Sujet: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Lun 28 Mar - 11:57
Installé à une table assez en retrait dans le Rabbit Hole, une choppe de bière à peine entamée qui commençait déjà à laisser une auréole sur le bois, Niels contemplait en silence la photo au combien déchirée et rafistolée à plusieurs endroits. Elle ne lui appartenait nullement mais malgré tout il ne pouvait la quitter des yeux, comme cherchant à trouver des réponses aux questions muettes qu'il pouvait dès lors se trouver dans son esprit, comme si celle-ci faisait écho à son propre passé qui lui semblait si lourd à porter parfois. C'était présentement le cas en ce moment même, n'arrivant pas à réussir à appréhender la situation et ceci le déstabiliser quelque peu, lui donnant l'impression ainsi de perdre le contrôle d'une certaine manière alors que ceci était de base son fonctionnement même. Il tirait les ficelles des autres mais surtout les siennes, se voyant aussi bien comme le marionnettiste que comme un pantin plus évolué à la fois, chaque geste ou parole de sa part était calculé avec la plus grande minutie alors qu'il visualisait dans son esprit chaque situation possible pour s'y préparer. Pourtant il y restait un domaine dans lequel il peinait encore à faire semblant, où il lui était difficile malgré les apparences de rester dans le fond aussi stoïque et apathique qu'il aurait voulu, et c'était exactement ce que cette simple photographie faisait en grattant une plaie intérieure qui ne pourrait jamais cicatriser. Mais la douleur c'était ce qui lui faisait dire qu'il était encore en vie n'est-ce pas ? Il voulait y croire en tout cas, la seule chose à son sens qui le rattachait à sa nature humaine, parfois il pouvait en avoir des doutes mais qu'importe. De toute façon, il n'avait plus rien à perdre et le bout de papier qui avait en main lui rappelait alors le pourquoi de cette vision, ce qu'il possédait de plus cher lui avait été enlevé et même s'il tentait de se persuader que désormais ceci ne pouvait en aucun cas l'atteindre il savait pertinemment qu'il faisait que se leurrer lui-même. Depuis qu'il se souvenait de tout c'était peut-être plus difficile de vivre avec les démons du passé, parce qu'il ne supportait pas l'idée de n'avoir pas pu avoir certains précieux instants qui lui faisaient autant de bien que de mal, ils avaient tous plus ou moins été affectés et certains plus que d'autres.
Le marionnettiste en voulait pour preuve la propriétaire de cette photographie, elle était si différente durant l'effet du sort noir que le contraste était saisissant, Niels avait tenté de faire sortir de sa petite coquille fragile le potentiel que renfermait Aileas. Elle semblait si docile qu'il avait cru à l'époque qu'il pourrait en tirer quelque chose, cherchant à en faire une poupée avec laquelle il pourrait jouer ou même trouver un rôle plus intéressant par la suite, lui faisait miroiter le fait qu'elle aurait pu être si libre si c'était tout ce qu'elle voulait. Parce qu'il avait vu dans son regard le feu éteint qui venait de manière extraordinaire se ranimer lorsqu'elle s'occupait du club de tir à l'arc, la force et toute la détermination qu'elle pouvait bien mettre dans cette entreprise, il avait pu en conclure qu'elle n'était pas de nature première effacée mais qu'elle avait dû le devenir avec le temps. Comment était une bonne question mais il ne lui avait jamais demandé, pas assez proches pour se permettre de lui poser au risque de la voir se braquer totalement, alors que tout ce qui l'intéressait était de savoir ce qu'il pourrait faire pour venir créer chez elle une forme de reconnaissance à son égard. Il avait usé de sa patience et de ses petits tours de ficelles pour réussir à l'approcher suffisamment, cherchant à établir une forme de confiance assez relative vu qu'il ne la voyait pas autant qu'il aurait pu le vouloir mais qui lui permettait tout de même un petit suivit, cherchant alors à associer son image dans l'esprit de la jeune femme à celui d'une promesse d'un futur meilleur et sans entrave. Peut-être aurait-il pu y arriver à la longue, en tout cas le cheminement était en bonne voie, mais tout avait été gâché par le retour des mémoires et de la véritable nature de beaucoup. C'était le cas d'Aileas qu'il n'avait alors presque nullement reconnu tant le contraste de caractère était impressionnant, lui qui avait en main des simples petites braises s'était retrouvé face à un torrent de flammes tellement incontrôlable qu'il en devenait dangereux, comprenant rapidement qu'il ne pourrait plus rien en tirer de sa part tant viendrait tirer la moindre corde si facilement. Niels n'avait aucune envie de perdre son temps pour une cause qui ne l’amènerait nulle part, l'instabilité dont semblait faire preuve la rouquine lui faisait dire de rester loin de son périmètre, il ne voulait à aucun moment mettre en péril tout ce qu'il avait déjà construit car il était convaincu que si elle le voulait elle pourrait fragiliser son petit monde.
Aileas était devenue ainsi une plaie qu'il devait cautériser au plus vite, hors de question de la laisser à l'air libre sans réagir surtout si elle s'infectait, parce qu'il ne voulait aucunement prendre le risque qu'elle puisse venir lui poser des problèmes par la suite ou lui nuire. Il n'y avait qu'à voir la façon dont elle avait pu le rembarrer il y a de ça une ou deux heures, alors qu'ils ne faisaient que se croiser tout simplement dans la rue, il avait été plus convaincu à cet instant qu'il allait devoir agir et au plus vite. Niels sortait tranquillement de la garderie où il avait terminé sa journée avant de tomber sur la travailleuse sociale, lui offrant bien évidemment son sourire qui se voulait bienveillant comme dans son accoutumée, il s'était positionné sur le plan défensif en voyant la façon qu'elle pouvait agir et parler à son adresse. Elle l'avait rembarré plus vite qu'un claquement de doigt, parce qu'elle n'avait pas de temps à lui consacrer, dans un enflamment qu'il n'avait jamais vu durant la malédiction. Eux qui auraient pu parler durant au moins une heure s'était à peine s'ils avaient échangé durant une minute, le privant ainsi de toute potentielle emprise qui ne verrait ainsi jamais le jour, s'ils étaient des bonnes connaissances désormais ils étaient devenus de parfaits inconnus. Mais alors qu'il venait observer la jeune femme partir, se creusant déjà les méninges pour trouver comment venir en toute discrétion s'en débarrasser, c'est à cet instant qu'il vit un morceau de papier tomber de sa poche alors qu'elle s'éloignait. Hors de question de la prévenir de cette perte qu'il préférait prendre en main pour voir de quoi il en retournait, dans l'idée de trouver peut-être une piste ou un moyen de la contrer de manière efficace, mais il ne s'attendait pas à voir à trouver cette photographie qui était celle d'une échographie datant a priori de plusieurs années vu la qualité de l'objet qui avait bien vécu. Il était sûr d'avoir trouvé le moyen de faire souffrir le plus possible Aileas car il savait parfaitement qu'elle n'avait pas d'enfant ici à Storybrooke, une manière de lui prouver qu'elle n'avait pas intérêt à le chercher ou se mettre en travers de sa route à l'avenir, mais pourtant il ne jubilait pas autant qu'il aurait dû à cet instant et s'était contenté de garder l'objet alors qu'il avait décidé de faire un tour au Rabbit Hole pour voir comment allaient les affaires.
Un simple tour superficiel d'horizon de l'endroit, ne portant aucune attention à qui était réellement là, il s'était mis volontairement à l'écart face à cette découverte qu'il avait pu faire. Et la voilà ainsi assit à regarder cette photographie, gardant à peine un œil sur ce qui pouvait se passer en salle, sans avoir vraiment touché au verre qu'il avait pu commander. Ce qui le sortit de cet état de réflexion et de rétrospection du passé ce fut la chevelure rousse de la demoiselle qu'il avait justement croisée plus tôt, mettant aussitôt l'objet dans la proche de sa veste, abordant dès lors son sourire de façade qui ne le quittait que très rarement. La vie entière était un spectacle après tout, il fallait savoir jouer le jeu et offrir une prestation digne de ce nom, appliquant ce principe à chaque instant de son existence. Prenant ainsi sa bière en main pour en boire une gorgée tout en ne quittant pas Aileas qui lui paraissait trop brutale dans sa démarche et sa manière d'agir à son goût, il ne faisait aucun doute que c'était lui qu'elle venait chercher au vu du regard qu'elle pouvait bien lui lancer à l'instant même où ses yeux se posèrent sur lui, lui laissant un goût mitigé dans la bouche. La confrontation était donc inévitable ça il le savait parfaitement mais il n'aurait jamais cru si tôt, il allait devoir la jouer fine sur ce coup-là, même s'il avait tout de même une carte maîtresse en main. Mais il préférait se défendre que d'attaquer, plus habitué à être dans l'ombre que d'agir sur le devant de la scène de manière claire, il valait mieux à son sens laisser les problèmes venir à soi que d'aller les trouver. Alors qu'elle arrivait à sa hauteur il reposa doucement sa bière sur la table, comme pour lui montrer qu'elle avait toute son attention, ajoutant d'un ton amusé à son adresse.
« Aileas que vaut cet honneur ? Se rencontrer deux fois dans une même journée, je dois bien avouer que c'est un nouveau record établi, mais ai-je le droit de penser que cette deuxième entrevue n'est pas de son côté le fruit du hasard ? »
Non ça ne pouvait être le cas. Elle l'évitait depuis la fin de la malédiction, il en était sûr et il pouvait sentir une forme de tension, et qu'elle vienne d'elle-même le trouver c'était de l'inédit.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Mer 30 Mar - 16:07
Les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette
Ft le marionnettiste
Quelle choc ça avait été de retrouver si soudainement ses souvenirs ! Mais Aileas ne regrettait pas une seconde ce jour béni où elle faisait tranquillement ses courses, qu'elle avait d'ailleurs lâchées sous le coup de la surprise au moment où l'onde de choc l'avait frappée. Ses œufs étaient ruinés ! Ses yaourts, éclatés ! Mais qu'est-ce qu'elle s'en fichait ! La première chose qu'elle avait fait en récupérant sa mémoire ? Elle avait bien essayé de grimper sur un cheval au centre équestre après avoir vainement tenté de fabriquer un arc, mais celui-ci était tombé en morceaux et on l'avait recalé aussi sec du centre équestre « parce que bon, fallait pas exagérer, et avec tout ça elle avait pas de la famille à retrouver ? » C'était d'ailleurs à ce moment-là qu'elle avait entièrement pris conscience de l'ampleur du phénomène, qu'elle était Merida dans un corps légèrement plus âgé et qu'il était temps d'aller chercher ses trois frères et ses parents, Angus, les wisp…
Quand enfin le choc l'avait laissée tranquille, elle avait réalisé que dans un plot twist absolument ironique, elle avait perdu le contrôle de son destin et celui-ci s'était entièrement retrouvé entre les mains d'une sorcière bien plus vilaine que celle qu'avait rencontré Merida. Et très franchement, la rousse en avait plus que marre que les magiciennes dominent sa vie alors qu'elle n'avait absolument rien demandé -bon, celle dans les bois, un peu quand même, mais zut ! Toute la leçon de son histoire était qu'il fallait prendre son destin en main et ne pas se laisser porter par les aléas de l'existence, et elle se retrouvait à Storybrooke sans la moindre maîtrise sur sa vie ? Elle n'avait peut-être pas subit le pire sort de tous les habitants, mais elle avait au moins clairement le plus ironique qui soit. Belle leçon de morale qui s'envolait en fumée !
Elle aurait très bien pu se laisser aller à la colère ; mais au lieu de ça, Merida avait plutôt décidé d'agir. La colère, ça serait une autre fois, si quelqu'un s'amusait à la provoquer ; mais là, elle devait surtout nettoyer un peu une vie qui avait dérivé dans le pitoyable. Elle était rentrée alors, sans ses courses -dont elle se fichait bien avec ça-, avait emballé quelques affaires ; elle était partie, d'abord dormir au Granny's le temps de se trouver un bon spot et de comprendre ce qu'elle avait envie de faire ; le temps de divorcer aussi. Divorcer d'un mariage sans amour qu'Aileas avait subi mais que Merida n'allait certainement pas supporter. Elle était jeune ! Elle était pleine de caractère ! Elle avait tellement de choses à voir et à faire ! Et à partir de là, les choses s'étaient enchaînées à une vitesse folle : appartement, divorce finalisé d'avec un mari qui ne comprenait plus rien à sa vie, volontariat, stages, apprentissage accéléré, pour aboutir sur un petit job de travailleuse sociale via une association qui lui allait à ravir. Finit la passivité, bonjour l'action !
Elle avait jeté la plupart de ses anciennes affaires, n'étant pas spécialement matérialiste ; et puisqu'elle avait besoin d'un nouveau départ, c'était la meilleure chose à faire. Presque tout était parti ; ne restait que l'essentiel. Et… une photo. Une photo qu'elle se souvenait avoir déchiré et rafistolé encore et encore, à chaque fois que la douleur était trop forte, et à chaque fois que les regrets venaient lui percer l'estomac. Une photo qu'elle ne pouvait se résoudre à jeter, mais qu'elle avait cessé de fixer tous les soirs, devant sa fenêtre, qu'elle ne pouvait regarder tout simplement, car elle représentait une déchirure qui avait laissé une trace béante et sanglante, alors que tout cela était un passé qui n'avait jamais été le sien. Cet objet ne quittait jamais sa poche, malgré l'impression de brûlure qu'elle laissait sur ses jambes à chaque fois qu'elle y pensait.
C'était une journée ordinaire, et Merida avait du pain sur la planche ; elle avait récemment rencontré une jeune fille perdue qui ne savait pas ce qu'elle allait faire de sa vie, coincée entre les exigences familiales et ses désirs réels, et qui s'était retrouvée dans une galère judiciaire impossible ; Merida lui avait proposé de faire un maximum de recherches en ce qui concernait la loi pour tenter de la sortir de là et lui permettre un nouveau départ. C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée à passer en quatrième vitesse devant la garderie, juste au moment où Niels, une connaissance d'Aileas, sortait des lieux, apparemment en fin d'obligations professionnelles.
Merida avait senti son estomac se nouer aussitôt ; non pas de peur, mais de méfiance, car elle n'avait plus la moindre envie de passer du temps avec lui. Pour Aileas, il avait été un symbole d'espoir, de libération ; mais maintenant qu'elle n'était plus cette jeune femme perdue et effacée, qu'elle avait récupéré sa véritable personnalité et ses véritables désirs, il était devenu autre chose, un lien trop fort vers un passé qu'elle rejetait, une source d'envies de rébellion qu'elle n'avait franchement pas le temps ni l'envie de gérer. Il n'était plus un ami, mais un homme mystérieux qui semblait cacher bien plus qu'il en avait l'air, l'incarnation du « trop honnête pour être honnête », et ce genre de comportement attirait Aileas mais réveillait en Merida une méfiance naturelle qu'elle ne pouvait ignorer. « Pas le temps aujourd'hui », lui avait-elle simplement dit lorsqu'il lui avait décoché ce sourire bienveillant qui caractérisait le marionnettiste, avant de continuer sa route sans même s'arrêter.
