux autres personnes qui venaient ici, elle savait bien que certains allaient avoir des préjugés en la voyant ici, comme son image d'ivrogne ou de toxico, alors autant ne pas les entendre directement marmonner sur son passage.

« Je dois commencer par quoi ? Pas des pompes j'espère, j'ai tenté le coup l'autre jour et je me suis écrasée au bout de dix secondes. »

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Valentin et Leÿlin allaient bien s’entendre s’ils continuaient ainsi. Ils avaient tous deux ce même esprit d’indépendance qui leur permettait d’envoyer chier les gens qui n’étaient pas d’accord avec eux ou leurs actions. L’asiatique avait clairement fait comprendre à la jeune fille qu’il n’avait rien à faire de l’opinion des gens et qu’il aimait même les taquiner là où cela les emmerderait le plus. En cela, ils se ressemblaient pas mal.

- À ton avis, tu serais médaillée d’or et moi d’argent ou l’inverse ? Demanda-t-il avec un brin d’humour.

L’idée n’était cependant pas mauvaise au fond… Mais le comité olympique ne parviendrait jamais à accepter une telle catégorie pour les Jeux malheureusement. Comme c’était dommage ! Ils le méritaient pourtant ! Entre temps, les deux compères étaient arrivés au gymnase. Valentin s’était débrouillé pour trouver des vêtements, de la nourriture et des produits de douche pour Leÿlin. Il lui montra la douche et lui assura qu’elle n’était obligée à rien en échange de ces petites aides quand elle lui annonça qu’elle resterait pour ranger avec lui.

Jamais il n’avait eu l’idée de lui demander quoi que ce soit. À dire vrai, qu’elle accepte son enseignement, c’était déjà pas mal en soi, vu qu’elle était complètement indépendante et méfiante surtout. Mais cela, il s’en accommoderait. D’ailleurs, puisqu’elle tenait à vivre dehors, mieux valait qu’elle garde intacte son indépendance et sa méfiance, cela lui permettrait de survivre.

Quand Leÿlin rejoignit le groupe, Valentin se passa de commentaires et mit tout le monde au travail avec l’échauffement. Tout d’abord, une petite course. Non que cela serve à grand-chose, mais au moins, les muscles seraient un peu chaud pour le moment où il faudrait donner des coups de pied. En attendant, l’asiatique laissa le groupe faire les exercices classiques tandis qu’il tendait des gants souples à la jeune fille. Ce n’était pas des gants de boxe, mais ce qu’il lui tendait, les boxeurs s’en servaient durant les entraînements. Puis il prit les siens et les mit devant lui.

- Frappe. Doucement pour commencer, histoire que tu te familiarises avec les gants et que tu ne te blesse pas aux bras. Enchaîne le droit, le gauche, alterne. Bref éclate-toi. Et quand je te le demanderai, tu penseras à un truc qui te mettra bien les nerfs, histoire que je puisse juger un peu de ta force. Lui expliqua-t-il.

Puis Valentin attendit, impatient de savoir ce que tout cela allait donner.

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Yeah ! Il avait de l'humour et aussitôt un petit sourire vint orner les lèvres de la brune qui se jeta des fleurs, par principe et aussi un moyen de montrer qu'elle avait tout de même une sacrée dose de confiance en elle :

« Je serais médaillée d'or bien entendu. Il paraît que je suis la reine des emmerdeuses... mais je pense qu'on peut partager le titre au pire, un truc de garde alternée du grand prix. »

Enfin, elle préférait se taire et se préparer, fixant ensuite avec curiosité les gants qu'elle venait à enfiler. Elle n'en avait jamais vu de tel et écoutait les consignes lui étant données. Au fur et à mesure que les informations parvenaient à son cerveau, la jeune fille imitait le geste qu'elle devait exécuter, espérant ne pas faire trop d'erreur même si dans le cas contraire, la rectification lui était vite donnée pour corriger le tir. S'éclater en tapant quelqu'un, drôle de concept mais pourquoi pas ? Elle espérait juste qu'elle n'allait pas trop en faire quand Valentin lui dirait de penser à quelque chose l'énervant. Ce n'est pas pour rien que Leÿlin tentait de garder le plus possible son calme, quitte à encaisser les coups, elle s'était mise une seule fois dans une rage monstre de toute sa vie, et pour être honnête... elle s'était faite peur... comme si un monstre couvait en profondeur et ne demandait qu'à sortir. Si c'était le cas ? Si elle était incontrôlable et que Valentin décidait qu'il fallait l'enfermer ? Un instant, la peur de cette idée la paralysait mais elle secouait la tête, tentant de se reprendre alors que son bras gauche repartait en avant.

« Comment est-ce qu'on fait pour canaliser sa rage aussi ? Je veux dire... certains pètent les plombs en laissant tout sortir... ça se contrôle ? » finissait-elle par demander entre deux respirations, entre deux coups de ses poings.

