Roll the dice ✖ ft. Ruby

Roll the dice

Ruby & Garrett

J’avais faim. La dalle du siècle. Mon ventre était habitué à zapper un ou deux repas (voire plus durant les semaines difficiles), et se contentait souvent d’un sandwich chouré à l’épicerie du coin pour la journée. Mais il y avait des fois où il décidait de se révolter contre la restriction alimentaire. Eh mon p’tit pote, si j’avais le choix tu serais toujours plein à craquer ! Me tenant la panse d’une main pour étouffer les gargouillis de protestation de mon estomac, j'arpentais une rue commerçante de Storybrooke. J’aurais pu dévorer n’importe quoi. Même des pots pour bébé ou des croquettes auraient fait mon bonheur. Comble de mon malheur, je passai devant plusieurs terrasses de restaurants. Des effluves appétissantes me chatouillèrent les narines. J’en avais l’eau à la bouche. Une torture. J’allais tourner à l'angle de la rue afin de m’épargner autant de souffrances lorsqu’une vitrine encore plus alléchante que les précédentes me fit stopper net. Le nez à quelques centimètres de la vitre, j’admirai d’un air glouton une tarte aux pommes. Le Granny’s avait un don pour appâter le client. Après avoir résisté deux bonnes secondes, je poussai la porte de l’auberge. Machinalement, je fourrai mes mains dans mes poches. Un détail me revint alors en mémoire : je n'avais pas un fond. J'étais sur la paille. Pour ne pas changer. Ne voulant pas renoncer à l’appel du gâteau, je dus me résigner à employer des moyens moins orthodoxes. Voler ne me posait aucun problème d'ordre moral. Chaparder m'était aussi naturel que respirer, c'était comme ça que je subvenais à la plupart de mes besoins. Toutefois, détrousser des honnêtes gens ne me plaisait pas des masses. Je préférais de loin alléger les porte-monnaie de gars qui avaient quelques trucs à se reprocher.
En attendant de me décider sur mon modus operandi, je m’accoudai au comptoir, l’air décontracté et un éternel sourire nonchalant scotché au visage. Une serveuse passa devant moi, ramenant un plateau en cuisine et me jetant un coup d’œil méfiant par la même occasion. Ruby. Avec son maquillage prononcé, ses jambes interminables et sa tenue d'un rouge vif, on pouvait difficilement la rater. Cependant, ce que je remarquai en premier chez elle fut le collier qu’elle portait autour du cou. Déformation professionnelle, désolé. Et ce n'était pas de la camelote. Soudain, une idée germa dans mon esprit. Mon regard d’acier s'éclaira d’une lueur maligne. D’un pas détendu, je partis en direction d’un distributeur, de façon à passer juste derrière la brunette. Faisant mine de lever le bras pour passer une main dans mes cheveux, je subtilisai son bijou. Ni vu ni connu. Je restai un instant devant le distributeur pour ne pas éveiller les soupçons, puis je tournai un peu dans la salle, comme si je cherchais la meilleure place où m'asseoir. J’en profitai pour cacher mon butin en toute discrétion. Enfin, je revins au comptoir, derrière lequel miss Lucas nettoyait un verre. Je posai mes deux avant-bras sur le bar, la fixant droit dans les yeux, lui offrant mon plus beau sourire espiègle. Tu veux jouer à “Où est mon collier ?” ? La tête qu’elle me fit signait le début des festivités. Je sortis un dé de ma poche et le fis tourner entre mes doigts. Pair, je te donne un indice. Impair, tu me files un plat gratos. Hehe, j'avais de la suite dans les idées. Je suis grand prince, je te laisse lancer le premier dé. C'était toujours comme ça avec Ruby. Nous nous entendions comme chien et chat, et nous nous sentions à chaque fois obligés de nous taquiner. J'aimais bien jouer les empêcheurs de tourner en rond avec elle.