Et les liens étranges qui se tissent...

“Have you heard the story? What were these villains after but money? What do they care for but money? For what would they risk their rascal carcasses but money?”

“Defined by their histories…” Il se revoit des siècles auparavant dans cette forêt maudite de Skeleton disant ses mots à Silver. Les derniers mots d’un homme empli de rage et de désespoir à essayé d’ouvrir les yeux à cet aveugle devant lui. Peut-être pourra-t-il à présent lui montrer cet ouvrage prouvant que son point de vue sur la question était des plus véridique depuis le début. Prouvant qu’après tout il avait raison et que Silver en aurait quelques choses à faire d’être perçu comme le monstre après tout. Flint gardera cette arme contre son quartier-maître soigneusement dans son esprit pour un futur affrontement sur leur divergence d’opinion sur les révoltes.

N’ayant aucune envie de participer à la vie à bord du Queen, James avait décidé de s’éloigner de l’agitation et surtout de la sociabilisation tout en gardant un œil sur le pont du navire. Le banc à proximité semblait le plus prometteur pour pouvoir poursuivre sa lecture tout en ayant un regard sur les hommes y travaillant. Surtout sur un. Surveiller sans être vu. C’est dans une position des plus gracieuses qu’il s’engageait à cette lourde tâche, affalé sur le banc avec sa jambe redressé comme un support pour le livre tandis que l’autre suspendait négligemment sur le dossier, son manteau transformé en oreiller de fortune. Si des personnes avaient des soucis avec cette position, ils sont invités à lui dire en face. Il allait justement envoyer se faire voir l’irrespectueux qui osait venir le déranger dans sa lecture avant qu’il ne lève les yeux sur ladite personne. Le capitaine aurait dû s’en douter, pouvant compter sur les doigts d’une seule main le nombre de personne qu’il a autorisé à le tutoyer et encore plus à utiliser son nom chrétien.

C’est avec bien plus de grâce qu’il se relève à la hâte afin de saluer Harmony d’un signe de tête. Le gentleman en lui se réveillant toujours en présence d’une femme. Il lui fait le rictus d’un sourire en entendant son étonnement sur sa présence.

« Une bonne histoire de fantôme ne commence jamais avec le fantôme s’introduisant lui-même, n’est-ce pas ? Silver a un don pour ce genre de chose. Je lui fais confiance pour annoncer mon retour d’outre-tombe. » Il lui fait ensuite un signe de tête désignant le galion ancré.  « Barbe Noire m’offre hébergement sur le Queen Anne’s Revenge jusqu’à ce qu’on rejoigne Silver dans notre monde. Nous appareillerons prochainement. »

D’un froncement de sourcil il lui montre ensuite l’exemplaire de l’Ile au Trésor qu’il avait emprunté à la bibliothèque, tout bonnement fascinante, de cette ville. Dès qu’il l’a pris, il savait déjà que ce n’était que de la curiosité presque morbide, mais il n’a pas pu se détacher de cette envie de connaitre les points de vue de ce monde sur eux.

« C’est un putain de tissu de mensonge tu en es consciente ? Le rhum est bien la dernière chose qui causera ma perte. » S’il n’avait pas un si grand amour pour la littérature, Flint sait qu’il aurait été capable de balancer ce livre au fond de l’océan avant même de l’avoir fini. « Et surtout Mr. Bones n’a jamais mis un seul pied sur mon navire et en était encore moins le second... De plus il me semble bien vivant d’après mes observations. »

Son regard est porté de nouveau sur le pont du Queen en disant ses mots, observant cet homme plusieurs secondes avant de reporter ses yeux sur Harmony avant que ses pensées ne dérivent trop. Ce qui peut lui arriver assez rapidement.

« Peu importe. » D’un signe de main il balaye cette conversation en sentant ses oreilles commencées à chauffer au vu de l’examen qu’il venait d’entreprendre en la présence de cette femme. « Je voulais te parler d’une chose en particulier. » James avait tourné plusieurs fois cette conversation dans sa tête sans arrivé à une bonne introduction, donc allez droit au but semblait le choix le plus judicieux, non ? « John. Et plus précisément, du baiser que vous avez partagé tous les deux. Il m’a dit qu’il voulait s’entretenir avec toi à son retour et j’ai une bonne idée du sujet qu’il abordera… Donc sache seulement une chose, je suis loin d’être l’archétype du mari jaloux. Si tu as peur de ce que je pourrais penser à propos de ça… Sache que tu as mon autorisation et bénédiction pour tout ce que ça pourrait entrainer par la suite. »

Au moins de cette façon elle était avertie. C’était peut-être un peu trop direct et brusque… Mais si le message passe, c’est le plus important et il n’était pas connu pour essayer d’amener une conversation en douceur.

Flint écoute sa vision concernant les histoires et leurs véracités avec un signe de tête reconnaissant et un faible sourire face à cette femme marquant un autre point dans la vision positive que le capitaine c’était fait d’elle. Il ne pensait pas avoir besoin de rajouter autre chose à ce fait. Ce sujet était clos pour lui. L’autre sujet cependant semblé être un peu plus épineux… il laissera la femme finir sa tirade, analysant silencieusement pendant de précieuses secondes ce qu’elle venait de lui dire. Dans un premier temps il la regarde d’un air perdu et perplexe des plus authentiques, un froncement de sourcils assombrissant ses traits de confusion.