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C’est avec un petit rire que Valentin accueillit la réponse de Leÿlin. Au moins, la gamine était réaliste, elle savait qu’elle était une chieuse et limite, elle le revendiquait ! Cette force de caractère, l’asiatique l’appréciait énormément, c’était avec ce genre d’attitude que l’on parvenait à atteindre les buts que l’on s’était fixé et à se sortir de la merde lorsqu’il fallait le faire. En somme, Leÿlin n’était pas un cas désespéré comme voulait le faire croire la bonne société de Storybrooke. Tant mieux, il n’aimait pas perdre son temps pour rien.

Finalement, ils n’avaient plus discuté ensuite, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent au gymnase. Là, Valentin avait abandonné Leÿlin, le temps que celle-ci prenne une douche, se change et mange un sandwich. Il en avait profité pour installer l’équipement pour la leçon d’aujourd’hui. Et quand les gens étaient arrivés, il les avait mis directement au travail, même Leÿlin quand celle-ci les rejoignit. Quand le détective estima qu’ils étaient prêts, il cessa l’échauffement et donna ses consignes. Puis il prit Leÿlin à part, parce que les autres le faisait chier avec leurs regards. Là, il fit enfiler des gants à la jeune fille et lui ordonna de taper.

L’hésitation qu’elle manifesta l’intrigua, mais il se contenta d’attendre. Le premier coup fut faible et vraiment pas empli d’énergie, mais le second le fut plus. Puis elle commença à enchaîner les coups, tout en lui demandant comment on faisait pour canaliser sa rage lorsque l’on commençait à frapper. Ah, c’était ça… Elle avait peur. D’elle-même. Valentin comprenait mieux le souci.

- Bien sur que ça se contrôle. Contrôle ta respiration. Ne te laisse pas aller, tu dois être concentrée. Pourquoi est-ce que je te fais faire cet exercice d’après toi ? Lui demanda-t-il.

Si cela se passait comme avec les autres, elle serait trop concentrée sur ce qu’elle répondrait pour laisser ses émotions la submerger. Dans le cas contraire, Valentin devrait trouver une autre solution pour qu’elle puisse contrôler ses pulsions.

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Peur d'elle-même ? C'était peu de le dire, elle avait déjà envoyé un mec plus large qu'elle – et capable d'assommer quelqu'un de sa carrure très facilement sans doute – à l'hôpital alors qu'elle perdait le contrôle de ses nerfs. Alors oui, elle avait peur et ce n'était pas près de s'arranger si elle ne trouvait pas un moyen de canaliser cette énergie négative pour faire quelque chose de bon. Valentin semblait comprendre son sentiment, il en donnait en tout cas clairement l'impression et la brune l'écoutait avec attention, étant assez dépitée par l'explication donnée pour tenter de se contrôler. Elle avait déjà tenté le coup de contrôler sa respiration une fois, ça n'avait fonctionné que dix secondes avant que la rage ne revienne au centuple et n'empire les choses.

Bref, rien de bien concluant en fait... et la preuve était qu'elle mettait en fait plus d'énergie encore en répondant, ponctuant chaque mot d'un coup qui s'avérait plus puissant que ce que l'on pouvait attendre de quelqu'un de sa carrure.

« Et quand ça ne marche pas ? Quand on a la concentration, j'ai un petit souci à ce niveau là, je ne peux pas me placer sur une seule chose à la fois, ma tête va trop vite, ou je sais pas quoi... je sais pas l'expliquer... et comme je suis toujours en colère... ça n'aide pas. »

Quand son esprit allait trop vite, elle avait mal à la tête et s'énervait plus facilement encore. Une fois, elle avait envoyé balader quelqu'un simplement à cause de cela... bizarrement, c'était assez mal passé... sans grande surprise pour la brune d'ailleurs. Et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres bien entendu.

« Tu peux rien faire hein ? Pas vrai ? »

C'était tellement logique à ses yeux... tout le monde abandonnait.
 

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La bataille allait être plus rude à gagner que ce que l’asiatique avait pensé au départ. Leÿlin avait un véritable problème de contrôle et elle le savait parfaitement. Cela lui faisait peur et sa peur alimentait son problème. C’était un cercle vicieux dont elle aurait dû mal à s’échapper si elle continuait à avoir aussi peu confiance en elle. Le détective était assez curieux d’ailleurs, il aurait bien aimé savoir d’où lui venait ce manque… Mais il n’était pas là pour l’interroger et lui avait promis de ne pas la faire chier alors bon…

- Tu es capable de contrôler tes pulsions tu sais ? Dit-il gentiment. Si la respiration et la concentration ne t’aide pas, il y a d’autres moyens… Mais tu vas devoir m’expliquer un peu plus ce qui provoque tes problèmes.

Rien de ce qu’elle ne lui dirait ne pourrait servir au brun. D’ailleurs, il n’était là que pour l’aider un maximum, dans la limite de ses moyens bien sur. Leÿlin était une élève plus compliquée que le reste de son groupe, mais il allait pouvoir l’aider normalement.