Elle n'avait pas senti la photo glisser de sa poche, elle ne l'avait pas vu s'envoler derrière elle, et n'avait pas remarqué Niels qui s'emparait de l'objet sans se donner la peine de la prévenir. Elle ne s'était rendu compte qu'il lui manquait quelque chose que quelques minutes plus tard, quand elle avait cessé de ressentir la brûlure, quand son instinct lui avait dit qu'elle avait oublié quelque chose. Elle avait cru qu'elle avait laissé ses clés ou son portable chez l'avocat à qui elle venait de rendre visite ; mais son sang s'était glacé quand la disparition de la photo l'avait frappée en pleine tête. Non. Non non non. Où était-elle ? Un vent de panique, et elle tapotait ses poches à sa recherche, les dents serrées. Non !
Et naturellement, la première chose qui vint à l'esprit impulsif de Merida était que c'était quelqu'un qui lui avait pris l'objet de papier. Qui ? Qui d'autre ? Où serait-il à cette heure-ci ? Elle était douée pour retrouver les gens, et elle n'allait certainement pas ignorer ses talents pour tracer celui qui était en possession de sa photo. Deux heures à peine après leur précédente rencontre, Aileas entrait au Rabbit Hole, cherchant Niels des yeux avec les yeux d'un aigle en colère. « Fous moi la paix », avait-elle lancé à un type qui s'apprêtait à l'aborder ; sa cible était au fond, une choppe de bière devant lui et un air innocent sur le visage.
« Tu sais parfaitement pourquoi je suis là. » Son regard était furieux, alors qu'elle avait comblé la distance qui les séparait en quelques pas énergiques. « Tu as quelque chose qui m'appartient et tu vas me le rendre tout de suite, est-ce que je me suis bien faîte comprendre ? »
Son ton était glacial et sans détour, tout comme sa posture agressive qui montrait clairement qu'elle n'avait pas la moindre intention de se laisser porter par ses discours doucereux, comme elle le faisait sous la malédiction.
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Niels Mørck
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☂ Emploi : Animateur à la garderie le jour & recruteur de show pour le Rabbit Hole la nuit
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Lun 4 Avr - 12:57
Il était toujours impressionnant de voir comment la malédiction avait pu avoir un impact sur les personnes, que Niels le veuille ou non lui-même en avait été affecté sur certains plans qu'il voulait ignorer au possible, inutile de dire que le cas d'Aileas était le plus fascinant de tous. Elle avait été une jeune femme si docile et si vulnérable qu'il aurait pu en faire ce qu'il voulait s'il avait eu plus d'occasions de la croiser, sans doute son plus grand regret désormais que de n'avoir pas pu venir de cette manière entrer un peu plus dans sa tête, cependant les chaînes étaient tombées et avaient de ce fait libérer une personne tellement forte en caractère que lui-même ne voulait pas prendre le risque de trop s'approcher. Elle était à son sens comme le feu à savoir destructeur, qui s'embrasait assez rapidement et au moindre petit souffle d'air, étant particulièrement imprévisible et difficile à venir contrôler. Le marionnettiste avait beau sourire à cet instant en la voyant arriver dans le fond c'était le genre d'entrevue qu'il ne lui plaisait aucunement, il ne supporterait que très peu un débordement dans ce qu'il considérait comme étant de l'ordre de son territoire, encore plus en voyant le regard qu'elle pouvait bien avoir à cet instant précis. Elle voulait la guerre. Provoquer le chaos mais aussi des conflits plaisaient vraiment au recruteur du Rabbit Hole, il se délectait de voir la haine ainsi que la colère s'emparer d'êtres qui parfois se voyaient comme étant purs, néanmoins il faisait tout pour éviter de recevoir ses propres foudres et il serait bien fou que de vouloir le contraire car c'était prendre un risque inutile. Il n'acceptait nullement qu'une autre personne que lui vienne mettre le bazar dans ses affaires, c'était ajouter des variantes instables à son petit échiquier qui se mettait doucement mais sûrement se mettre en place, et la meilleure stratégie qu'il pouvait adopter pour l'instant était la présomption d'innocence mais aussi un calme à toute épreuve. Contrairement à Aileas il n'était pas du genre à exposer ainsi sa colère, même s'il lui arrivait de perdre les pédales ça il ne pouvait aucunement le nier surtout depuis qu'il se souvenait de tout, il se voulait surtout fin stratège de l'esprit et n'était ainsi pas convaincu que de suivre le rythme qu'elle pouvait lui imposer de par son attitude. Il aurait aimé avoir du temps pour analyser, comme il savait si bien le faire, mais il fallait essayer d'agir au plus vite avec la princesse ou du moins gagner du temps.
« Devrais-je vraiment le savoir ? C'est bien toi pourtant qui t'es si joliment évertuée à me dire que tu n'avais pas le temps, pas aujourd'hui en tout cas pour être un peu plus précis, je ne reprends que tes mots ici. Moi qui caressais l'espoir que nous pourrions être si bons amis Aileas, nous étions pourtant si bien partis toi et moi. »
Jouer avec les autres était une sorte de vice dont Niels ne pouvait se passer, une sorte de drogue qui lui était indispensable, prenant ainsi le risque de ternir un peu plus la situation entre eux. En voyant la position de la jeune femme son sourire restait impassible en apparence, comme si rien ne pouvait l'atteindre d'une certaine manière, mais il savait pertinemment qu'il venait de mettre d'une certaine manière un coup de pied violent dans une fourmilière déjà agitée. Il n'avait aucune envie d'affronter une tempête dans le genre d'Aileas, c'était même une action qui pouvait s'avérer assez suicidaire en y regardant de plus près, lui dérober cette photographie ne lui avait pas apporté la satisfaction qu'il pensait légitimement avoir. D'ailleurs en y regardant de plus près il ne lui avait pas volé, seulement ramassé et mis de côté pour être un peu plus exact, cherchant déjà à parer en cas de besoin sur ce petit détail alors qu'il ne ressentait pas la joie qu'il aurait dû avoir dans le fond d'avoir un tel moyen de pression sur elle. Il pourrait lui faire du chantage s'il le voulait, sa moralité n'avait aucune limite parfois après tout, ou même lui demander un service en échange de cet objet si précieux qu'il avait ainsi en sa possession. C'était un fort moyen de pression. La jeune femme n'aurait jamais pris la peine de venir le chercher pour une simple chose sans valeur, surtout pas quand on voyait l'attitude qu'elle pouvait avoir à son égard depuis la levée du sort, un avantage non négligeable pour venir la détruire petit à petit et faire en sorte qu'elle ne soit plus un potentiel problème futur pour lui. Lui qui aurait tout donné pour avoir une telle chose n'était pourtant aucunement satisfait, ce qui paraissait tellement aberrant à première vue alors que dans le fond il savait parfaitement la raison mais qu'il décidait au mieux de l'ignorer, pire que tout il venait peut-être même regretter d'avoir pu en avoir connaissance. Extraordinaire oui. Niels avait trouvé le meilleur moyen de faire du mal à Aileas et pourtant il aurait voulu ne pas être tombé sur cette photographie, lui qui ne reculait pourtant devant rien et était animé par une ambition plus que démesuré, détestant un peu plus la travailleuse sociale d'avoir réanimé des souvenirs même si elle n'était en rien responsable. Soupirant légèrement, tout en gardant le sourire, il sortit la photographie de sa poche.
« Avant que tu viennes t'énerver je veux que tu saches que c'est toi qui l'as fait tomber, je n'ai fait que la ramasser pour éviter qu'elle ne s'envole ou quoi que ce soit d'autre, j'aurais bien voulu te la rendre plus tôt mais tu étais si pressée de partir que je n'en ai pas eu l'occasion. Elle n'est pas en très bon état, tu as de la chance que j'aie pu la trouver sinon elle aurait pu si facilement s'envoler, tu devrais y faire attention tu sais. »
Observant le papier sous tous les angles, rafistolé tellement de fois qu'il aurait été si facile de venir une fois de plus le déchirer sous les yeux de la jeune femme, il l'agitait légèrement comme pour se faire de l'air avec avant de lui tendre. Mais au dernier moment Niels se ravisa en mettant l'objet hors de portée d'Aileas, levant quelque peu un doigt de son autre main comme l'intimer à rester calme et de ne pas le provoquer, pire que tout à peu de centimètres au-dessus de la choppe de bière. D'un seul et simple moment il pouvait lui détruire cet objet qu'elle chérissait tant, s'il lâchait la photographie dans son verre il était clair que vu son état elle ne s'en sortirait pas indemne, devenant ainsi le plus merveilleux moyen de pression qu'il pouvait avoir à l'adresse de cette princesse rebelle. C'était lui qui avait le contrôle et inutile de dire qu'il adorait ça, avoir le dessus dans une situation était des plus jouissifs pour lui, même si dans le cas présent il ne le faisait pas vraiment de gaîté de cœur loin de là. De sa main libre il lui montra la chaise face à lui pour l'encourager à se joindre à lui, alors que son sourire toujours bienveillant était toujours là et que ses yeux ne la quittaient pas un seul instant, elle lui avait dit qu'elle n'avait pas le temps pour lui aujourd'hui mais lui avait tout de même trouvé une sorte de moyen de la forcer à le voir mais en plus de faire conversation. Secouant légèrement la tête comme amusé de cette situation, riant quelque peu à son adresse, il avait beau sembler être léger il ne fallait aucunement se fier aux apparences. Il jouait mais il était si sérieux en même temps, convaincu que Aileas était parfaitement au courant de cet aspect qui le caractérisait tant, voulant en quelque sorte mettre le plus à l'aise possible son auditoire. Il avait été dans le monde du spectacle après tout, simple marionnettiste itinérant et fabricant de poupées, même si d'une certaine façon il y baignait encore que ce soit autant par ses deux métiers de Storybrooke que par la prestation qu'il offrait quotidiennement. Cependant il préférait tempérer les choses avec la jeune femme, conscient qu'elle n'allait pas se laisser faire docilement comme durant la malédiction où les choses étaient si faciles, éviter de trop faire une scène en tout cas. Il resta la main tendue vers la chaise libre, alors que l'autre était cramponnée à la photographie pour qu'elle ne tombe pas, sans jamais se montrer une seule fois agressif.
« Je t'en prie assis-toi, je souhaite simplement que nous parlions comme avant. Ou plutôt te poser quelques petites questions, pour être un peu plus exact. Il n'arrivera rien à ta précieuse photo je t'en donne ma parole, et tu sais pertinemment que celle-ci est particulièrement sacrée. »
Jamais Niels ne mentait, il manipulait les mots et abordait les choses sous un autre angle, mais aussi étonnant que ceci puisse paraître il avait toujours dit la vérité malgré son côté manipulateur. Comme quoi on n'avait pas besoin de mentir pour obtenir ce qu'on voulait, il fallait savoir employer habilement choisir les bonnes formulations, et si un jour il venait à leurrer une personne ce serait sûrement lui-même. Mais qu'importe si Aileas voulait se montrer conciliante ou pas, il avait besoin de comprendre et de lever le voile sur cette affaire, enchaînant bien vite sans lui donner vraiment de venir protester ou alors que très peu. Il leva le morceau de papier du verre, l'éloignant ainsi de cette bière qui aurait pu la détruire, pour montrer la face colorée vers les yeux de la jeune femme. Il avait besoin qu'elle lève le doute sur certaines choses, si c'était bien ce qu'il pensait être, l'histoire qui se trouvait cachée derrière ce qui était plus qu'une photographie. Ou plutôt une échographie. Il savait que la jeune femme n'avait aucun enfant, les souvenirs de ce monde lui avaient permis d'identifier de quoi il s'agissait très aisément, mais il préférait en avoir le cœur net. Son sourire se fana lentement sans pour autant disparaître entièrement, tout n'était question d'illusion après tout, la fixant droit dans les yeux.
« Je sais que tu n'as pas d'enfant, ou du moins qu'il n'est pas à Storybrooke, et que tu n'as pas l'air d'en chercher en tout cas. Alors je voudrais savoir de quoi il s'agit exactement. »
Autant éviter d'y aller par quatre chemins, elle n'était pas d'une grande patience et lui voulait ainsi assouvir sa curiosité, autant venir ouvrir la plaie que la gratter doucement pour obtenir le même résultat.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Mer 6 Avr - 17:26
Les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette
Ft le marionnettiste
En toute honnêteté, les soupçons qu'avait Aileas envers Niels était presque entièrement infondés ; elle se basait sur des impressions, des à priori, et surtout sur son instinct naturel mélangé aux douleurs d'Aileas qui poussaient la jeune femme à se méfier de presque tout le monde, et surtout des individus de sexe masculin pourvus d'une tête d'innocent. Mais en même temps, ses sentiments à l'égard de presque toutes les personnes que connaissait Aileas avaient changé avec le retour des souvenirs, et plus particulièrement, le retour de la vraie Merida ; car après tout, quand on évoluait si drastiquement en si peu de temps, les relations ne pouvaient que changer entre les individus. C'était peut-être pour cette raison qu'au lieu de se sentir en sécurité, et même pleine d'espoir quand elle gravitait autour de Niels en tant qu'Aileas, elle le rejetait, le voyait désormais comme une sorte de menace dans son existence. Merida n'était pas le genre de personne qui pouvait reconnaître avoir été ou être faible à n'importe quel moment de sa vie ; et avec son caractère enflammé, elle n'avait aucune peine à se faire passer pour une femme forte et énergique en toutes circonstances, même dans les moments où elle se sentait vulnérable. Hors, Niels était exactement l'une de ces personnes qui avait été aux premières loges pour voir Merida arborer l'aspect d'une poupée de chiffon abandonnée et en lambeaux, ce qui faisait de lui une source déplaisante de mauvais souvenirs et un témoin d'une Merida que celle-ci ne voulait plus être. Éliminer Niels de son existence signifiait peut-être tout simplement une forme de nouveau départ.
Alors elle le toisait, toujours debout, les bras croisés, attendant qu'il lui rende sa précieuse photo, et surtout qu'il arrête de l'observer avec cet air doucereux qui lui donnait envie de le baffer ; et quand il commença à parler, avec ses mots élégants et ses tournures de phrases classieuses, elle leva les yeux au ciel, son impatience grandissant en elle à la vitesse de la lumière. Elle n'appréciait pas spécialement le sarcasme, du moins le sarcasme déguisé en gentillesse, même si elle avait tendance à le voir même dans les expressions les plus sincères, car c'était une forme de discours détourné et qui manquait de franchise, et pour elle, la franchise était le pilier de tout, surtout de la confiance. Elle préférait largement dire les choses tel quel, même sans le moindre tact, plutôt que d'euphémiser ou accentuer ce qu'elle cherche véritablement à exprimer. Ça lui arrivait d'utiliser l'ironie, mais son ironie à elle dégoulinait toujours de colère et de sincérité, paradoxalement.