« Je suis désolé mais… tu l’encourages dans ce sens avec tes agissements et surtout avec les contacts que tu permets entre vous. Tu nous as invité dans ton lit à Boston, certes suite à un évènement traumatisant et tu avais besoin de réconfort je ne le sais que trop bien, j’ai moi-même initié ce fait souviens toi. Mais tu as continué dans ce sens lorsque tu nous as invité chez toi et encore plus lors de ton anniversaire. Excuse moi, je suis certainement comme vous dites par ici un peu vieux jeux et de la vieille école, mais ces massages et attouchement que tu lui permets signifie tout autre chose pour nous. Je n’aurai pas dû en être témoin, mais la façon dont tu l’as laissé te toucher dans la salle de bain l’autre soir est la façon dont on touche un amant ou une personne à en devenir, pas un ami. Les mœurs de ce siècle sont indéniablement très différentes des nôtres, mais je te demanderai de ne pas oublier d’où nous venons, nous n’avons pas la même définition de la bienséance que vous. Même si nous ne suivons pas les règles de la civilisation en tant que pirate, des fragments de celle-ci est toujours ancré en nous et vos agissements pourraient être vu comme un scandale à notre époque. »

Il était des mieux placés pour savoir qualifier un scandale quand il en voyait un pour en être l’auteur de beaucoup de son temps à Londres. Silver n’était peut-être pas autant habitué que lui aux hautes sphères aristocratiques, mais il savait qu’il partageait sa vision là-dessus. Même d’un siècle à l’autre, Flint ne pense pas que le monde civilisé se soit tant lâché dans la décence.

« Donc après lui avoir insufflé de l’espoir dans votre possible relation, tu va me dire que tout ceci ne signifiait rien ? Si tout ceci n’est qu’un genre de jeu entre ami de ton siècle, alors toi et moi pourrons avoir un sérieux problème, car dans la vision que John a ce sont les prémices d’une romance. Alors si ce n’est rien d’autre pour toi que cela, je te demanderai de jouer la carte de l’honnêteté avec lui avant qu’il ne soit remplis de trop d’espoir et finisse par être blessé. Ceci, je ne le permettrai pas. »

Un air sombre passe brièvement dans ses yeux à l’éventualité que l’homme qu’il aime puisse être blessé de la sorte par une sorte de manipulation avant qu’il ne réalise avec quel genre de personne il parlait. C’est s’appuyant contre un lampadaire à proximité et en se caressant la barbe, levant une main pour empêcher Harmony de prendre la parole qu’il sort l’analyse qu’il avait faite de cette histoire

« Cependant, je ne pense pas que ce soit ça, je ne pense pas que tu aies ce genre de malice en toi… Je pense que tu me mens et bien plus grave encore, que tu te mens à toi-même quand tu me dis que tu ne cherches que l’amitié avec lui. Je n’ai fait que vous observez tous les deux et je suis assez doué pour discerner les gens, c’est uniquement suite à la conclusion que j’ai faites de vos regards l’un pour l’autre que je viens t’en parler aujourd’hui. Et crois moi quand je te dis que John n’est rien d’autre que persévérant dans la vie. Concernant notre couple et vision de l’amour… »

Les bras croisés contre sa poitrine il regarde brièvement le sol essayant de trouver les mots juste pour décrire ce qui n’avait jamais vraiment eu de nom dans leurs mondes avant de replonger son regard d’acier dans celui de cette femme.

« Nous ne voyons pas l’infidélité comme toi tu peux la voir. J’ai vécu toute mon adolescence et mes premières années en tant qu’homme en ayant honte des désirs que je pouvais avoir, les trouvant dégradants, immoraux… Je refuse que John vive ce que j'ai vécu. Ca a duré jusqu'à ce qu’une personne m’enlève ce voile de la honte et change ma vision sur l’amour. J’ai été l’amant d’une femme marié pendant plus de 15 ans, son mari approuvait ce fait comme moi j’approuvais le fait qu’elle aille chercher son plaisir avec d’autres hommes si elle le désirait. Pour certaines personnes je sais que le cœur peut-être assez généreux pour aimer plusieurs personnes à la fois. Je l’ai inculqué à John dès qu’on a commencé notre relation. Il était déjà dans une relation avec sa femme lorsque nous avons accepté de nous voir comme plus que de simple ami, sa femme a approuvée et nous a encouragé dans ce sens. Je savais que ces sentiments pour elle ne diminué pas ceux qu’il avait pour moi. Quand ce n’était, malheureusement, que nous deux j’ai continué à le pousser dans ce sens. Que ce soit du plaisir purement physique ou plus, je lui ai toujours dit que notre couple ne sera pas un obstacle à ses besoins, que je ne serai pas un genre de geôlier à ses désirs tant qu’il m’en avertissait avant. Donc on pourrait presque dire d’après ta définition que nous sommes un mélange entre le couple libre et polyamoureux. Malgré ça, nous n’avons jamais montrer le besoin d’aller voir ailleurs, nous suffisant pleinement tous les deux. Jusqu’à maintenant et ce qui se passe entre toi et lui. Je pense qu’il voudrait que tu rejoignes notre lit, qu’on te partage en quelques sortes comme on en avait l’habitude, mais tu ne représentes vraiment aucun intérêt pour moi. » C’est les yeux presque comiquement exorbités et une expression de panique sur son visage qu’il essaie de corriger ses propos, son corps s’agitant sous sa gêne et inconfort, son visage devenant de plus en plus chaud à cause de son rougissement. « Je veux dire… tu es une femme magnifique et très séduisante, ne te méprends pas ! Je suis juste extrêmement exigeant avec les gens qui sont invités dans mon lit… Et d’après la différence de regard que tu partages entre John et moi, je suis loin d’être le genre d’homme présent dans tes fantasmes non plus. Je ne te blâme pas, je suis bien placé pour savoir que Silver est des plus séduisants et joue de ça. S’en est presque irritant quelques fois. »