- Tu as raison. Dit-il avec un petit sourire en coin. Je ne peux pas t’aider. Toi seule le peux. Lui assura-t-il une nouvelle fois. Moi, la seule chose que je peux faire, c’est te donner des conseils. Comme celui de venir ici régulièrement pour te permettre de te défouler. Ton corps bouillonne d’énergie que tu ne laisses pas sortir. Sauf quand tu commences à t’énerver. Venir ici, ça te permettrait de laisser s’évacuer le trop plein d’énergie que tu possèdes. Un peu comme quand on laisse sortir la vapeur quand on cuit des trucs, pour ne pas qu’ils explosent. Bah là c’est pareil. Tu comprends ?

Au pire, si elle ne voulait pas venir ici, il parviendrait sûrement à lui trouver un autre endroit pour cogner sur un punching-ball… Ce ne serait pas bien compliqué à lui trouver !

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Leÿlin soupirait en écoutant l'homme lui prodiguer des conseils. Pas parce qu'elle s'en fichait, non, parce qu'une mèche de ses cheveux venait de lui tomber sur le nez, et elle se voyait mal s'intéresser à autre chose pendant que l'on lui parlait. Pourtant, elle souriait légèrement en entendant qu'elle pouvait se contrôler. Elle avait presque envie de lui demander si la marmotte mettait aussi le chocolat dans le papier d'alu, mais ce serait mal vu. Se servant de son poignet pour chasser finalement la mèche trop gênante, la jeune fille répondait :

« C'est délicat. Je m'énerve rapidement, pour tout et n'importe quoi... par exemple, je détestes qu'on vienne me dire si j'agis mal... qu'on vienne me demander ce que font mes parents, alors que je m'en fiche d'eux... qu'on juge mes paroles et mes actes. »

Qu'on la juge simplement en fait, et pour cela, la jeune femme s'énervait toujours, explosait même, car à ses yeux personne ne pouvait la comprendre, tout comme elle ne comprenait que peu de monde. Pas qu'elle ne s'intéressa pas aux gens pourtant, seulement, sa confiance modérée envers les adultes n'aidaient pas.

Par contre, être comparée à une cocotte minute – elle allait penser 'cocotte moineau' comme dans le roi lion – était assez étrange, et pour peux, elle allait demander si elle avait une tronche de fourneau, avant de se reprendre

Alors oui, elle pourrait venir. Elle pourrait s'arranger pour tenter de faire des efforts, même si l'idée de rentrer dans les clous la tendait un peu.

« Je comprends l'idée en tout cas. Je ne suis pas une casserole, mais je vois où vous voulez en venir et... si vous pouvez m'apprendre à arrêter mon poing juste un instant avant de casser l'os de quelqu'un, ce sera déjà très bien. »

 

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L’asiatique songea que la tâche serait bien plus compliquée que ce qu’il avait prévu. Leÿlin avait du mal avec l’autorité. Il l’avait déjà deviné bien sur, vu comme elle s’était comportée avec lui quand ils s’étaient rencontrés. Mais là, il avait la sensation que cela allait bien plus loin que cela. Ce n’était même pas un reste de son adolescence… Non, c’était un besoin qu’elle avait d’être libre et de n’avoir personne pour lui demander des comptes. La seule solution allait être de lui faire contrôler sa force. Et de la pousser à venir plus ou moins régulièrement pour se défouler.

- Tu accordes beaucoup d’importance aux gens Leÿlin, tu t’en rends bien compte ? Tu aimes les faire chier mais leur regard t’est plus ou moins important… Je suis parlé par là aussi tu sais ? Un asiatique dans une ville de purs américains, ça faisait défaut… Et je me suis souvent battu, parfois jusqu’à rendre mes adversaires paralysés durant quelque jours… Puis un jour, on m’a fait comprendre que ma vie serait bien plus simple si je commençais à me foutre du regard des gens. Lui raconta-t-il en croisant les bras. Cela ne fut pas facile. Mais chaque fois que j’avais besoin de cogner, je le faisais sur un punching-ball. Ça a duré des mois comme ça et puis au final… Et bien tu me vois là non ?

Elle allait devoir comprendre qu’il lui faudrait du temps pour arriver à se contrôler totalement. Son besoin de liberté serait toujours là, mais elle allait devoir s’astreindre à une discipline que peu de gens étaient capables de suivre d’eux-mêmes. Mais vu le fort caractère que la jeune fille avait, il y avait toutes les chances qu’elle réussisse !

- C’est bien, tu as conscience de l’un de tes problèmes. Tu ne contrôles pas assez ta force. Mais cela, ça peut s’arranger. Tu devras me faire confiance tu t’en rends bien compte ?

Il allait la faire chier longtemps, surtout avec les exercices de précision. Leÿlin allait se rendre compte qu’il pouvait être tyrannique. La question serait de savoir si elle allait avoir le cran d’aller jusqu’au bout du truc.

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