« On a fait que discuter une dizaine de fois autour d'un café au centre commercial, Niels. Je n'appelle pas ça être des amis, juste des connaissances vite fait qui se trouvent avoir des centres d'intérêts communs. Enfin, ça, c'était avant. » Car Merida n'était plus la peinture passée d'âge et qui s'effaçait avec le temps qu'était Aileas ; elle était la princesse tout feu tout flamme, et ne partageait à son goût clairement rien du tout avec un homme aussi mielleux et gentleman que Niels. Oh, oui, elle avait aussi une dent contre les gentleman, qu'elle considérait comme une forme socialement acceptable d'hypocrisie. Mais ça, c'était une autre histoire. « Maintenant rends-moi ça, que je puisse déguerpir, j'ai encore du boulot à faire, moi ! »
Ce qui était vrai ; car Merida n'avait pas seulement coupé court à sa précédente rencontre fortuite avec Niels simplement pour l'éviter, mais aussi car elle était véritablement pressée, en pleines recherches pour un cas d'une jeune fille qui avait débarqué chez elle paniquée, lui disant que son copain allait se faire tuer s'il n'arrêtait pas rapidement ses conneries. Encore une histoire de bandes de jeunes qui se prenaient pour des gangs de mafieux, ce qui n'avait pas empêché Aileas de mettre son nez dans ces affaires aussi profondément qu'elle pouvait. C'était sa méthode, en quelques sortes : se jeter dedans toute entière pour régler le problème à sa source.
Alors elle n'avait pas le temps de s'occuper des mièvreries de Niels, et encore moins l'envie d'affronter tout ce que représentait ce qu'il lui avait dérobé. Non, ça, c'était l'affaire d'un autre jour ; elle voulait seulement qu'il lui rende la photo pour qu'elle puisse la remettre dans sa poche et continuer sa journée sans avoir à y penser. Et si l'homme y tenait vraiment, ils pouvaient toujours boire le café au centre commercial un de ces quatre matins… sauf que ce serait pas avec la même fausse sérénité qui flotterait dans l'air, mais plutôt un torrent de lave seulement retenu par les bras croisés de Merida et un silence de mort.
Mais quand Niels lui fournit une explication tout a fait raisonnable de toute cette histoire en lui rendant la photo, Aileas se sentit instantanément culpabiliser. Elle connaissait ses défauts, dont l'un de ses plus gros : sauter aux conclusions sans même essayer de penser à des alternatives justifiables et justifiés, et se lancer tête baissée dans les problèmes sans y réfléchir plus que cela ; et surtout, être presque totalement incapable de reconnaître ses torts, préférant ignorer la vérité autant qu'elle le pouvait, par fierté mal placée. Elle décroisa les bras, prise au dépourvu, bien que la colère n'avait pas quitté son visage, se transformant tout de même légèrement en frustration. Bon, d'accord, elle avait peut-être fait une erreur.
Elle aurait pu s'excuser, si Niels n'avait pas décidé de jouer au chat et à la souris ; car au lieu de lui tendre son objet tant chéri et tant haït tout à la fois, il le plaça hors de sa portée, le regardant sous tous les angles, ce qui mit Aileas encore plus en pétard. Elle tendit la main vers son trésor mais il lui barra le passage en lui indiquant la chaise, et elle serra les dents. Elle se sentait prise au piège, comme un oiseau en cage, et avec tout ce qui lui était arrivé durant la malédiction, où elle avait été à la fois prisonnière de sa misère et sa propre geôlière, c'était un sentiment qu'elle avait un mal fou à supporter. Oh, elle aurait bien pris la chaise qu'il lui montrait pour le lui balancer dans la tronche, suivit de la choppe de bière, mais cela risquait de détruire encore un peu la photo, dont le bon état relatif ne tenait plus qu'à un fil. Il jouait, elle le sentait, et c'était un aspect de lui qu'elle avait soupçonné en le recroisant plus tôt et en pensant à tous les cafés qu'ils avaient partagé au centre commercial ; s'il voulait que les soupçons qu'elle avait le concernant se renforcent, il avait gagné.
« Mais rends moi ça ! Ça te concerne pas et j'ai absolument pas envie de jouer, alors tu me le donnes ou je viens le chercher ! » Il l'invita à s'asseoir, promettant de ne rien faire à la photo, en échange d'une conversation « comme avant ». Mais c'était quoi, avant ? « La conversation sera difficilement « comme avant » si tu tiens un truc qui m'appartient en otage ! »
Aileas était quelqu'un de borné ; alors, même si elle ne pouvait décemment pas attaquer Niels pour récupérer sa précieuse image, elle refusait également de s'asseoir en face de lui. Oh non, elle était bien trop têtue pour céder au chantage qu'il était en train de lui faire. Et puis quoi encore ? Danser la macarena avec un petit strip-tease au passage ?!
Et il s'enfonça encore plus dans la rancoeur d'Aileas quand il tourna la face colorée devant les yeux de la jeune femme ; elle la voyait, sa petite silhouette fragile, qui se détachait tout juste du reste mais qu'elle reconnaissait entre mille ; et elle ne put soutenir cette vision très longtemps, détournant son regard furibond vers Niels en se forçant à ne pas avoir l'échographie dans son champ de vision. Ce type était un monstre. Enfin, ça n'était que les impressions d'Aileas face à un comportement si abject à ses yeux, mais pour elle, il était un monstre.
Mais… ça n'était pas sa faute. Il avait donné une raison valable et clair au fait qu'il était en possession de cet objet, et la curiosité d'une telle chose était finalement parfaitement normale, même si sa manière de poser la question agaçait sérieusement Aileas. La culpabilité refit surface par à coups, alors elle recroisa les bras, cessant de s'agiter pour essayer de récupérer la photo par tous les moyens qui lui passaient par la tête ; mais elle resta debout, résolue à ne pas céder à ses caprices.
« Bon, d'accord, je t'ai peut-être… peut-être… mal jugé. En même temps je tiens beaucoup à cette photo et à peu près tous les scénarios me sont passés par le crâne quand j'ai vu que je ne l'avais plus. » En tout cas, elle n'allait clairement pas s'excuser. « J'y fais très attention, mais tu vois, ça arrive que les choses s'envolent. » Elle avait à nouveau pris la mouche, n'aimant pas le ton condescendant et la mini-leçon de morale que lui faisait Niels peut-être sans le vouloir. « Et tu fais tout ça juste pour discuter ? Eh bah, tes moyens de pression sont quand même drastiques, je plains les gens autour de toi. » ça aurait pu sonner sarcastique, si son ton n'avait pas été si acerbe et si direct. « Malheureusement, on m'a déjà fait des promesses, et la plupart se sont révélées creuses, donc comprends bien que j'ai du mal à te croire, même pour le peu que je sais sur toi. » Malgré tout, elle se sentit un poil plus calme, tandis qu'un petit sourire apparaissait sur son visage en même temps qu'une idée faisait de même dans son esprit. Puisque Niels semblait aimer jouer, avec tout, avec les promesses, avec les mots, avec les gens, elle n'avait qu'à tenter autre chose. « Puisque tu as l'air d'aimer les marchés, je te propose un truc : tu me rends la photo maintenant, et je t'explique ensuite ce qu'elle est. Ça te va ? »
Oh, même s'il acceptait, elle n'avait pas la moindre intention d'aller dans les détails dans « l'origin story » de l'échographie ; cette histoire emplie de douleurs ne concernait qu'elle et elle seule, et elle n'avait absolument pas l'intention de lui dire quoi que ce soit d'autre que des infos de surface bidons. Le reste, c'était son affaire, pas celle de Niels.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Sam 9 Avr - 22:20
Feu dévorant. C'était sans doute ce qui pouvait le mieux qualifier Aileas désormais, tel un véritable phénix qui avait ainsi pu renaître de ses cendres, une allumette qui s'enflammait si facilement qu'il était dangereux de vouloir chercher à l'allumer. Mais Niels n'en avait que faire s'il venait recevoir le retour des flammes, la vie était avant tout faite de douleur qui sont parfois bien inévitables, et puis comme dit le proverbe ce qui ne tue pas ne rend que plus fort. Il souhaitait simplement des réponses à ses questions, faisant abstraction totale du passé qu'ils pouvaient avoir en commun durant le sort qui les avait touché, essayant de ne pas relever le ton peu condescendant qu'elle pouvait bien avoir par égard pour lui. Il avait été pourtant une sorte de soutien pour celle qui fut jadis une femme si fragile, lui faisant habilement miroiter des rêves et de l'espoir avant de se rendre compte qu'il était pourtant en quelque sorte sa nouvelle cage, elle qui lui était apparue comme une petite poupée sur le point de se fissurer un peu plus. Le marionnettiste l'aurait réparé il en était sûr, les jouets cassés avaient à ses yeux une place de choix tant leurs imperfections l'intriguait au plus haut point, il l'aurait façonné à l'image qu'il avait eue en tête sans grand mal s'il avait eu le temps nécessaire. Oui il avait eu des projets futurs pour ce pantin anciennement désarticulé, il était en train de placer comme il se devait les ficelles pour pouvoir mieux les tirer, cependant il savait désormais que jamais plus il ne pourrait espérer une telle chose venant d'Aileas. Ils étaient devenus tellement désaccordés qu'on aurait peine à croire qu'ils avaient pu discuter sans animosité par le passé, qu'ils avaient pu partager un café comme elle l'avait souligné plus tôt sans parler pour autant d'amitié, mais c'était après tous une contrepartie de la malédiction car comme beaucoup le dirait la magie avait toujours un prix.
Chaque geste et paroles que la travailleuse sociale pouvait avoir été analysés par Niels, dans sa volonté toujours permanente d'avoir le contrôle sur tout même comme une situation semblait être à son désavantage, et le fait qu'elle évite de fixer clairement la photographie qu'il lui agitait sous le nez était une piste primordiale. Pour le recruteur du Rabbit Hole il était évident que la jeune femme était grandement attachée à ce bien, de toute manière elle ne serait aucunement venu le voir si ce n'était nullement le cas de toute évidence, mais plus que de l'affection il y voyait aussi de la douleur dans le fait de refuser de regarder la vérité en face. Même s'il continuait inlassablement de sourire le cœur n'y était pas, déjà aurait-il fallu qu'il en possède une de toute manière, c'est pourquoi il retomba quelque peu la main comme pour lui éviter cette vision qui la faisait souffrir. Il aurait pourtant tout donné pour blesser autrui, encore plus une potentielle menace ou un ennemi comme Aileas était en quelque sorte devenue en étant de nouveau elle-même, mais ici il n'y avait aucune satisfaction à ce qu'il fasse ceci. Alors au lieu de jouer pour une fois il avait préféré aller droit au but, éviter de venir enlever doucement le pansement pour voir ce qui se cachait dessous mais plutôt le retirer d'un coup sec, ne passant nullement par quatre chemins comme il le faisait naturellement en temps normal. Il la laissait rester debout selon sa convenance, il n'allait tout de même pas la menacer de lui détruire son bien pour la simple bonne raison qu'elle refusait de se plier à sa proposition, alors que dans un autre temps Niels aurait fait son possible pour la voir se prosterner à son exigence. Le ton semblait quant à lui peu à peu se calmer, sans savoir si ceci n'était que de l'ordre de l'apparence, la laissant quelque peu s'excuser sur le coup et évacuer peut-être ce trop pleins d'émotion. Elle lui confirmait ce qu'il savait déjà quant à savoir la valeur de cette photographie, au moins il était écarté du fait qu'il avait pu commettre ce vol ce qui en soi une bonne chose, ne pouvant se retenir de rire sur le fait qu'il avait réellement des moyens drastiques sur le coup. De toute façon il ne faisait pas ceci pour les autres, juste pour lui d'une certaine manière et surtout pour sa compréhension de cette affaire, comme si ses paroles avaient eu le don de provisoirement d'étendre l'atmosphère ne serait-ce que pour un faible temps.
« Il est souvent facile de se faire des idées, surtout sur des personnes que l'on pensait connaître, après tous je pense que notre situation à tous l'a assez bien montré. Tout n'est qu'une question d'illusion. Mais je pense que tu te trompes Aileas, il n'y a pas de petits moyens. Jamais. Lorsqu'on a un but à atteindre c'est dans la nature humaine de tout mettre en œuvre pour qu'il se réalise, qu'importe la manière et le temps que ceci prendra, l'homme est égoïste et n'hésitera pas à user des pires bassesses pour obtenir ce qu'il souhaite. Cette discussion n'en est-elle pas la preuve après tout ? »
Question rhétorique qui n'attendait aucune réponse, ses paroles parlaient assez d'elles-mêmes de toute évidence, écoutant alors presque religieusement les paroles de cette princesse aux cheveux flamboyants. Déjà trahie ? Oh pauvre petite chérie, elle s'était fait avoir par plus forte qu'elle, au lieu de venir tenir rancœur à ces personnes le marionnettiste se disait qu'elle devrait justement les remercier de lui avoir ouvert les yeux sur la dure loi de la vie. On ne peut que compter sur soi, Niels avait beau avoir des alliés il n'allait pas hésiter une seule seconde à venir les poignarder dans le dos dès que l'occasion se présenterait, son histoire lui avait fait comprendre que chaque être humain se trouve seul face à ses démons lorsqu'il est au pied du mur. Cependant il préférait garder sa réflexion pour lui, sachant pertinemment que ceci pouvait être le genre de commentaire qui pourrait venir déclencher la fureur rousse de l'Enfer qui se tenait face à lui, il n'était pas là pour créer une guerre pour une fois aussi étonnant que ceci puisse paraître. Il eut son sourire en coin joueur à l'évocation d'un marché, c'était si bien le connaître après tout et il en serait presque flatté s'il avait eu un ego surdimensionné, mais malgré tout il garda le plus grand sérieux du monde à l'intérieur de lui. Ce qu'Aileas venait de lui proposer puait l'arnaque à son sens, conscient qu'elle ne serait jamais très conciliante et surtout pas à son égard, mais pour une fois le marionnettiste n'allait nullement s'en formaliser et ainsi prendre les choses comme elles venaient. Cette échographie ne lui appartenait en aucun cas, sinon il y aurait sans doute de quoi se poser des questions quant à sa biologie, et même si cet objet pouvait devenir l'essence même d'un parfait chantage dont il serait le maître il le refusait catégoriquement. Lui qui ne possédait aucune pitié pour rien ni personne, ayant un cœur devenu un simple organe incapable de ressentir toute un panel d'émotions en dehors de la haine, se trouvait à ce que le commun des mortels nommaient de la compassion. Non. Plutôt de la compréhension. C'est pourquoi sans même chercher à négocier un seul instant il posait la photographie sur la table, tendant le bras au maximum vers la jeune femme pour lui remettre, il avait beaucoup à la garder mais il n'avait aucune envie de s'encombrer d'un tel fardeau.
« Marché conclu. De toute façon, ce n'est pas vraiment comme si j'avais pour projet de la mettre dans mon portefeuille ou je ne sais quoi, un tel objet serait plus encombrant qu'autre chose pour moi et très certainement plus utile à toi. Enfin. Je ne dis pas que cette photo est sans intérêt, loin de là même, disons seulement que toi seule chère Aileas peut en comprendre son étendu. Alors ne viens pas t'énerver pour si peu, prends ceci pour un compliment. D'ailleurs, il me semble que tu peux noter que j'ai tenu parole, je te l'avais dit que tu pouvais me faire confiance à ce niveau-là. »
Le marionnettiste venait par ce simple geste de remplir sa part du contrat, montrant par la même occasion toute sa bonne volonté, laissant le temps à Aileas de vérifier que tout était bien en place et qu'il ne l'avait aucunement dupé ou quoique ce soit d'autre. Il en avait pris soin comme si elle avait pu lui appartenir, ne voulant risquer par un geste regrettable de se prendre les foudres de l'archère qui visait peut-être bien mieux qu'un certain Robin des Bois, comme si elle avait pu être son propre petit trésor. Cependant, Niels en agissant de cette manière ne cherchait nullement à se moquer de la jeune femme, en fait pour une rare fois il s’avançait même en terrain neutre et cherchait presque à hisser le drapeau blanc ne serait-ce que provisoirement. En fait, cette échographie le renvoyait bien plus à son propre passé qu'il n'aurait pu l'avouer, à l'instant où il avait posé ses yeux sur le papier glacé et froissé il avait senti comme si quelque chose au fond de lui se détraquait. Un horrible son qui se désaccordait et qui lui faisait mal, un lien qui le maintenait peut-être au peu d'humanité qui pouvait lui rester, des souvenirs qu'il avait été heureux et horrifié d'avoir oublié à cause de la magie le tout sous fond de colère sourde. C'était peut-être pour cela qu'il voulait entendre la version des faits d'Aileas, pour trouver à mettre concrètement des mots sur cette mélasse qu'il supportait de moins en moins dans sa tête et son cœur, savoir comment elle pouvait gérer tout ceci. Le pouvait-elle réellement ? Stupide question dont il était sûr que la réponse était non, personne n'en était capable, mais il avait besoin de l'entendre de sa bouche. Il décida de prendre les choses en main, il lui avait dit qu'après tout il avait des questions à lui poser, restant dans cette attitude qui se voulait presque amusée et qui lui était propre.
« Bien ! Tu as eu ce que tu voulais, j'ai été très gentil comme tu le vois, maintenant c'est à mon tour. Procédons par ordre. Nous avons là l'échographie d'un enfant. Frère, sœur, ou descendance ? Je viens à parier pour le dernier, sinon ça ne serait pas toi qui serais en possession de ceci, on se met doucement dans le bain. Enfant réel ou simple illusion de malédiction ? As-tu eu au moins l'opportunité de venir le tenir dans tes bras ? »
Ses mots semblaient si cruels, sans aucune douceur apportée, mais à son sens il n'y avait aucune façon de pouvoir être sympathique dans ce genre de circonstance. Niels aurait sans doute y mettre les formes, demander de tels renseignements sans ménagement pouvait paraître pour une parfaite cruauté à l'état pur, mais il s'en rendit compte que trop tard. Soufflant tout en commençant à tapoter sur la table, fixant toujours Aileas, il devait trouver un moyen de se rattraper en quelque sorte s'il voulait ce qu'il cherchait. Maintenant que la princesse avait récupéré son bien il n'avait plus aucun moyen de pression pour qu'elle reste, son seul ticket pour la retenir à ses côtés aussi longtemps qu'il le voulait s'était envolé à l'instant même où il lui avait rendu, venant étendre ses bras avant de placer ses mains derrière sa nuque. Lui qui savait si bien manipuler les mots avait du mal à trouver les siens à cet instant, manquant de tact et peut-être de sérénité habituelle, beaucoup plus affecté par cette histoire qui ne l'aurait cru. Les cicatrices n'étaient pas faites pour toutes se refermer, la sienne lui avait laissé un vide béant dans la poitrine et lui prouvait qu'il en avait encore du chemin pour un jour espérer être en paix, indirectement elle l'avait touché là où ça pouvait encore lui faire du mal. Où il pouvait ressentir quelque chose. Restant dans cette position, comme si rien ne pouvait venir l'atteindre, se voulant imperturbable au possible.
« Tu sais quoi ? Je crois qu'il vaut mieux que ça soit toi qui racontes, après tout tu es le centre de tout ceci. »
Voilà. C'était mieux ainsi, écouter avant de parler, il devait être le spectateur et laisser Aileas être l'actrice principale.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Dim 17 Avr - 20:17
Les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette
Ft le marionnettiste
Le concept du contrôle était quelque chose d'étranger aux yeux d'Aileas, quelque chose qu'elle fuyait avec toute la force qu'elle pouvait trouver ; d'abord, à cause du monde des contes et de l'attitude que pouvait avoir sa mère à son égard, même si elles avaient fini par trouver un accord après une singulière aventure métamorphique ; ensuite, par ce qu'elle avait vécu une fois à Storybrooke, même en se répétant encore et encore que tout cela n'était jamais arrivé, entre son premier véritable amour qui s'était révélé être un narcissique violent de la pire espèce et ce mariage vide d'amour et d'espoir, ponctué de tromperies et de façades sans émotions. Elle n'avait pas été épargnée, ni par son véritable passé, ni par celui qu'on lui avait injustement octroyé alors que tout semblait enfin lui sourire ; et toute cette douleur, toute cette désillusion, tous ces espoirs dévorés par la peur se condensaient tout en même temps dans cette photo, cette échographie qui était pourtant censée représenter la vie, la vie nouvelle, la naissance d'un être encore pur et dénué de toute la souffrance qu'un individu était capable -ou incapable- de supporter. Ajouter à cela de la voir entre les mains de Niels, l'homme qui avait lui aussi porté ce symbole d'espoir, et Aileas se sentait piégée, impuissante face à l'adversité, un sentiment qu'elle s'était juré de ne plus jamais ressentir quand l'onde de choc l'avait traversée, ce jour béni où les souvenirs étaient revenus.
Mais cette volonté brûlante de ne plus être victime des autres pouvait tout aussi bien causer sa perte ; car elle fonçait, elle fonçait sans jamais regarder devant elle, autour d'elle, derrière elle, seulement guidée par une seule idée, une idée fixe qui pouvait très bien lui avoir été murmuré au creux de l'oreille par un individu aux mauvaises intentions sans même qu'elle s'en rende compte. C'était dans sa nature ; on ne maîtrisait pas un incendie ravageur, mais on pouvait lui donner un but simplement en allumant une étincelle au bon moment et au bon endroit, et cet étrange réflexe de sur-réaction dont était dotée Aileas lui avait joué maintes fois des tours, même si elle ne voulait pas le reconnaître, n'aimant pas prendre conscience de ses propres erreurs car cela signifiait laisser la culpabilité venir dévorer son coeur et son esprit. Elle avait froncé les sourcils quand Niels avait ri sur sa remarque concernant ses intentions, et avait à nouveau croisé les bras, ne parvenant pas à comprendre ce qu'il pouvait bien avoir de drôle dans ce que la jeune femme jugeait comme une vérité.
« Attends, attends, t'es en train de me perdre avec tes histoires. »
Il avait une manière de parler qui ne plaisait pas à Merida, un ton de philosophe qui cherchait des mots bien trop compliqués pour expliquer des choses simples, comme s'il cherchait à perdre son interlocutrice tout en dissimulant le tout derrière l'élégance des formulations. Que voulait-il dire ? Elle n'en était pas entièrement sûre, elle qui avait toujours tendance à entendre ce qu'elle voulait entendre plutôt que ce que voulait exprimer la personne en face d'elle, mais Niels c'était une autre paire de manche, ses intentions n'étaient pas claires à ses yeux. Elle avait l'impression qu'il reconnaissait qu'il avait effectivement fomenté tout cela depuis le début, mais elle ne parvenait pas à y trouver de la logique étant donné qu'il s'était justifié de manière plausible. Décidément, elle n'aimait pas le peu de certitudes qu'elle ressentait à son égard, et se garda de rajouter quoi que ce soit, et elle se contenta de se jeter sur la photo dès qu'il la posa sur la table, la glissant sans la regarder dans la poche avant cette fois-ci de son jeans. Elle ne voulait pas le regarder, elle ne voulait pas voir ce qui aurait pu être, ce n'était pas le moment pour cela ; car elle avait beau ce répéter que cet enfant qui n'avait jamais vu le jour n'avait finalement jamais existé, elle se demandait si ça n'aurait pas pu être le cas pour de vrai. La malédiction lui avait donné quelques années de plus, et si elle n'avait pas eu lieu, peut-être qu'elle aurait véritablement eu cet enfant dans le monde des contes, un petit innocent aux cheveux de feu, qui monterait à cheval avec encore plus d'aisance que sa mère, qui aurait hérité de son talent pour le tir à l'arc, qu'elle aurait aimé, oui, qu'elle aurait chéri autant qu'une mère pouvait en être capable…
Secouant la tête pour chasser ses pensées, elle resserra ses bras contre elle, et émit un petit sourire en laissant Niels la bombarder de questions ; décidément, il était très curieux à ce sujet, une curiosité qu'elle jugeait presque morbide même s'il ne savait pas encore pourquoi, et qu'il ne saurait probablement jamais puisqu'elle n'avait aucune envie de lui révéler quoi que ce soit de pertinent. Oh, elle pouvait même partir si elle en avait envie, puisqu'elle avait récupéré son bien sans faire d'histoire ; et c'était peut-être pour ça qu'il était si frénétique avec ses interrogations, parce qu'il savait qu'elle était libre désormais de se barrer sans prononcer le moindre mot supplémentaire.
« Un compliment… Je ne sais pas exactement où est le compliment, mais si tu le dis. Tu sais que la curiosité c'est un défaut ? » Elle avait simplement haussé les sourcils, bien qu'elle commençait à avoir envie de s'asseoir, ce qu'elle fit en poussant un léger soupir. Puisqu'elle était là, autant boire un verre, et maintenant qu'elle était libre de s'asseoir sans que cela soit s'avouer vaincue face à Niels, elle n'allait pas se priver pour lui. Elle fit signe à un serveur qui passait par là, commandant un petit verre de cidre, avant de se tourner vers Niels, lui faisant un signe de la main. « Wow, wow, wow, doucement avec les questions, si tu tiens vraiment à ce que je fiche le camp maintenant tu es sur la bonne voie ! Et en plus tu as l'air de tirer tes propres conclusions tout seul alors… est-ce que tu as vraiment envie de savoir ce qu'est cette photo ? »
Elle avait pris un air légèrement énigmatique, se sentant beaucoup plus calme en sachant que la photo était en sa possession et que Niels ne pouvait plus jouer avec elle sans risque un forfait de la part de la rousse ; mais désormais, c'était son tour d'être curieuse, puisqu'elle commençait à se demander pourquoi il voulait tellement savoir, maintenant que l'alerte rouge dans son cerveau avait cessé de faire fonctionner toutes ses alarmes internes pour mieux apprécier et percevoir la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle n'allait pas lui montrer que chaque mot qu'il prononçait pour en savoir plus était comme une lame de rasoir qui venait griffer son coeur, encore et encore, et le transperçait même quand Niels frappait juste ; elle ne montrait tout simplement jamais sa propre vulnérabilité, et préférait arborer un air aussi neutre qu'elle en était capable. Le serveur revint poser sa boisson devant elle, et elle s'amusa un instant avec la hanse la cidre, avant de ramener son attention vers son interlocuteur quand il se rendit compte que c'était peut-être une meilleure idée de la laisser parler elle.
« Cette photo… est une échographie d'un enfant, comme tu l'as fait remarquer. Ce qui est exactement la réponse à ma part du marché. Je t'ai dit que je te dirais ce qu'elle est, et c'est exactement ce qu'elle est. Une échographie d'un enfant. »
Elle l'avait dit en un seul souffle, essayant de paraître sans émotions mais tout ce que cette simple phrase signifiait se voyait dans son visage. Malgré cela, elle se sentait en sécurité, mais tout à la fois piquée par la curiosité, et c'était tout à fait son genre de suivre tête baissée les choses qui l'intriguaient, comme elle l'avait fait avec les Wisp dans la forêt, juste avant de rencontrer la sorcière qui allait changer son existence. Elle était têtue, encore plus quand elle était en colère, et maintenant qu'elle avait récupéré son bien, elle savait qu'elle pouvait quitter les lieux à tout moment, et que si Niels s'amusait à la contrarier, elle pouvait tout aussi bien le planter là et ne plus regarder en arrière. Elle n'avait pas envie de lui répondre, surtout avec les questions qu'il avait osé poser sans se dire que ses mots étaient cruels ; car elle n'avait jamais pu tenir cette enfant dans ses bras, il était parti bien trop tôt, sans même avec un infime espoir de survivre ; mais il n'avait pas existé, et c'était quelque chose qu'Aileas avait du mal à garder en tête, blessée par toute cette histoire et surtout de se sentir forcée de révéler quoique ce soit à un homme qui n'était au final qu'un inconnu avec qui elle avait pu parler quelques fois ici et là et autour d'un café.
« Enfin, je perçois à ton questionnement que tu avais envie d'en savoir plus, sauf que tu n'aurais jamais dû entrer en possession de cette photo à la base, alors tu n'as strictement aucun droit de savoir ce qu'elle représente et d'où elle vient, et je n'ai aucune obligation à te le dire, quoique soient les réponses que tu voulais obtenir. » Elle prit une gorgée de cidre, le laissant absorber ce qu'elle avait à dire, et se demandant comment il allait réagir désormais, s'il allait essayer la manière forte ou simplement se plier à ce qu'elle venait d'affirmer, ou s'il allait à nouveau utiliser ses mots savants pour perdre l'esprit de la jeune femme enflammée. « Pourquoi est-ce que ça t'intéresse autant, de toute façon ? C'est pas comme si tu pouvais potentiellement avoir un rapport avec l'enfant en question, alors je ne vois pas pourquoi ça te concernerait. »
Elle avait à nouveau pris la mouche d'elle-même, agacée simplement que toute cette histoire ait pris place alors qu'elle avait tant de choses à faire loin du Rabbit Hole.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Mer 20 Avr - 18:39
Ses iris étaient plantés sur Aileas alors que son sourire se maintenait de lui-même par habitude, dans une position calme qui n'était que de l'ordre de l'apparence car Niels brûlait à l'intérieur, ne tenant plus en place pour avoir réponse à ses questions qui lui brûlaient les lèvres. Mais il savait à merveille qu'il devait laisser la jeune femme parler d'elle-même et éviter de trop la presser, peu de personnes appréciaient qu'on leur place un couteau sous la gorge pour les forcer à parler après tout, ce qui était la raison première pour laquelle il avait décidé de se taire et de laisser la place de l'acteur à celle qu'il aurait tant voulu sortir de sa passivité pour en faire une petite poupée de choix. Et c'était presque une torture. Le marionnettiste adorait tirer les ficelles après tout, aussi bien celles des pantins que de ses connaissances, mais ici il était conscient de n'avoir aucune emprise sur ce feu si flamboyant qu'il en était incontrôlable et surtout depuis l'instant même où elle avait repris sa photographie en main. Il s'était même retenu de faire le moindre commentaire quand elle avait enfin décidé de s'asseoir, se fichant tout de même pertinemment qu'elle finisse par le faire, l'observant sans un mot alors qu'elle commandait une boisson. Pour un manipulateur des mots dans son genre se taire le mettait à son sens en position de faiblesse, ne pouvant influer la situation comme bon lui semble à l'aide de quelques phrases habilement placées, et même la patience dont il savait faire preuve se retrouvait effritée en cet instant. Parce qu'il avait besoin de savoir, ce qui l'avait peut-être poussé plus tôt à produire une sorte de pré-analyse comme pour montrer à Aileas qu'il n'allait aucunement se contenter du peu, même s'il se cherchait à lui-même une bonne excuse. Des infos à pouvoir réutiliser contre elle plus tard ? Niels aurait pu jouer avec l'échographie, la garder pour lui dans le but de la faire gentiment chanter et obtenir beaucoup plus par la suite, avec ce genre de pensées il se mentait délibérément parce qu'il savait que ceci serait tellement moins douloureux que de repenser au passé. Il y pensait pourtant, chaque jour qui puisse passer, depuis qu'il avait retrouvé ses souvenirs il avait dû apprendre à revivre avec et ce n'était nullement aussi facile qu'il voulait se leurrer.
Le recruteur du Rabbit Hole se mordit la langue en entendant la réponse de la jeune femme à ses questions, ne la lâchant toujours pas des yeux et restant dans cette position presque décontractée qu'il voulait offrir, il aurait dû tellement s'en douter qu'Aileas lui ferait un tel coup mais pourtant il avait laissé la situation se dérouler d'elle-même. Son être entier la détestait entièrement à cet instant, n'ayant pour elle que mépris et une forme de dégoût profond, il qui s'était montré si conciliant en lui redonnant sa précieuse photographie. Niels aurait mieux fait de la noyer dans son verre de bière, venir admirer les gracieuses petites bulles comme grignoter le bout de papier, pour voir le désespoir le plus total s'afficher dans le regard de la jeune femme. Pourtant il s'était retenu. Ainsi, l'attitude qu'elle pouvait avoir à son égard ne lui plaisait aucunement, mais dans un sens il ne récoltait que ce qu'il avait semé à savoir de la discorde. Avait-il si naïvement pensé qu'elle se prêterait au jeu sans se montrer aussi indiscipliné ? L'espace d'un petit temps oui. C'était idiot et tellement loin de ce qu'il était, lui qui pensait méthodiquement à chaque moyen puéril d'obtenir ce qu'il voulait de n'importe qui, mais en y regardant de plus près sans doute plus proche de celui qu'il avait pu être il y a désormais si longtemps. Les événements façonnent les gens après tout, il en était peut-être un cas assez exemplaire dans le fond, ce qui le poussait très certainement à rechercher une forme de chaos à Storybrooke pour justement changer la nature profonde de l'homme et la révéler comme elle était en réalité. Inspirant longuement Niels vient se rasseoir comme il faut, attrapant son verre dont il but à peine une gorgée, tellement contrarié par ce qu'elle lui avait dit. Mais la question qu'elle lui posait, quant à elle, l'intéressait beaucoup plus bien que le laissant un instant assez dubitatif sur la réponse à donner. Il est vrai qu'il n'avait aucun lien avec cet enfant, dont il n'avait aucune information en fin de compte, tout ce qu'il avait fait c'était tout simplement se trouver au bon ou au mauvais moment et endroit pour ramasser une échographie perdue.
« Pourquoi ? C'est une excellente question. Pourquoi ? Pourquoi fait-on ce que l'on fait ? Pourquoi les individus font souvent des choses tellement insensées ? Pourquoi ta réponse n'est-elle pas à la hauteur de mes attentes ? Pourquoi je m'intéresse dont à la photo de ce qui semble être ton enfant ? Oui, pourquoi... ? »
Son ton était presque mélodieux, comme une comptine légèrement chantonnait, se demandant si Aileas méritait oui ou non qu'il lui réponde. Niels n'avait nullement eu satisfaction de son côté, il était resté sur sa faim la plus totale, et son côté rancunier n'avait aucune envie d'apporter à la jeune femme ce dont il avait été privé. Tapotant doucement contre son verre il savait pourtant que s'il voulait des réponses à ses propres questionnements il allait devoir se montrer docile, éviter de trop venir énerver la belle qui était véritablement une bombe qui risquait d'éclater à n'importe quel instant, arrêtant alors en faisant de constat. Il éclata de rire qu'il retenait facilement, comme si la solution pouvait réellement drôle alors qu'elle était tant loin de l'être, se frottant les tempes à deux mains alors qu'il avait la sensation de faire une petite crise qu'il arrivait d'avoir depuis la fin de la malédiction. Parfois il avait juste besoin de sortir toute sa hargne et sa colère, de casser tout ce qui pouvait se faufiler entre ses doigts, de crier un bon coup de douleur et où il avait l'impression de perdre pied tant il n'avait pas d'emprise dessus. Il avait tout fait pour être dans cet état uniquement chez lui, c'était là à son sens le signe d'une faiblesse que le marionnettiste ne voulait sous aucune forme montrer à autrui, mais cette histoire d'enfant le repoussait trop violemment dans ses retranchements et il n'avait pas été préparé à ceci à aucun moment. C'est sans doute pour cette raison supplémentaire qu'il tenait rigueur à Aileas, qu'il imaginait à son encontre les pires tortures à lui infliger, elle qu'il se forçait à regarder et à maintenir cet air joueur qu'on lui connaissait tant. S'il lui avait posé ses questions c'était pour lui, il n'avait aucune intention de diffuser les informations qu'elle aurait pu lui livrer et aurait été une tombe à ce sujet, dans l'espoir de calmer son propre mal si douloureux depuis qu'il avait eu ce morceau de papier en main. Arrêtant du mieux qu'il pouvait son rire il s'approcha de la jeune femme, s'avachissant sur la table en posant ses bras de tout son long dessus, comme pour lui faire une confidence et de toute manière c'était quelque peu le cas dans un sens.
« Pourquoi ? Parce que j'espérais tellement ma petite Aileas qui tu apaises ce qui en train de me dévorer de l'intérieur, ça ne fait que grandir à chaque instant qui passe, cette jalousie à ton encontre qui ne demande qu'à se calmer d'une façon si brutale et inhumaine... Oui de la jalousie c'est exactement ça... Pour toi ou plutôt ce que tu possèdes, cette échographie... Oh je te déteste tellement pour ça tu n'as même pas idée... »
Il savait qu'il commençait à débloquer, fixant toujours Aileas comme aurait pu le faire un prédateur qui n'attend qu'une chose à savoir mettre à mort sa proie, alors qu'il avait toujours ce faible rire qui venait accompagner ses paroles. Mais il n'avait jamais été aussi sérieux. Niels jalousait de tout son être la jeune femme de posséder un tel objet, de pouvoir tenir quelque chose de consistant et ainsi admirer autant qu'elle le souhaite cette silhouette qu'elle aimait, lui qui avait tant de sacrifices de son côté n'avait eu droit à rien. Et très honnêtement ceci le rendait juste dingue. Il donnerait tout ce qu'il possède pour avoir un tel objet de sa fille. Son Alice chérie. Rien que d'y penser il avait mal comme jamais, la douleur et le chagrin étaient encore des émotions que son cœur en morceaux pouvait ressentir et pourtant il n'aurait voulu pour rien au monde changer ceci, tandis que ses mains posées sur la table semblaient chercher à l’agripper dans un vain espoir que de calmer ce qu'il pouvait ressentir. Mais il ne pouvait pas. C'était tout ce qui lui restait d'elle désormais, une plaie qui ne faisait que saigner sans jamais pouvoir cicatriser, ceci et des souvenirs rendus ainsi que des regrets des plus amers. Regina ne lui avait rien accordé mais avait consenti à offrir un tel présent béni à Aileas, plus qu'une simple photographie lorsqu'on savait comment la regarder, et Niels avait un mal fou à le supporter. Il ne le tolérait pas en fait, le refusait même en bloc qu'une autre personne puisse avoir plus que lui dans cette injustice impardonnable, ajoutant encore plus de mépris envers la jeune femme qui avait pu avoir cette chance. En était-ce vraiment une ? Aucune idée, il ne voulait pas y penser, aveuglé par son désir primaire de lui faire du mal pour simplement se sentir mieux. Mais pourtant il n'avait toujours pas attaqué malgré tout, pourtant l'envie était là et il avait déjà tout un véritable florilège de mots plus tranchants à lui délivrer, parce que dans le fond le marionnettiste pouvait comprendre la peine que ressentait la travailleuse sociale. C'était peut-être ce dernier point qui l'empêchait d'être aussi abjecte et sans moral, maintenant une partie de sa réflexion au calme face au reste qui n'était que tempête, tandis qu'il se rasseyait correctement sur sa chaise tout en lui offrant ce sourire si faux.
« Je te jalouse d'avoir cette chance de posséder ainsi cet objet de ton enfant, alors que moi-même je n'ai eu le droit à rien... juste des souvenirs qui risquent de s'effriter avec le temps... N'ai-je pas été un si bon père pour qu'on m'interdise ce privilège ? Il faut croire que non... »
Acerbe et rancunier dans ses propos, sa colère sourde clairement exposée malgré tout, Niels venait pourtant de livrer l'un de ses secrets à Aileas dans ce qu'il nommerait sûrement de la colère causante. Il était indéniable qu'il avait aimé sa fille au possible, autant qu'un père pouvait le faire, et pourtant à l'instant même où il l'avait perdu il s'était convaincu de ne pas avoir été à la hauteur. Il aurait dû faire plus, ou même autrement, alors que peut-être aujourd'hui sa petite demoiselle aux cheveux d'or serait à ses côtés. Voir la travailleuse sociale avec un tel bien c'était comme lui agiter sous le nez qu'il n'avait pas fait ce qu'il aurait dû faire, comme si l'amour qu'il avait pu ressentir pour celle qui nommait affectueusement sa petite poupée n'avait été que factice et insuffisant, que les malheurs qu'il avait pu vivre à la suite de cette perte étaient amplement mérités comme une sorte de pénitence. Et peut-être que c'était le cas. Il n'en avait aucune idée. Cette incertitude était l'un des pires aspects de la chose, lui qui mettait pourtant un certain point d'honneur à tout savoir pour mieux l'utiliser par la suite, n'ayant aucune idée s'il avait pu être un père merveilleux ou au contraire de la pire espèce. C'était dur à avaler encore aujourd'hui, peut-être encore plus d'ailleurs, sentant même une forme de culpabilité d'avoir pu oublier son propre enfant même si ceci avait été l'effet d'un sort. Il avait créé des êtres artificiels en espérant pouvoir combler ce qui s'était brisé, aussi bien les souvenirs que son cœur, mais à la longue Niels avait compris que rien ni personne ne pourrait un jour remplacer sa fille disparue. Mais pourtant à cet instant il semblait rester le même, sans doute le même sourire bienveillant face à Aileas, au prix d'efforts qui le fatiguaient grandement. Pleurer ? Il y a bien des années qu'il n'en était plus capable, même s'il se sentait vulnérable en ce moment et exposé bien plus que d'ordinaire ses yeux restaient aussi secs que le désert, la chose qui trahissait son mal-être étant sûrement le fait qu'il ne savait comment se placer et qu'il n'arrêtait pas de bouger presque dans ses mouvements nerveux.
« Alors dis-moi ma chère Aileas, répond sincèrement. Qu'était-il vraiment ? C'est la seule chose que j'ai besoin de savoir, juste pour moi et ceci ne regardera personne d'autre. »
Ce n'était en rien morbide mais juste une recherche d'une forme de justice, si du moins cette dernière pouvait exister, et il n'en démordrait pas.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Ven 29 Avr - 16:19
Les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette
Ft le marionnettiste
Tout le problème du feu est qu'il se propage sans que personne ne puisse le contrôler ; et les flammes dévorantes qui habitaient Aileas semblaient s'être répandus tout autour d'elle jusqu'à s'emparer du coeur de Niels, même si tout cela se déroulait sans que la jeune femme rousse n'en soit consciente. C'était le propre des brasiers, ils dévoraient tout sur leur passage, et Merida ne se rendait pas toujours compte des dégâts que cela pouvait faire, car tout ce qu'elle voulait c'était l'indépendance, jamais ne souhaitait que l'on se fasse mal, par sa faute directe ou indirecte, un étrange paradoxe qu'elle ne cessait de vivre encore et encore, c'était comme si le feu personnifié faisait le vœu de ne plus détruire, de ne plus brûler. Mais la réalité était tout autre, les êtres humains étaient complexes et se blessaient entre eux, sans cesse, par accident ou par volonté, et quand son corps entier était brûlant, il n'allait pas épargner les gens qui s'approchaient de trop près, qui touchait quelque chose qu'ils n'auraient jamais dû toucher en premier lieu.
Elle avait ainsi gardé le silence quand Niels avait semblé soudain s'agiter, comme s'il s'était retrouvé déconcerté, propulsé hors de sa zone de confort ; c'était là tout le paradoxe des êtres habités par la méchanceté, par la trahison, par la volonté de faire du mal. Ils étaient extraordinairement habiles, avec les mots, avec les gestes, avec les autres ; ils se débrouillaient avec une aisance sans pareil pour jouer, pour obtenir ce qu'ils voulaient en restant intact, mais il suffisait de leur retirer ce dont ils avaient besoin pour survivre à leur propre narcissisme pour les cerner, pour les mettre en cage et les rendre soudain contraire à eux-mêmes, de pauvres lions de cirque coincés derrière des barreaux, à observer les innocents qui riaient en les voyant faire leurs tours de passe-passe, qui s'émerveillaient devant eux, qui poussaient des soupirs intimidés quand ils se mettaient à rugir. Ils rugissaient, loin de leur savane, ils rugissaient de colère, de peur peut-être, mais tout ce qui faisaient d'eux des êtres dangereux leur était retiré et placé entre les mains d'ignorants qui n'avaient pas la moindre idée de leur pouvoir, qui n'avaient pas conscience de tout le désarroi qu'ils infligeaient à ces prédateurs d'une férocité absolue, de toute la dangerosité qu'ils avaient devant eux.
C'était sans le savoir le ressenti d'Aileas, elle qui n'avait pas le désir ou même la conscience d'être en position de force ; elle ne le voyait pas comme cela, elle se disait simplement qu'elle était libre de partir si elle en avait envie, mais que la curiosité l'avait poussée à rester, sans savoir le risque incommensurable qu'elle prenait en restant si près dans le périmètre immédiat de celui qui deviendrait peut-être un ennemi mortel. Elle n'avait pas rit avec lui, son expression restant fermée, les sourcils légèrement froncés et les yeux plissés, ne sachant pas comment fonctionner autour de ce drôle d'homme qui avait pourtant été d'une compagnie si agréable durant la malédiction. Trop agréable, trop lisse, trop doucereux, trop tendre, trop philosophique. Et le peut-être c'était transformé en sûrement quand il s'était rapproché, quand il avait éclaté la bulle personnelle d'Aileas en se penchant vers elle, depuis le dessus, comme pour montrer une forme de dominance tout en étant sur le point de lui faire une confidence ; même dans la faiblesse il s'efforçait de se montrer en position de force, mais ces pensées étaient interrompues dans l'esprit d'Aileas, il n'y restait plus qu'une alarme assourdissante qui lui hurlait de se distancer, de ne pas le laisser lui ou aucun homme s'approcher d'elle ; mais elle restait figée comme une statue remplie d'effroi, pour entendre ses mots, entendre ce qu'il semblait ne pas avoir envie de dire. Chaque mot qu'il prononçait coupait la peau d'Aileas comme des lames de rasoir, sa tête lui faisait mal, comme prise de vertige, et elle était incapable de bouger. Son arc lui manquait, elle avait envie de sentir la corde entre ses doigts, pouvoir la tendre et décocher une flèche entre les deux yeux de cet être qui lui paraissait de plus en plus abjecte, et en même temps, insaisissable ; insaisissable car elle ne comprenait pas les contradictions qu'il affichait, ses paroles n'avaient pas la même tonalité que son rire ou ses gestes, ses paroles cruelles ponctués d'un air gentillet et amusé, le genre de contradiction qu'Aileas ne supportait pas. Jalousie ? Jalousie, comment pouvait-il prétendre être jaloux d'un être qui n'existait même pas ? Comment pouvait-il se considérer moins chanceux qu'elle alors que son enfant à lui semblait être une réalité, un être qui avait vraiment existé et qu'il avait eu tout le loisir d'aimer quand ils étaient encore ensemble ? Quand il avait pu avoir la chance d'être le « bon père » qu'il prétendait et doutait d'être, alors qu'elle-même n'avait non seulement jamais eu la chance d'avoir son fils entre ses bras, mais devait vivre avec le fait que cet enfant n'avait pas même existé, ou tout du moins que dans des souvenirs fabriqués de toutes pièces, étudiés précisément pour la faire souffrir jusqu'à en mourir ? Que cet échographie n'était exactement que cela, que ce qu'elle avait dit, la simple échographie d'un enfant qu'on lui avait donné à son arrivée à Storybrooke en lui faisant croire qu'il s'agissait de son enfant, et que cet enfant serait l'être qu'elle aimerait le plus au monde alors qu'il n'était qu'une image sur du papier glacé ?
Elle s'enflammait de l'intérieur. Plus Niels parlait, et plus elle sentait une colère intense et pure s'emparer de son être, une haine même, une haine non pas à son égard mais à l'égard de toutes les émotions indésirables qu'il lui faisait ressentir à chaque mot qu'il prononçait. Le monde avait cessé de tourner, elle n'entendait plus que le silence, un silence de douleur, un silence de mort qui accentuait cruellement l'agitation qui se tramait à l'intérieur d'elle-même, qui lui donnait envie de hurler, de colère, de douleur, de haine ; elle ne voulait plus se sentir si piégée, si seule, si brisée, elle avait besoin que ses blessures mentales s'extériorisent pour enfin canaliser son ressenti et lui permettre d'appréhender ce cauchemar avec le recul dont elle avait besoin.
Alors, quand Niels posa sa question finale, elle ne dit rien durant quelques secondes ; puis, saisissant fermement son verre d'une poigne de fer, elle le souleva, et d'un geste brutal et sans appel, frappa la table d'un coup sec ; le verre se brisa en mille morceaux, imprégnés de cidre, imprégnés de sang, sang avait lequel s'écoulait la peine d'Aileas, jaillissant de ses coupures fraîches, lui donnant enfin un certain soulagement, comme si la saignée qu'elle s'infligeait permettait à ses démons de s'échapper en même temps que ce liquide rouge et épais. Elle ne quittait pas Niels des yeux, son expression toujours fermée, et le silence s'était fait dans la salle, cette fois dans la réalité et non dans le cerveau d'Aileas, qui put enfin s'accrocher à son fil et recouvrer un peu de raison alors qu'elle marchait au bord du ravin de la folie. Faisant un signe au barman tout en se levant brusquement, elle lança d'une voix faussement enjouée, presque grotesque dans les circonstances :
« Désolée, j'ai glissé ! Pour la peine, j'offre la tournée générale ! »
Des cris de joie s'élevèrent dans toute la salle, tandis que le barman commençait à servir les boissons, désormais trop occupé pour se préoccuper d'Aileas ; et celle-ci avait recommencé à fixer Niels, sa main valide appuyée sur la table, l'autre recroquevillée contre elle comme si son mal cherchait une source de protection maintenant que Merida l'avait exorcisé. Elle n'éprouvait plus aucun regret pour s'être trompée sur le comportement de Niels, pour avoir suspecté qu'il puisse être un mauvais bougre, aveuglée par sa douleur, et celle-ci uniquement ; non pas qu'elle se fichait de la douleur qu'il ressentait lui-même, puisque dans une autre vie ils auraient pu justement s'entendre sur ce terrain-là, mais elle n'était pas en état de s'en préoccuper, tout comme elle était parfaitement incapable de détester Niels pour sa cruauté verbale, pour son air contradictoire, pour ses gestes incernables. Elle se détestait elle-même, elle détestait son essence-même, et sa voix était agitée de tremblements quand elle put enfin prononcer ce qu'elle avait sur le coeur, alors que la salle pleine d'allégresse face à l'alcool gratuit avait oublié l'existence des deux nouveaux ennemis :
« Je te l'ai dit, cette photo est exactement ce que j'ai dit, c'est l'échographie d'un enfant, un enfant que je ne connais pas, une photo qu'on a mis entre mes mains durant vingt-huit ans en me faisant croire que je suis censée aimer ce qu'elle représente, que je l'ai perdu dans le sang et la douleur alors qu'il n'a toujours été que cela, la photo d'un enfant sur du papier glacé, un enfant qui n'est jamais né ! » Elle bouillonnait, tout en regrettant chacune des paroles qu'elle prononçait ; mais elle ne pouvait garder cela à l'intérieur d'elle-même, elle ne pouvait supporter que Niels lui reproche quelque chose qu'elle n'avait pas même demandé. « Cet enfant n'existe pas, il n'est qu'une photographie, et pourtant je l'aime de tout mon coeur, je l'aime comme jamais aucune mère ne peut aimer son enfant, alors que je n'ai jamais pu l'avoir entre mes bras, je n'ai jamais pu croiser son regard ; tout ce que j'ai de lui c'est cette image immobile et froide, sans vie, sans essence, sans aucun sens, puisque cet enfant n'a jamais existé, alors ne vient pas me dire que tu es jaloux alors que ton enfant à toi existe réellement quelque part, que tu as pu le tenir dans tes bras ne serait-ce que quelques secondes, que tu as pu l'aimer de tout ton être même en étant arraché à sa présence désormais ! »
Elle n'avait pas pu se retenir, elle n'avait pas s'en empêcher ; ses yeux étaient rouges, non pas car elle allait pleurer mais parce qu'elle fulminait comme elle n'avait jamais fulminé, et elle avait réagi exactement comme elle n'aurait pas dû : elle avait explosé, elle avait rejeté sa position de force simplement pour ne pas avoir à se sentir si désespérée, si perdue, si démunie face à la violence du mépris que Niels avait exprimé à son égard tout en souriant avec cet air bienveillant qui agaçait profondément la princesse rousse. Elle ne savait pas ce qui allait se passer désormais, elle regrettait ses paroles tout en ne regrettant pas de les avoir dîtes, paradoxalement ; elle aurait fini par imploser tôt ou tard, Niels avait simplement été l'étincelle qui allumait le brasier, la victime de la rage intérieure d'Aileas, le maître à penser venu déstabiliser le peu de stabilité qui existait encore en elle, sans même peut-être le vouloir vraiment.
À ce stade, ça lui importait si peu ; elle voulait simplement qu'il se taise, qu'il recommence à parler avec ses paroles énigmatiques et cet air suffisant qu'elle percevait chez lui, peut-être en se l'imaginant, peut-être sans qu'il soit réellement là.
Elle était sous l'effet d'une envie des plus improbables, celle de satisfaire cet homme abject qu'elle ne parvenait pas à détester entièrement, simplement pour qu'il se taise.
Code by Fremione.
Niels Mørck
En réalité, je suis
Rozen
☂ Conte : Rozen Maiden
☂ Emploi : Animateur à la garderie le jour & recruteur de show pour le Rabbit Hole la nuit
☂ True Love : She's the Puppet on a string, with a broken mind
Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Sam 7 Mai - 14:38
Son être entier détestait fondamentalement Aileas, ou plutôt l'objet qui était en sa possession, alors qu'il se faisait dévorer par la jalousie sans la moindre douceur. Pourquoi ? Jamais il n'aurait ainsi de réponse à ses questionnements, bien trop nombreux pour tous les énumérer, c'était à en devenir fou dans un sens. Niels ressentait une forme d'envie pour ce que possédait la jeune femme, ne serait-ce qu'un simple objet du passé qui lui rappellerait sa fille, sans voir à quel point dans sa demande et son entêtement il pouvait se montrer d'une cruauté sans pareil. Trop aveuglé par son propre désir et cette haine qui ne faisait que croître à mesure qu'il se rendait à l'évidence d'une situation qui ne voyait que de son propre point de vue, lui pourtant si habillement habitué à l'appréhender sous tous les angles possibles et inimaginables, voulant blesser autrui autant qu'il pouvait l'être. Une forme de justice illusoire, dans le but premier d'apaiser un semblant le peu de sentiments qui pouvaient se faire encore ressentir à l'intérieur, l'unique solution trouvée pour partager ainsi son désarroi et sortir une bonne fois pour toute ce mal qui le rongeait petit à petit. Mais la travailleuse sociale ne lui offrit aucunement la réponse qu'il espérait tant, celle devenue dans un sens vital pour appréhender ainsi du mieux qu'il pouvait cette situation, tandis que le verre se brisa sous sa main dans une surprise qui le faisait doucement sourire. Cet élan de fureur était d'une magnificence sans pareil, elle exprimait si à merveille cette tempête de colère sourde qu'il avait pu provoquer, dans d'autres circonstances il ne fait aucun doute que le marionnettiste s'en serait grandement émerveillé. Lui n'offrait que ce qu'il voulait bien montrer, des gestes et des mots tellement contrôlés qu'il s'était lui-même enfermé dans un cadre duquel il ne pouvait se soustraire, jamais aux yeux de tous il ne pourrait agir de la même façon qu'Aileas pouvait faire et dans un sens ça n'en était que plus beau. Il se contentait de la fixer en silence, portant un faible regard sur les morceaux brisés qui se mélangeaient au sang et à la bière, tout en l'admirant faire ce qui aurait pu être une magnifique scène de théâtre.
Le recruteur de show n'applaudissait nullement cette interprétation contrairement au reste de la salle, elle qui s'extasier de pouvoir boire sans le moindre frais, gardant un sourire presque figé et si souriant qu'il était devenu un masque qui ne le quittait plus. Il ne saurait dire si ceci s'avérait comique ou tragique, peut-être un mélange délicieux des deux en y réfléchissant de plus près, gardant précieusement sa réflexion pour lui-même. Niels ne voulait pas braquer, plus que ce qu'il avait pu hypothétiquement faire en tout cas, cette jeune flamme qui s'était embrasée et réclamait sans doute de le brûler un peu plus. Un silence régnait en maître entre eux, tellement en contradiction avec le reste de la salle qui était bruyante au possible, comme si le combat ou même la sorte de danse qui se déroulait entre eux prenait un autre tournant décisif. À ses yeux il ne faisait aucun doute que si chacun avait eu une arme en main ils s'en seraient servie, s'entre déchirant sans la moindre pitié dans l'autre, ils étaient désormais si loin de cette ambiance bienveillante qui pouvait régner durant la malédiction. Le rêve s'était brisé d'un côté comme de l'autre et lui donnait cette impression que les rôles venaient s'inverser, c'était lui qui avait désormais besoin d'obtenir quelque chose de la part de la jeune femme et non plus elle, Aileas avait brisé seule ses chaînes pour sa liberté et lui se trouvait attaché à son passé qu'il avait oublié. Rien que d'y penser il en avait la nausée et ce dégoût perpétuel, voir qu'il avait été si facile d'oublier que d'accepter l'évidence qui ne pourrait plus être changée, n'avalant que très difficilement la situation. Parce qu'il avait ce besoin paradoxal de savoir l'histoire derrière cette photographie, d'assouvir cette curiosité qui ne faisait que lui faire détester un peu plus la princesse, mais de l'autre de refuser de se sentir autant en position de faiblesse en quémandant comme jamais une information qu'il ne pourrait trouver autre part qu'à sa source. Niels avait été cru et sans subtilité, il n'était pas passé par quatre chemins pour caresser cet espoir d'obtenir réponse à ses interrogations, parce que dans le fond il savait pertinemment qu'à tout moment elle pouvait partir et le laisser dans son ignorance la plus totale. S'asseyant droitement sur sa chaise, tout en la jugeant du regard, il essayait tant bien que mal que de retourner à une position et un langage corporel qui lui correspondait bien mieux.
Aileas venait alors déverser tout on venin, toute cette douleur qu'elle pouvait avoir au fond d'elle, et le marionnettiste ne put s'empêcher de sentir une sorte d'écho lointain. Certes, il savait désormais de quoi il en retournait réellement, que cet objet était vraiment et au courant que cet enfant dessus n'était pas. Il ne pouvait que pour ce dernier point ressentir une forme de mépris, une colère des plus destructrices crier à l'intérieur de lui, jusqu'à ce que tout soit happé par un autre sentiment qu'il ne pensait même plus connaître. La compassion. Niels pouvait voir à quel point la travailleuse sociale avait pu souffrir, dans une autre situation nul doute qu'il s'en serait réjoui que de la voir dans une posture si délicate et fragile à souhait, dans un mal auquel il n'était pas aucunement insensible et qui l'ébranlait bien plus qu'il n'aurait su le dire. Laquelle situation entre la sienne et celle de la jeune femme était-elle la plus enviable au final ? Il ne pouvait pas se poser la question, il ne devait pas sur aucun prétexte y penser, elles étaient différentes et si semblables à la fois qu'il aurait pu en avoir des vertiges. Doucement il ferma les yeux tout en appuyant son coude sur la table, tout en venant de cette façon soutenir sa tête, avec un léger rire qui avait l'air enjoué mais qui en réalité était plus attrait à une forme de désespoir. Il arrêta de sourire. Le masque venait de glisser pour ne montrer que la vérité à savoir un homme qui depuis longtemps avait perdu toute forme de joie, et ne pouvait plus ressentir tellement de sentiments que ceux-ci lui étaient devenus comme des étrangers quand il pouvait l'observer chez les autres, qui ne possédait qu'un simple éclat de cœur brisé dans la poitrine. Les autres morceaux il s'en était débarrassé, voulant copier une forme de vie qui lui était parue à la longue comme fictive et artificielle, parce qu'il était trop difficile que de faire face que de trouver une solution de facilité dans un sens. Aileas et lui n'étaient pas de la même trempe, il le voyait très clairement désormais, tandis qu'il laissait tomber son bras sur la table en observant quelque peu la jeune femme. Niels était convaincu qu'ils auraient pu si bien s'entendre, pas forcément sur les mêmes points mais se rejoindre sur certains, qu'il avait tout gâché dans un sens. Mais ceci lui allait. Il ne voulait pas qu'on s'attache à lui, qu'il s'attache à autrui, préférant voir les relations comme de l'ordre de l'utilité. Pourtant il avait envie de faire un pas, peut-être pour clarifier cette situation ou il ne sait quoi, parce que tout ce qu'elle venait de lui dire le marquait malgré tout ce qu'il pourrait dire.
« On ne peut regretter ce qu'on n'a nullement connu, c'est ce que certains philosophes s'évertuent à dire en tout cas, je ne suis pas entièrement d'accord avec cette réflexion. Il est parfois plus dur de voir que le chemin aurait pu être différent, que nos actions ont forcément une conséquence qui nous échappe souvent, c'est ce qu'on nomme l'effet papillon. Par exemple, que se serait-il passé si cet enfant était venu au monde ? Il y a tellement de possibilités que ceci pourrait rendre fou. Mais tu veux que je te dise ? Ça ne changerait rien. D'avoir oui ou non vécu à ses côtés, il y aurait toujours cette douleur avec laquelle il faut apprendre à vivre au final. »
Oh que oui. Il ne comptait plus les fois où il avait imaginé que sa fille serait toujours à ses côtés, de se dire qu'il ferait tout pour la rendre heureuse et que même cette satanée malédiction ne les aurait au fond même pas séparé, mais ceci faisait si mal. S'imaginer une autre histoire était plus cruel que de chercher à accepter la vérité, une illusion dans laquelle plonger et tenter de croire que ça serait possible de la rendre réelle, Niels savait parfaitement qu'il s'en était bercé durant des longues années parce qu'il n'arrivait pas à accepter. Il avait tenté de copier la vie, d'animer dans le fond des poupées qu'il avait fini par abandonner, comprenant que tout ceci était factice et que rien ni personne ne pourrait un jour lui ramener son Alice. Encore aujourd'hui il ne voulait y croire, c'était comme venir à son sens l'abandonner et plus jamais il ne referait cette erreur qui le fragilisait tant, cherchant peut-être à se rassurer en se disant qu'un jour il pourrait la retrouver et la tenir dans ses bras comme par le passé. Il vivait dans un autre temps en définitive, tandis qu'Aileas elle tentait d'avancer et ceci ne pouvait que se voir à son regard, se sentant si pitoyable que d'être aussi faible. Le marionnettiste posait ses yeux sur cette tornade de flammes face à lui, sans aucune animosité ou rancœur à son égard, sans le moindre sourire factice qui lui était propre. Venir lui faire du mal ne lui avait apporté aucune satisfaction, les coups qu'il lui portait se miroitaient sur lui-même, au contraire il pouvait même en ressentir une forme de regret. Vraiment ? Il ne serait dire, il avait du mal à traduire ce que c'était, son cœur était privé d'un panel avec lequel il ne cherchait plus à conjuguer vu son absence. Il se vantait de connaître les ficelles et de les tirer, de pouvoir jouer sur les faiblesses et les forces des autres, mais dans le fond c'était peut-être lui qui était le plus proche de l'état de pantin. Vide à l'intérieur et qui arrive à se mouvoir que dans un but précis, cherchant à imiter l'humain sans jamais y parvenir, lui qui disait avoir rejeté son humanité. Mais il fallait croire qu'il lui en restait encore une once, qui étouffait derrière ses envies de destructions pour un renouveau, alors qu'il s'apprêtait à dire des mots qu'il ne pensait plus jamais prononcer.
« Je suis désolé... sincèrement... Pour t'avoir menacé de détruire ton bien, de poser ces questions là où je sais pertinemment que ceci te ferait du mal, de t'avoir obligé à te remémorer cette épreuve, et d'avoir pu penser une seule seconde que de ne pas avoir vraiment eu cet enfant était beaucoup moins grave que s'il avait pu exister... Je crois que j'arrive à appréhender une autre vision de toi Aileas, celle que tu as été sous la malédiction aussi, mais je ne serais dire ce que ceci pourra bien donner à l'avenir pour l'instant. En tout cas, je pense juste que personne ne devrait avoir à connaître cette perte atroce... Je crois que c'est quelque chose dont on ne se remet jamais réellement. »
De son côté il ne s'en remettait pas en tout cas, il avait réussi un faible temps à mettre cette pensée entre parenthèses mais au final ce ne fut que de courte durée et le retour n'en fut que plus violent, et Niels n'était pas sûr de pouvoir un jour d'y arriver. Le cherchait-il vraiment ? Pas sûr. Une sorte de pénitence personnelle peut-être, la souffrance comme une forme particulière d'un purgatoire pour tenter en vain de se racheter même s'il savait que c'était impossible, essayer de faire s'envoler le poids de la culpabilité pour ne pas avoir été le père qu'il aurait voulu et aurait dû être. Il s'en était voulu de l'avoir oublié à cause du sort, comme s'il ne s'était pas assez accroché à ce souvenir, une culpabilité que certains minimisaient sans nul doute en répétant que ceci était la faute de la magie. Qu'il le veuille ou non il en serait toujours marqué, comme le fait que se rendre à la garderie était une torture et un réconfort à la fois inexplicables, et il se demandait à cet instant si c'était pareil pour Aileas. Mais qu'est-ce que ceci pourrait bien changer ? Après tout ils n'étaient pas amis, ils étaient même plus proches d'être le contraire et sur le point de s'entre-tuer il y a à peine quelques minutes de ça, tandis que de son côté le recruteur du Rabbit Hole ne voulait aucune attache du genre. Il revient à sourire comme il savait parfaitement le faire, cachant de nouveau derrière ce masque faux ce qu'il était vraiment, parce qu'il est beaucoup plus facile de faire semblant après tout. Peut-être qu'à l'avenir ils pourraient combattre à armes égales, une manière de prouver qu'ils pouvaient saigner même s'ils n'en donnaient pas l'apparence, pensant qu'après tout il est plus amusant d'avoir un ennemi pour qui on a du respect qu'un ami pour qui on n'a que peu de considération. Se faire l'ennemi du monde, en lui déclarant la guerre, c'était un moyen comme un autre de tenter de garder un minimum la tête occupée et de se créer une animation avec laquelle s'occuper. De toute façon, il avait de la rancœur envers ce monde pour de multiples raisons, Aileas aux yeux de Niels ne devenait qu'une pièce sur un plateau de jeu même si elle était désormais une pièce de choix et avec laquelle il était sûr de s'amuser grandement par la suite.
« Enfin... j’extrapole beaucoup, certains s'en sortent mieux que d'autres dirons-nous, chaque être humain est différent et n'en devient qu'un peu plus fascinant de ce fait. Tu veux que je te dise ? Je sais qu'un jour ça me détruira entièrement, ça finira par venir consommer le peu de chose qui me maintient encore en vie, mais très honnêtement j'espère justement que c'est ce qui m'offrira mon dernier souffle... un dernier message d'amour ? Poétique et utopiste à souhait. Pitoyable. »
Il eut un rire pour la forme à ses dernières paroles, face à un vœu auquel il ne croyait même plus, avalant d'une traite ce qui pouvait rester dans son verre. Sa curiosité concernant l'histoire de la jeune femme était encore là, ne sachant expliquer concrètement ce besoin viscéral ou du moins il essayait par un peu d'égard pour elle faire taire ce qui se tramait, sentant cette jalousie toujours là malgré lui. Était-ce si surréaliste de sa part que de vouloir quelque chose à chérir ? La mémoire n'était pas fiable après tout, il l'avait déjà perdu une fois et il ne voulait pas que ceci recommence, alors qu'un objet de par sa teneur physique n'en devenait que plus précieux à mesure que celui-ci se dégrade dans cette course contre la montre. Il soupira longuement, gardant tout de même sa mine amusée, rejetant sa tête en arrière pour fixer la lumière tout en se balançant un peu sur sa chaise. Il agita un doigt comme pour signaler à Aileas qu'il allait lui dire quelque chose, réfléchissant à la manière de tourner les mots correctement, avant de finalement claquer des doigts et la fixer.
« Tu es un brasier Aileas, mais aussi un cas très intéressant. Il y a bien longtemps qu'on ne m'avait pas brûlé comme tu l'as fait aujourd'hui, qu'on ne m'a pas repoussé ainsi dans de tels retranchements inavoués, pour ça je t'en félicite. Dire qu'avec un autre timing nous aurions pu être de si bons amis, je pourrais presque regretter que ne nous nous sommes point rencontrés plus tôt. En tout cas, j'espère que tu ne prendras pas ma remarque comme une insulte à ton égard car loin de là cette idée, mais plus je te regarde... plus je vois ta hargne... plus je me dis que tu aurais été une mère formidable. »
Il ne disait pas ceci pour la provoquer, il le pensait même sincèrement car après tout il ne mentait jamais, tout en étant conscient que le compliment avait de forts risques de ne pas passer comme il le devait.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Dim 10 Juil - 21:03
Les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette
Ft le marionnettiste
C'était comme si elle se trouvait dans un manoir labyrinthique dévoré par les flammes, manoir dont elle avait laissé toutes les portes ouvertes derrière elle ; une situation si complexe qu'elle en devenait folle, prostrée dans une pièce, la tête sur les genoux et les bras entourant ses jambes, sans larmes, simplement un vide profond ; et sur les murs de cette pièce, cette photo répétée à l'infinie, envahissant son champ de vision, parfois neutre, parfois tâché de sang, parfois dépeignant un visage monstrueux. Et dans ce labyrinthe devenu soudainement libre d'accès, elle entendait les pas de Niels, des pas silencieux, lents, calmes, et pourtant si menaçants qu'Aileas aurait regretté ses paroles si elle n'avait pas été tant en colère. Il errait dans ces couloirs, à la recherche de la vérité, déterminé à la trouver pour sa propre satisfaction, et Aileas l'avait guidé de son propre chef comme une idiote, laissant derrière elle des petits cailloux blancs qui menaient droit vers elle et sa souffrance. Il n'était plus très loin, et elle entendait ses mots comme des murmures, des chuchotements sadiques venus la hanter et qu'elle avait laissé entrer sans la moindre hésitation, elle et sa démoniaque impulsivité. Mais elle n'était pas dans ce manoir, elle était dans une pièce bruyante pleine d'individus assoiffés d'alcool, et la table où elle se trouvait avec Niels était comme une bulle intemporelle, une muraille infranchissable pour les autres, protégée de la curiosité par l'insouciance des autres, les autres, ceux qui terrifiaient Aileas, ceux qu'elle s'efforçait de garder loin d'elle, en pleine contradiction avec sa volonté de faire le bien et de faire de la vie des oubliés et des souffrants une vie meilleure, une vie digne d'être vécue. Comment pouvait elle croire aider autrui si elle n'était pas fichue d'accepter sa propre douleur ? Était-ce en réalité qu'une tentative égoïste de se racheter sans avoir à digérer son propre passé ? Quel narcissisme, au final. Personne n'était réellement généreux, et tout le monde agissait pour se donner bonne conscience de la manière qu'il considérait le plus approprié. C'était ça, la nature humaine.
Sa main saignait moins, ce n'était que quelques coupures superficielles piquées par le cidre ; et elle s'en moquait, tout en la gardant précieusement contre sa poitrine, instinct de protection après avoir rouvert une plaie devant quelqu'un qui ne manquait pas d'y verser de l'acide. Elle l'entendait parler, mais ses paroles censées être réconfortantes ou tout du moins compatissantes la laissait de marbre. Elle ne voyait que son visage, autrefois marqué d'un sourire si crédible, mais désormais doté d'un état neutre paradoxalement beaucoup plus sincère que l'avait été n'importe laquelle des expressions qu'il avait arboré depuis le début de la conversation. Elle ne le détestait pas, et c'était peut-être ça, le pire dans cette histoire ; c'était lui qui lui avait tiré une balle dans le genou, entre toutes les personnes, et c'était pourtant le seul individu qu'elle ne parvenait pas à rejeter, à haïr de tout son être simplement pour le garder à distance, parce que c'était elle qui lui avait fourni le flingue. Au contraire, elle ressentait une fatigue étrange mêlée d'une envie répressible de danser encore avec les mots, fatiguée de ce duo, mais un ballet nécessaire pour garder les flammes à distance. Elle pouvait partir à tout moment, rien ne l'obligeait à subsister en ce lieu avec lui ; mais l'impression que mettre un terme à la conversation causerait plus de torts encore la forçait à rester là, à le fixer, le visage durci par les émotions, immobile comme une statue.
« Tu es vraiment perfide. À t'entendre, on dirait que tu me connais par coeur, que tu as tout compris à ce que je ressens, et tes mots sonnent comme de fausses excuses diluées dans des concepts philosophiques vagues qui n'ont strictement aucun sens à mes yeux. »
Sa voix était froide, mais pas haineuse ; elle concevait que Niels et elle partageaient désormais une douleur commune et pourtant contraire, celle d'aimer un être qui n'était plus là ou n'avait jamais existé à la base ; mais la pseudo-sagesse qui s'échappait des lèvres de l'homme en face d'elle lui faisait l'effet d'un poison, envahissant ses pensées comme un venin envahirait ses veines. Sa colère était passée, mais l'incendie subsistait, comme cet instant irréel où l'on est parvenu à s'échapper des flammes, mais qu'elles continuent de dévorer nos biens sous nos yeux impuissants avec une lenteur démoniaque. Et il s'excusait. Il s'excusait alors qu'il avait volontairement nourri un feu qui s'endormait. Pensait-il sincèrement que des excuses aussi plates et creuses allaient soudainement retirer l'acide qu'il avait versé dans ses blessures ? Qu'elle allait soudainement tout lui pardonner et qu'ils allaient partir main dans la main comme les meilleurs amis du monde, réunis dans la douleur ?
Et elle ne le détestait toujours pas. Elle n'avait juste pas envie de s'étendre en longs discours comme il semblait aimer le faire, à toujours philosopher sur chaque mot qu'il prononçait, alors qu'elle avait clairement montré qu'elle préférait la franchise, quelques phrases précises et sans détour pour exprimer exactement ce qu'elle avait en tête et ce qu'elle ressentait. Elle n'avait pas la moindre envie d'être douce avec lui, de laisser une espèce de pseudo-instinct maternel prendre le dessus sur le reste de fureur qui guidait encore ses gestes.
« Soit. Restons-en là. À jouer trop près du feu, on finit par se brûler. Mais pour ta gouverne, il n'y a rien de pitoyable à souhaiter quelque chose du plus profond de soi-même. C'est même plutôt rare et précieux dans un monde de zombies conformistes. »
On pouvait déceler une touche d'agressivité dans ses paroles, mais elle n'en témoignait pas moins une honnêteté absolue quant à sa position ; le monde dans lequel ces deux individus étranges et liés par le destin était rempli de gens ordinaires qui ne se doutaient pas un instant de leur propre potentiel, si seulement ils faisaient l'effort de se rendre compte que n'importe qui pouvait atteindre son but. C'était là précisément la philosophie d'Aileas au coeur de son travail ; elle qui avait passé l'entièreté de la malédiction enfermée dans la même pièce, les yeux dans le vague à fixer le même coin de rue des heures durant, elle voulait par-dessus tout désormais aider ceux qui avaient perdu leur chemin, qui ne percevaient plus cette flamme qui brûlait sans cesse en chaque être humain et les guidait sans qu'ils n'en soient conscients vers ce qui constituait l'essence même de leur existence. Et pourtant, malgré cette volonté nourrie d'un brasier intérieur, Aileas était hantée d'une noirceur pessimiste à l'égard de l'humanité, à voir tous ces gens qui ne faisaient que suivre ce que leur dictaient ceux qui avaient le pouvoir. Mais tout cela était encore une autre histoire. Pour l'heure, elle devait se sortir de cette situation épineuse, mettre un terme à cette danse incessante, et elle put entrevoir une porte de sortie lorsqu'elle entendit le verre de Niels claquer sur la table, alors qu'il finissait son breuvage.
« Je ne te comprends pas, Niels. Un instant tu sembles sincèrement désolé pour moi, et ensuite tu parles de moi comme un « cas » d'école que tu dissèques et étudies avec soin. Quel était ton but avec toute cette mascarade ? Me faire souffrir pour que toi tu te sentes mieux ? Jouer avec mes émotions parce que c'est ce qui te fait délirer ? » Cela ne se voyait que peu à cause de la lumière tamisée des lieux, mais quand il avait prononcé les mots « mère formidable », Aileas avait blêmit, pâlit au point de ressembler à un fantôme. Mais cette fois-ci, elle se retint d'exploser ; elle serra les poings simplement, et s'exprima avec une froideur qui ne lui ressemblait pas. « Je t'interdis de tirer des conclusions de ce genre. Je t'interdis de dire quelle mère j'aurais été. Tu ne me connais pas et je ne te connais pas. On s'est parlé deux ou trois fois et ça s'arrête là. Tu connais mon secret, mais ça ne veut pas dire que tu as la moindre conscience de qui je suis en réalité. Bien sûr, je n'attends pas de toi à ce que tu gardes ce secret, d'ailleurs ; tu en fais ce que tu veux. En attendant, je te souhaite une très bonne soirée. »
Comment osait-il dire ces mots avec une telle légèreté ? Comment pouvait-il prétendre savoir quel genre de mère elle aurait été alors qu'elle avait fait exploser sa colère sans la moindre retenue, qu'elle se comportait comme une pauvre adolescente fascinée par sa situation malsaine ? Quel genre de mère aurait-elle été ?.. Elle ne voulait pas le savoir. Elle ne voulait pas y penser. C'était bien trop douloureux. Pas avec cette culpabilité bâtie sur des faux souvenirs, pas avec la souffrance dû au fait qu'on lui avait arraché un enfant qui n'avait jamais existé.
Et sur ces dernières paroles, elle se leva, tâtant inconsciemment sa poche pour s'assurer que son bien était toujours là où elle l'avait mis ; puis, sans un regard pour Niels, elle se retourna, et s'immobilisa quelques secondes, fixant la porte de sortie avec une distante fascination. Pouvait-elle sortir de ce manoir ? Elle avait l'étrange impression qu'avec ces événements imprévus, au moment où elle passerait la porte, quelque chose changerait en elle. Le fait d'avoir enfin partagé son secret, même avec quelqu'un qu'elle ne parvenait à cerner comme Niels, le fait d'avoir fait éclater son dégoût, sa rage, sa douleur intense, lui conférait une sorte de perspective nouvelle. Elle avait exorcisé ses démons pour la première fois depuis le retour des souvenirs, alors, peut-être, peut-être, était-ce le début d'une nouvelle vie. Alors, se retournant légèrement, elle fit un signe de tête à Niels, résolue.
« Merci pour cette sympathique et imprévue soirée. »
Elle sortait de la tanière du lion, mais la cage était désormais ouverte et, sans le savoir, elle s'était elle-même désignée comme une proie, difficile à capturer, mais une proie de choix.
Code by Fremione.
Niels Mørck
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☂ Emploi : Animateur à la garderie le jour & recruteur de show pour le Rabbit Hole la nuit
☂ True Love : She's the Puppet on a string, with a broken mind
Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness Lun 11 Juil - 18:42
Le caractère tout feu tout flamme d'Aileas était à double tranchant, tellement éloigné de la docilité presque aberrante qu'elle pouvait avoir lors de la malédiction, alors que Niels par ses mots avait la sensation de diriger le vent qui viendrait l'étendre dans un sens et dans un autre sans pour autant en être contrôlé. C'était là le problème. Ses mots avaient un impact sur les autres, conscient qu'il était pour lui aisé de les manipuler, mais un jour comme aujourd'hui où il avait besoin de faire simple et d'aller à l'essentiel il ne pouvait pas. Parce qu'il ne ressentait plus les choses comment avant, ce qui était d'une simplicité enfantine était devenue compliqué et inversement, parce que dans un sens venir parler de la sorte c'était tout ce qui pouvait lui rester quelque part. Alors comment essayer de faire comprendre à la jeune femme qu'il voyait un potentiel qu'elle-même ne soupçonnait pas ? Encore plus en voyant à quel point elle pouvait être imperméable, comprenant que la philosophie était loin d'être le domaine de prédilection de son interlocutrice, alors que lui il le voyait comme une sorte de don ou de sixième sens. C'est pour ça qu'il arrivait si bien à survivre dans un monde qui n'était qu'abjection à son sens car il entrevoyait en quoi les personnes étaient douées, en quoi leur talent qu'ils ne connaissaient même aucunement parfois pourrait lui être utile, les aidant parfois à se façonner non par élan de gentillesse mais parce qu'il savait pertinemment que ceci à la longue lui permettrait d'obtenir quelque chose de précieux. Aileas était justement ce genre de diamant qu'il aurait aimé tailler pour augmenter sa valeur, tirer les bons fils au bon moment selon son bon plaisir, mais les flammes dont elle faisait preuve venaient de trop brutalement le brûler pour continuer dans cette voie-ci. Et elle le savait parfaitement. Comme lui sur le fait d'avoir un objectif était primordial, le sien sûrement trop grand mais il n'en avait que faire et réussirait en fin de compte car il ferait tout pour qu'il se réalise, mais pour l'heure il n'était pas prêt à tenter de remettre les mains dans le brasier. Il était prêt à l'ensemble des sacrifices il est vrai, il ne comptait plus déjà ceux qu'il avait pu faire, mais ce sujet-ci restait une sorte de tabou qu'il n'aurait voulu garder que pour lui. Et c'était là où la jeune femme avait été forte car elle l'avait sorti de sa zone de confort, le forçant malgré elle à s'exposer même si ce n'était pas entièrement, même s'il l'avait bien cherché au final.
Pourquoi avait fait tout ça ? Parce que Niels avait besoin d’exorciser cette blessure qui restait sur le peu de cœur qui lui restait, parce qu'il était plus facile de faire mal aux autres que d'essayer de panser ses propres blessures, la seule chose qui pouvait lui prouver qu'il était encore vivant et un tant soit peu humain. Il avait été jaloux d'une simple photographie parce que lui-même n'avait pas ce qu'il voyait sur l'instant comme une chance d'avoir un objet de sa fille, ici il n'avait aucune tombe à fleurir ni quoi que ce soit d'autre, tout ce qui lui restait c'était ses souvenirs. Et quelque part, sans oser l'admettre, il avait peur. Peur de l'oublier de nouveau, pendant vingt-huit ans il n'avait pu penser à elle car sa mémoire avait été bloquée dans cette odieuse malédiction, elle qui était toute sa vie et qui donnait encore à cet instant un sens à son existence. Mais il s'était rendu compte que chercher à faire du mal à Aileas, comme si quelque part il souhaitait la punir de posséder quelque chose qu'il n'avait pas, c'était se frapper aussi dans cette blessure qui ne guérissait pas et qui ne pouvait pas. La souffrance qu'elle pouvait ressentir il ne pouvait que trop la comprendre, une forme d'empathie à son égard avec laquelle il n'arrivait plus à conjuguer depuis le temps et qu'il pensait même effacer, alors même si ses paroles paraissaient assurer dans le fond elles n'en demeuraient pas moins chancelantes. Comment si prendre ? Il ne savait plus. Avant de se retrouver brisé Niels avait pourtant aidé pas mal de personnes, il aurait pu être un de ces héros qui se pavanent en ville mais le terrain glissant avait été plus facile à prendre, mais cette misanthropie contre ceux de son espèce l'empêchait d'être compatissant à leur égard. Alors il avait essayé, du mieux qu'il pouvait, de chercher à conforter la jeune femme face à lui qui le mettait face à son incompétence de ressentir et de créer dans certaines mesures une simulation de sentiments. Alors il ne broncha lorsqu'elle lui exposait sa vision des faits, qu'il avait pu aller trop loin juste pour se prémunir de son côté ou de tenter d'apaiser sa peine en agitant celle d'Aileas, il ne pouvait pas le nier et n'en avait pas l'envie. Jamais ils ne pourraient s'entendre, trop différents et semblables sur des points, parce qu'ils viendraient gratter ensemble leur plaie ouverte et qu'aucun des deux n'avait envie d'avoir à ce point mal.
« Tu as raison. Je suis désolé pour toi mais comme tu viens si bien de le dire, n'en doute pas une seule seconde, mais je te connais pas aussi bien que je pourrais l'espérer et je n'arrive pas à anticiper tes réactions tant tu es insaisissable. Te faire mal ? Quelque part oui parce qu'il est plus facile de regarder la souffrance des autres que la sienne, je ne peux le nier, mais de l'autre non car c'est là un drame auquel je ne pourrais jamais me réjouir. Comment le pourrais-je ? Comme je l'ai évoqué c'est ce qui me tuera un jour, j'en suis persuadé, alors tu te doutes bien que ça ne serait qu'envoyer un boomerang qui me reviendrait en pleine tête que de te lancer une telle chose. Cependant Aileas, saches que mes lèvres seront scellées, j'estime que c'est quelque chose qui ne regarde que toi au final et auquel je n'aurais pas dû avoir accès... »
Le recruteur du Rabbit Hole avait vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir, qu'il n'avait pas envie de voir, mais il en était de même pour Aileas après tout. Une vulnérabilité commune, pouvant potentiellement être utilisé comme une arme pour la suite, mais Niels ne l'utiliserait jamais contre la jeune femme. C'était comme plaquer le canon d'un fusil contre la tempe sinon, jouer à la roulette russe sauf qu'à l'inverse d'avoir une balle il n'y avait qu'une encoche vide et les autres étaient remplies, sauf que Niels était loin d'être suicidaire alors très peu pour lui. Il aurait de l'égard pour elle, il n'aurait pas cette bassesse d'esprit que de venir l'empoisonner comme il savait si bien le faire, car même lui avait des limites qu'il ne franchissait pas. Il était prêt à détruire le monde mais pourtant il ne ferait jamais de mal à un enfant par exemple, trop innocent encore pour payer un prix dont ils n'avaient pas conscience, et dans cette lignée il ne ferait jamais souffrir une personne sur le fait qu'elle avait pu perdre son enfant et la tigresse face qui était en train de se lever face à lui ne faisait pas exception. Ne pouvant malgré tout se retenir de la fixer et de l'analyser, remarquant son geste vers sa poche où il l'avait vu ranger sa photographie mais ne fit aucun commentaire, ayant une déception intérieure. Ils auraient tant gagné à bien s'entendre, il en était convaincu, mais en vue de leur caractère et de ce qui venait de se dérouler présentement c'était impossible. Faire cohabiter le feu et le vent étaient impossibles, parce qu'il ne ferait que venir gonfler à l'extrême des choses en elle que ce soit mauvais ou non, parce qu'il n'aurait jamais le contrôle dessus et qu'il se retrouverait trop à découvert. Et Niels ne l'acceptait pas. Qu'on puisse voir ce qu'il y avait à l'intérieur, ce vide et cette tempête hurlante cohabitant étrangement en lui,Aileas en avait déjà trop vu et elle avait animé en lui ou du moins lui avait montré ce qui n'allait pas bien. Il avait exposé, même si ce n'était que partiellement, ce qui l'avait cassé comme un vulgaire pantin et ce n'était pas beau à voir. Plus rien ni personne ne devait le blesser, même si venir tout cracher lui ferait sans doute un bien fou, et si jamais elle il lui prenait l'idée de le faire alors à cet instant il n'aurait aucune pitié à en faire de même.
Sans bouger il resta là à la fixer tout en s'interrogeant, ne comprenant aucunement pourquoi elle pouvait être plantée de la sorte alors que son seul souhait devait être de partir, se faisant surprendre par les mots qu'elle pouvait prononcer. Merci. Elle ne pouvait pas le remercier pour quelque chose du genre, rien n'avait été sympathique ou même festif dans cette soirée, alors que ce masque souriant qu'il mettait tant d'application à mettre en place correctement venait comme se fissurer à un endroit. Mais l'illumination se fit quelque peu, à force de tourner le problème dans tous les sens pour trouver ainsi un angle de vue autre, malgré l'animosité qui pouvait se faire avoir put sortir ce qu'il avait en partie sur le cœur lui faisait du bien. Sans doute le processus avait-il été le même pour Aileas, même s'il fut beaucoup plus violent que lui car elle n'avait pas hésité à venir ainsi exposer sa rage, lui faisait dire qu'ils n'étaient peut-être pas aussi dysfonctionnels qu'il pouvait le penser. Pas vraiment qu'ils allaient s'entendre, ils ne le pouvaient pas quelque part et il le savait bien, juste peut-être une sorte de neutralité entendue sans être prononcée clairement sur un terrain qui leur faisait communément mal. Niels acceptait dont l'idée, reprenant son petit sourire comme il savait si bien le faire, hochant un peu la tête à son adresse comme si l'accord était conclu d'une certaine manière. Un pacte silencieux où chacun avait la même arme que l'autre, celui qui aurait l'inconscience de frapper en premier aurait le retour sans ménagement de la part de l'autre, sur un terrain où il jouerait honnêtement en cas de force majeure. Hors de question pour lui de venir chercher Aileas en tout cas, il avait compris la leçon, la peine qu'elle ressentait était la sienne et il ne voulait pas l'agiter plus. Restant sur sa position, avec ce verre vide sur la table et l'autre en éclat, il retourna dans l'aspect imperturbable qu'on connaissait de lui.
« Merci à toi. Fais-toi soigner ta plaie surtout. »
Il ne disait pas ceci pour se moquer ou autres, il était plutôt neutre, comme la conclusion finale à cette entrevue alors qu'il la regardait partir. Au moins elle avait récupéré sa photographie c'était peut-être là le principal.
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Sujet: Re: Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness
Et les rideaux se ferment, sur ma photo un trou de cigarette | Aileas E. McGuiness